CHAPITRE 8 - Isadora

1.3K 43 15
                                    

Ce matin, c'est encore un magnifique soleil qui se lève derrière les volets que je... Que j'ai oublié de fermer. Encore.

La lumière m'aveugle lorsque j'ouvre enfin les yeux. Mais une fois que je m'y suis habituée, au bout de quelques minutes de battement de cils déchaînés, je me tourne en direction de la vue imprenable que m'offre ma chambre en serrant ma couette contre ma poitrine. J'admire les rayons dorés de l'astre rayonnant, et bientôt, ce soleil éclatant se lever et se refléter sur l'eau du fleuve qui sillonne entre les montagnes, à l'horizon. Les feuilles des arbres dansent dans le vent matinal de cet été radieux. Alors, je m'étire lentement en prenant le temps de faire craquer chacun de mes membres, puis mon dos, et enfin, ma nuque.

J'ai bien dormi, pour une fois, malgré le repas long et ennuyeux que j'ai passé la veille auprès de Constance et de Hohn.

Ouais, maintenant, je décide de l'appeler Constance.

Elle n'est pas ma mère.

Je n'ai pas de mère.

John nous avait préparé une soirée crèpes. Il est plein de petites attentions au quotidien, que ce soit pour elle, ou pour moi. Nous avons longuement discuté à table, lui et moi, et j'ai appris qu'il ne voulait pas d'enfant, mais qu'il s'y était accommodé avec moi. Je ne le remercierai jamais assez de ne pas m'avoir laissé seule avec Constance. Je n'y aurais pas survécu. Cette dernière a bien sûr tenté à maintes reprises de prendre part à la conversation, sans succès. Je ne lui en ai jamais laissé l'occasion. Je n'en avais pas la force. John ne m'en a pas tenu rigueur.

Je le plains, ce pauvre homme. Il joue sur les deux tableaux. Mais pour l'instant, il le fait à merveille.

Je me lève enfin, car mon estomac commence à crier famine. Quitte à la croiser, elle, je ne compte pas mourir de faim. D'autant plus que les odeurs de pancakes et de bacon grillé montent jusqu'à l'étage. Je hume ces parfums délicieux, avant de retirer la couverture.

— Brr...

Des frissons se dessinent sur plusieurs parties de mon épiderme, mais je continue dans ma lancée : je me redresse, puis plonge les pieds dans mes grosses pantoufles en poils roses. Je me dirige hors de ma chambre et descends les escaliers. Je trouve John, en train de boire son café, une main posée sur l'îlot central de la cuisine.

— Bonjour, John ! Le salué-je.

— Tiens, Isadora ! Ça va ? Tu as bien dormi ?

— Plutôt bien. Et toi ?

Je m'intéresse réellement à John. Ce n'est pas simplement pour paraître polie parce qu'il me loge chez lui. Non, je l'apprécie vraiment. Il apporte un peu de lumière dans mon obscurité.

— Super, ma fille !

Il tapote mon épaule, avant de se diriger vers l'entrée. C'est à ce moment-là que j'aperçois Constance, qui descend à son tour les escaliers. Malgré cette heure matinale, elle est déjà vêtue d'un chemisier blanc comme neige en soie, et d'un pantalon de costume beige.

La grande classe, chère mère !

John l'embrasse en la maintenant par la taille. Leur baiser n'a rien de passionné. C'est peut-être simplement une habitude, qui sait ? Je me cherche mille et une raisons de croire qu'ils ne sont pas heureux. Je suis peut-être une mauvaise personne, autant qu'elle ? Je ne sais pas.

Une fois que John relâche sa femme, il se tourne vers moi, en tendant une main vers la gauche pour attraper sa veste de costume. Il s'adresse à moi d'une voix douce :

— C'est pas tout, mais je dois aller au bureau, aujourd'hui. Je rentrerai ce soir.

— Très bien.

DADDY'S GIRL - TOME 1 - The DaddyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant