I found a love for me
Oh, darling, just dive right in and follow my lead
Well, I found a girl, beautiful and sweet
Oh, I never knew you were the someone waiting for me
Perfect ; Ed Sheeran— Célie ! Dis, tu pourrais m'appendre à faire de la planche à voile ?
— Ça ne rentre pas dans mon travail, et je...
— S'il te plait... la soudoie la petite fille qui semble s'être attachée à elle.
J'observe de loin Céleste se démener pour le camping. Elle semble dans son élément ici, elle sourit aux clients, elle rigole aux blagues enfantines, elle s'active pour donner le meilleur d'elle-même. Elle était censée finir sa journée il y a un quart d'heure, mais elle n'a pas l'air de s'en soucier, alors je l'attends sur le parking parce que nous avions rendez-vous.
Je crois que je ne l'ai jamais vu aussi expressive qu'ici, dans un coin qu'elle ne côtoyait pas avant, avec des clients de bonnes humeurs qui veulent passer de bonnes vacances et elle qui doit s'en occuper. Je ne crois pas qu'elle s'en rende compte, mais je compte bien le lui montrer.
En tout cas, la blondinette qui la supplie va sûrement avoir raison des réticences de la rouquine, qui ne sait visiblement pas camper sur ses positions quand c'est une petite fille habillée d'une robe fleurie qui lui demande.
Je me mets à pianoter sur mon téléphone pour répondre à un message d'Louise, qui me prévient qu'elle va passer sa soirée à la maison avec Riley et que nous pouvons les rejoindre si on veut. Mais ça fait un peu trop couple et je ne veux pas précipiter les choses. J'apprécie Céleste, mais je ne veux pas lui faire peur. Pour elle, je ne sui qu'un ami, et je n'ai pas envie qu'elle s'éloigne de moi en comprenant que je pourrai vouloir plus d'elle. Jamais je ne lui ferai de mal.
Je range mon portable dans ma poche quand Céleste me rejoint en sautillant presque, avant de se rendre compte de son geste enfantin et de s'arrêter net. Mais je me moque d'elle gentiment, et elle me pousse légèrement en passant pour me le faire payer.
— Tu t'es bien amusée ?
— Oui, aujourd'hui, c'était une bonne journée.
— Et pourquoi ? lui demandé-je en souriant, content de sa réponse spontanée.
Ses joues s'empourprent d'un seul coup, et elle balbutie quelque chose d'incompréhensible que je ne relève pas.
— On fait quoi maintenant ?
— A toi de me dire, c'est toi qui connais le coin !
— Et si pour une fois on se posait pour manger un bout et juste... Parler normalement ? me propose-t-elle, et j'accepte alors qu'elle se met à marcher en affirmant avoir la meilleure adresse pour le faire tranquillement.
Je dois accélérer le pas pour suivre sa cadence, et je finis par lui attraper la main pour la faire ralentir. Nous ne sommes pas pressés, autant profiter ! Mais nous nous retrouvons bientôt devant une enseigne de sandwichs à emporter, et j'arque un sourcil. Je ne pensais pas vraiment me retrouver ici...
— Tu comprendras plus tard, en attendant choisis, me chuchote-t-elle comme si elle entendait mes pensées.
Ce que je fais donc, avant de reprendre la route vers chez elle. D'abord étonné de la voir si enjouée en se dirigeant par là, avant qu'elle ne bifurque sans prévenir vers des buissons où elle s'enfonce d'un coup sans aucune hésitation, comme si elle en connaissait chaque branche par cœur. Un peu inquiet, je la suis tout de même mais moins rapidement, en faisant attention aux endroits om je pose les pieds. Quand enfin j'arrive à traverser sans trop me couvrir de griffes de branches qui souhaitent m'empêcher de passer, je retrouve la rouquine face à l'océan, sur un minuscule bout de plage où nous sommes seuls.
Célia se tourne vers moi, et je vois ses yeux se remplir de fantômes, qu'elle fait disparaître en quelques battements de cils.
— C'était un endroit rien qu'à nous deux, à Ella et moi. On l'a découvert un peu par hasard, et puis on ne l'a jamais vraiment quitté. Nos parents ne savaient pas où nous étions, si près de la maison et pourtant cachées dans un endroit rien qu'à nous.
— Il n'y a pas d'autres chemins d'accès ?
— Pas que je sache.
Alors je me tourne vers l'horizon, qui nous renvoie un décor digne d'une carte postale, et je ne peux m'empêcher de penser qu'elles ont eu bien de la chance, ces deux amies, de vivre si près du paradis. Parce que c'est l'effet que tout ça me fait. Chez moi, c'était plutôt murs graisseux, placards vides et jardin ravagé de mauvaises herbes.
— Tu veux profiter de l'eau avant de manger ? lui demandé-je, même si nous n'avons rien pris pour ça.
— Je... Je ne sais pas si...
— Manger sera la récompense alors ! l'encouragé-je, prêt à aller dans l'eau.
— Mais on a rien pour se changer !
— Et alors ? lui demandé-je, alors que je sais très bien que j'aurais relevé moi aussi, surtout que je ne peux pas m'immerger.
Mais elle semble prendre comme un défi ce que je viens de lui rétorquer, et elle se déchausse en quelques rapides secondes. Elle retire ses vêtements jusqu'à ne garder que son short et son t-shirt, avant de se diriger vers l'eau à reculons sans m'attendre, en souriant.
— Je ne pensais pas que tu irais si rapidement... souris-je, alors que je la rejoins moins vite qu'elle.
Elle hausse les épaules, je devine qu'elle n'est pas encore réconciliée avec sa peur irrationnelle, même si elle fait tout pour le cacher. Alors sans réfléchir, elle se jette à l'eau toute habillée. Je la regarde faire en souriant, en me demandant comment elle fait. Pour y arriver comme ça, pour décider d'être plus forte que des peurs.
Parce que depuis qu'elle me les a partagées, qu'elle a mis des mots sur ce qu'elle ressentait, elle a l'air de mieux vivre, de mieux savoir respirer. Et ça me fait plaisir de la voir ainsi, même si j'ignore si ça fonctionne pareil de mon côté.
Ne rien lui dire de mes démons, c'est les empêcher de venir me tourmenter. C'est faire comme qu'ils n'existaient plus, les oublier.
— Dylan, viens aussi, elle est bonne ! m'appelle Céleste, les cheveux maintenant plaqués sur sa tête, un sourire sur les lèvres.
J'hésite une demi-seconde, avant d'envoyer valser mes chaussures et de la rejoindre, sans trop me mouiller. Je ne peux pas faire comme elle pour plonger, mais l'eau fraiche me fait frissonner, malgré la température élevée de ces derniers jours. Alors qu'auparavant c'était ma hantise puisqu'elle signifiait les grandes vacances et ma présence constante à la maison. Mais maintenant... Je peux profiter, comme je veux.
***
Alors c'est comme ça que je passe le reste de la journée. Entre rêves éveillés et la rouquine qui sourit à mes côtés, je me rends compte que finalement, rien n'est jamais complètement perdu. Même en ayant cotoyé l'obscurité de près, on peut apercevoir la lumière du soleil, et revenir à la surface. Après nous être un peu chamaillés en prenant garde de ne pas trop nous mouiller, Célia a quand même finit par se laisser complètement couler. Elle en est ressortie trempée, mais je voyais bien que cette victoire, ça l'anime et lui donne envie de se dépasser. Elle qui ne voulait au début ne rien avoir à faire avec tout ça, avec moi... On dirait bien qu'elle a changé d'avis, et ce n'est pas ce qui me dérange.
— J'ai froid... se plaint-elle un peu, quand elle s'assoit à mes côtés pour mordre dans son sandwich en grelottant.
— On n'a qu'à se dépêcher, et puis on rentrera après.
Mais je fouille dans mon sac à la recherche de mon pull, que je lui tends pour qu'elle l'enfile. Elle secoue la tête un instant comme si elle refusait pour ne pas le salir, mais j'insiste un peu et elle ne tarde pas à céder. Blottie au fond du sweat trop grand, les cheveux dégoulinants encore un peu sur ses épaules, elle me fait sourire alors que je respire à plein poumon l'air frais qui me donne une impression très nette de légéreté. Pour une fois, tout semble aller pour le mieux.
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Foolish Hope [Terminé]
RomanceCéleste a tout perdu lorsque sa meilleure amie a disparu. Deux ans après, elle ne s'en est toujours pas relevée, et la perspective de devoir passer les vacances d'été près du lac où tout s'est passé est encore bien trop douloureux. Dylan lui, est ar...