Chapitre 11 : Dylan 🌅

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If this night is not forever
At least we are together
I know I'm not alone
I know I'm not alone
Anywhere, whenever
Apart, but still together
Alone ; Alan Walker

Après notre balade, nous échouons dans la cuisine de Célia, à la recherche de nourriture. Elle n'avait pas l'air de vouloir spécialement retourner dans la mienne, alors j'ai accepté de venir ici. Depuis la fin de notre promenade, son regard est indéchiffrable, et je n'ose pas lui demander à quoi elle pense. Peut-être à ces amis, à cette amie, après que je l'ai bousculé sans le vouloir tout à l'heure. Je ne comprends pas pourquoi elle semble si malheureuse. Elle est majeure, elle peut toujours aller la rejoindre non ? Sauf si c'est pour la fuir qu'elle est partie mais je ne comprends pas pourquoi Célia en serait autant restée attachée. Dans tous les cas, je suis bien mal placé pour émettre un jugement alors...

La rouquine sort un paquet de gâteaux d'un placard après s'être mise sur la pointe des pieds pour le récupérer, et pose des verres sur la table pour me servir un jus de fruit qu'elle m'a proposé. Involontairement, je me tends, recule de quelques pas sans pouvoir faire autrement. Mon regard reste vissé sur eux, me ramenant à mon tour dans le passé. J'ai l'impression d'être crispé, de ne plus savoir comment bouger, et je croise le regard de Célia, qui vient de remarquer que quelque chose ne tourne pas rond. Que je ne tourne pas rond.

— Je... Tu peux les ranger s'il te plait ? Tu as des... gobelets en plastique, plutôt ?

Mes paroles sont incompréhensibles, mais elle réussit à faire le lien et les range rapidement, avant de fouiller au fond d'un meuble pour trouver des gobelets en carton qu'il doit lui rester d'une quelconque occasion.

Quand ils ont disparus, je me rapproche à nouveau du plan de travail et d'elle par conséquence, en murmurant un merci qu'elle balaie de là main avant de croquer dans un gâteau en me tendant la boite pour que je me serve à son tour.

Je vois bien qu'elle se pose des centaines de questions, mais elle a le tact de ne poser aucune d'entre elles à voix haute, elle respecte mon silence comme j'ai respecté le sien tout à l'heure sous le couvert des arbres. Je l'en remercie, parce que je ne crois pas être capable de lui dire. Et surtout pas si vite.

Après avoir dévoré la moitié de la boite de gâteaux, Célia plus que moi, elle me propose de regarder un film. Elle semble déboussolée et danse sur place sans s'en rendre compte, comme si elle ne savait soudain plus comment faire pour continuer de communiquer ensemble.

Mais je crois que ce qu'elle cherche le plus inconsciemment, c'est me retenir avec elle ici, afin de penser à autre chose, de ne pas sombrer à nouveau dans sa solitude.

Et je ne peux qu'accepter, parce que sa compagnie est agréable. Je me sers d'elle de la même façon de toute manière. Je n'ai pas envie de rentrer, même si Louise comble le vide.

Pendant que Céleste cherche la télécommande, je m'installe dans le canapé qu'elle m'a désigné en observant la pièce. C'est fou ce qu'on peut apprendre sur les habitants d'une maison rien que grâce à la décoration. Ou à l'absence de décoration, ici.

En fait, tout semble être froid dans cette pièce censée être conviviale. Il n'y a que des bibelots, une photo de mariage imprimé en grand, pour combler la place sur un mur pâle. J'ai beau regarder partout, je ne vois aucune trace de la vie de Célia, ni de potentiels frères et sœurs. Elle habite vraiment dans cette maison ? Ça me fait plutôt l'impression d'une maison témoin, tout est si impersonnel, figé que je me demande depuis combien de temps ce salon n'a pas servi réellement.

La rouquine semble avoir suivi mes pensées, car elle me sourit avant de se laisser tomber à côté de moi.

— Hyper accueillant, pas vrai ? ricane-t-elle, un peu amer.

Foolish Hope [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant