DADDY'S GIRL - TOME 1 - The Daddy

CHAPITRE 52 - Constance

Une fois mes nerfs estompés dans les profondeurs de mon esprit, je referme l'écran de l'ordinateur de ma fille violemment. Puis, je fais les cent pas dans la chambre de ma progéniture.

Je suis complètement subjuguée.

Anéantie.

Ruinée.

Dévastée.

Morte de l'intérieur.

Le plafond de la chambre pèse sur moi comme un immense rocher prêt à m'écraser pour n'en laisser que mon cadavre vidé de tout espoir, de toute énergie, mais aspiré dans un trou noir de désolation et de haine certaine.

Il me disait qu'il m'aimait. Qu'il n'aimerait toujours que moi. Que j'étais la seule femme qui existait pour lui sur cette terre. J'ai cru à ses paroles, à ses promesses de mariage et de fidélité. Mais ses regards ont bien vite été semés sur une autre femme.

Ma fille, bordel de merde !!!

C'est un cauchemar !!!

Je pouvais tout imaginer. Tout accepter. Allant de la vieille femme encore plus aigrie que moi et aux rides bien envahissantes, à la jeune femme frivole et pleine de vie, en passant par un homme, pourquoi pas.

Oui, John, pourquoi MA FILLE ?!

— PUTAIN, CONSTANCE ! RÉVEILLE-TOI !!! Hurlé-je à m'en arracher ma gorge en saisissant mes cheveux de part et d'autre de mes tempes pour les tirer le plus fort possible.

Mon aveuglement extrême sur cette situation me fait sentir comme la dernière des imbéciles. Oui, la présence palpable et insidieuse de mon aveuglement me rattrape avec une telle violence que j'en suis encore toute secouée. J'ai envie de mettre sa chambre à sac. De ruiner ses affaires, de retourner en arrière, de ne jamais l'avoir acceptée dans cette maison.

— J'aurais dû la laisser aller en foyer... Avoir une vie misérable !!!

Je me baisse rapidement et attrape la ceinture. Je sais très bien à quoi elle leur a servi. Je la lance à travers la fenêtre, comme une furie.

— DEPUIS COMBIEN DE TEMPS ÇA DURE, HEIN ?!?!

Mes jambes tremblent sous le poids trop lourd de mon corps endolori. Je me laisse alors tomber sur le parquet en pleurant à chaudes larmes. Mais ce sont loin d'être des larmes de tristesse. Non, ce sont les échos de ma vengeance qui s'apprête à tout détruire sur son passage. Les échos d'une haine qui leur explosera au visage au pire moment, quand ils se penseront libérés. Quand ils se sentiront enfermés dans leur nid d'amour.

Je reste au sol durant de longues minutes, laissant peu à peu mes muscles se décontracter. Et une fois que je suis en mesure de me redresser, je pose une main sur son lit, ce matelas et ces draps qui ont dû être les témoins de sombres nuits de débauche juste sous mon nez, ou quand j'avais le dos tourné. Une fois debout, je traverse la pièce et fais face au miroir de la penderie. J'admire mon reflet qui ne me montre plus que mes yeux cernés d'encre noire et mes joues vermeilles, aussi rouges que le sang qui coulera bientôt dans cette maison.

— C'est pas possible... Marmonné-je dans ma barbe.

Je repasse des milliers de scènes sous l'écran de mes paupières. Les repas de famille tendus, et John, entre nous, qui tentait coûte que coûte de nous raisonner pour faire taire nos voix imprégnées de reproches. Les conflits avec ma fille. Toutes ces fois où John l'a prise dans ses bras pour la rassurer, comme si c'était elle la victime de la situation. Cette soirée où il l'a cherchée pendant des heures dehors, ce même soir où elle a failli être agressée par ces hommes viles dans la rue. Cette nuit où son amie Lyse l'a emmenée dans une discothèque non loin d'ici et qu'il est encore allé la chercher comme si elle était devenue la prunelle de ses yeux. Ces messes basses dans la cuisine, la fois dernière, lorsque je discutais à l'extérieur avec Lyse. La distance de John lorsque je voulais l'embrasser ou pire, faire l'amour avec lui. Et par-dessus tout, je me souviens de ce jour où je l'ai envoyé la chercher. Ce jour qui a tracé leur route en me laissant sur le bas-côté. Ce jour qui a ruiné mon existence toute entière.