Foolish Hope [Terminé]

Chapitre 41 : Dylan 🌅

I should've stayed with you last night
Instead of going out to find trouble
That's just trouble (Yeah)
I think I run away sometimes
Whenever I get too vulnerable
That's not your fault (Yeah)
See I wanna stay the whole night
Let you love me ; Rita Ora

C'est fou, elle n'a eu qu'à arriver paniquée pour qu'en moi, la douleur intérieure qui me brûlait passe au second plan. Je ne suis pas certain de devoir lui dire merci pour ça, mais j'étais sur le point d'exploser face aux souvenirs qui n'arrêtent pas de s'acharner depuis ce matin.

Elle n'imagine pas à quel point sa situation fait écho en moi, à quel point les questions qu'elles se posent sont celles qui m'ont hanté pendant des années. Et que même si j'essaie de la pousser à écouter son cœur qui lui hurle de rétablir la vérité, je me souviens de quand j'étais à sa place. Et à ce que ça m'a coûté, parce que je n'étais pas foutu de prendre une décision.

Je soupire en dévisageant la rouquine à côté de moi, pas certain que cette soirée soit la meilleure que nous allons passer tous les deux.

— Tu voudrais venir faire un tour avec moi ? Comme notre première balade, autour du lac ? Tes parents ne t'y trouveront pas, et nous serons seuls quand même.

Je vois l'hésitation sur son visage inquiet, avant qu'elle ne hoche la tête doucement pour me signifier son accord. Elle attrape comme elle peut un pull chaud dans son sac plein à craquer, et elle l'enfile en me suivant vers la porte d'entrée. Quand je tire mes manches longues presque jusqu'à mes mains, mais Céleste m'arrête en glissant naturellement sa main dans la mienne. Elle est chaude, rassurante, et je la remercie en la serrant un instant plus fort. Dehors, l'air n'est pour une fois pas chaud à crever, je me sens bien. Célia a déjà vu mes tatouages, mes cicatrices, elle sait, mais ce n'est pas le cas des inconnus. Je n'ai pas envie qu'ils me jugent sans même connaître la raison de tout ça, alors c'est juste... plus simple de les cacher. D'autant plus que je suis drôlement fort pour ça.

Nous marchons tous deux côte à côte, on prend le chemin que Céleste m'avait fait découvrir, il y a de ça une éternité il me semble. Aujourd'hui pas pique-nique, pas de distance. Je sais qu'elle ne me jugera jamais, je peux tout lui dire. Reste à savoir si j'y arriverai, mais je veux essayer.

Bientôt, nous ne sommes plus que deux. Mon cœur bat la chamade, j'ai l'impression que mes mains glissent et j'aimerai pouvoir les essuyer dans mon jean, mais je n'ose pas quitter ma main de la rouquine qui me rassure en me guidant, silencieuse. Elle respecte mon silence, mes pensées, et je lui en suis reconnaissant.

— Mon père et ma mère m'on élevé jusqu'à mes 6 ans. Je ne dirai pas que c'était idyllique, mais... Plus que tout le reste. Mon foyer était stable, ma mère buvait un peu, mon père jouait et n'était pas souvent là, mais... Je me souviens des glaces qu'on prenait au camion du parc et qu'on partageait, tous les trois. Et puis... Je crois que l'amour a disparu, elle était toujours sur son dos, lui reprochait tout ce qui n'allait pas dans nos vies, et on n'allait plus prendre de glace au camion le samedi après-midi. Quand il n'est plus jamais revenu, ma mère n'a pas voulu me dire pourquoi, mais j'ai appris plus tard qu'elle n'était pas sa première femme, que je n'étais pas son premier enfant. Et pas le dernier non plus.

Les yeux de Célia sont accrochés aux miens, elle m'écoute attentivement, je me rends compte que nous avons cessé de marcher. Je lui fais signe qu'on peut s'asseoir dans l'herbe, si ça lui va. Je ne me sens pas de continuer en nous baladant, comme si de rien n'était. A la place, je sors mon téléphone, remonte dans un des albums photo que j'ai créé moi-même en étant à l'hôpital, pour garder quand même quelques photos. Je ne m'attarde pas sur les visages de mes parents, je préfère lui montrer ma chambre d'enfant, le camion qui me donnait toujours la plus grosse des glaces possible, les canards à qui on rendait visible, et où j'avais même sauté dans l'eau froide pour les voir de plus près.