Chapitre 14 : Dylan 🌅

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J'ai des bleus plein le corps, camouflés par mes habits
Pour un oui pour un non, monsieur me prenait pour cible
Humiliée, je perdais confiance en moi, j'ai subi, renfermée sur moi-même, j'en ai perdu des amis
Première fois, Imen Es & Alonzo

Je rejoins Louise sur la balançoire de son jardin. Ses grands-parents en ont installé deux quand elle était plus petite, au cas où elle viendrait jouer là avec une amie. C'est plutôt un ami qu'elle s'est fait, à leur grande surprise.

Le soleil brille haut dans le ciel, les nuages sont absents. Il n'y a pas un souffle de vent, et la chaleur accablante a forcé ma meilleure amie à enfiler une robe, ce qu'elle a décidé de détester ces derniers temps. Pourtant, moi, je trouve qu'elle lui va drôlement bien, et quand ses grands-parents m'ont pris à parti une fois, elle a râlé pendant deux jours qu'elle ne l'aimait pas. Malgré ça, elle est assise là à m'attendre, avec un sourire accroché aux lèvres. Je le lui rends bien, content de la voir. C'est fou ce qu'un rien peut me donner le sourire, quand elle est là. Elle est mon soleil dans l'obscurité, et elle rayonne toujours, comme un soleil. Il faut dire qu'entre ses cheveux blonds, ses yeux miels et ses sourires réconfortants, elle lui ressemble réellement. Si l'espoir était personnifié, il rayonnerait autant qu'elle, je crois. Ce n'est pas pour rien que mes yeux et mes cheveux sont noirs comme la nuit. Mais elle, Louise, est le rayon de soleil qui se balance de plus en plus haut sur la balançoire de son enfance, pour atteindre chaque recoin du ciel nocturne et morne.

Je la rejoins rapidement, courant presque pour me jeter sur la balançoire vide à ses côtés, et grimace en sentant mes muscles endoloris se rebeller. Je m'installe, et me force à me balancer de plus en plus vite, de plus en plus haut, pour la rattraper. Rapidement, nous formons un rythme ensemble, une seule mélodie. Nous ne sommes plus que les deux faces d'une même pièce, deux personnes qui s'accordent ensemble tellement bien qu'elles n'ont pas besoin de parler pour connaître l'autre.

Nous ne sommes plus des enfants, mais pas considérés comme des adultes. Nous sommes à peine adolescents, et nous rêvons pourtant tous deux d'une liberté qui paraît bien lointaine. On ne ressemble psa aux autres enfants. Les drames ont fait de nous des enfants déjà grands, sages et réfléchis. Comment ne pas l'être ? La seule chose qu'il nous reste, c'est nos deux balançoires jumelles, qui nous emmènent un peu plus haut dans le ciel, comme Peter Pan qui se dirige vers le pays imaginaire.

— Il fait chaud Dy', tu pourrais enlever toutes ces couches de vêtements, se plaint Louise, en jetant un œil peu amène à mes vêtements. Même moi je fais un effort avec ma robe !

— Je n'ai pas très chaud, contré-je. En fait, j'avais même un peu froid ce matin. Je préfère ne pas tomber malade...

— Tu vas faire une insolation avant d'avoir un rhume, réplique-t-elle, en secouant la tête.

— Je t'assure que je n'ai pas chaud.

Je sais qu'elle n'est pas dupe, elle a parfaitement compris ce qui se trame. Cela fait quelques semaines que tout va mieux, que tout s'arrange. Et je me suis mis à y croire, comme un idiot. A croire que ça allait marcher, que tout s'arrêterait. Et hier, la pression l'a fait craquer. Tout a recommencé, le déchainement a pris une ampleur à laquelle je ne m'attendais pas. Ou alors avec l'habitude, je ne me rends plus compte. Mais j'ai bien retenu la leçon, hier soir. Ne plus y croire, c'est décidé. Je ne serais plus faible, je ne tomberais plus dans le panneau. Plus jamais.

Louise respecte mon silence et décide de ne pas argumenter, mais je peux entendre les rouages de son cerveau qui tournent à toute allure pour trouver une solution. Une solution que nous cherchons depuis des années, en vain. Louise sait beaucoup de choses que je ne lui ai pourtant pas dites, et elle est quand même toujours à mes côtés. Je ne comprends pas comment j'ai pu avoir autant de chance de la trouver elle, dans mon malheur.

Foolish Hope [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant