CHAPITRE 19 - Isadora

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Le restaurant était une pure merveille. Je me suis gavée comme une oie, ce soir. Je suis même surprise que ma robe n'ait pas encore craqué à divers endroits. Bien sûr, ce n'était qu'un petit restaurant de banlieue. J'ai consommé un grand plat de frites accompagné d'un steak haché cuit à la perfection. Pour finir, j'ai décidé de commander des profiteroles.

Je peux me satisfaire de peu.

Le luxe dans lequel je vis à l'heure actuelle ne me fait pas oublier d'où je viens, et surtout qui je suis. Une fille d'ouvrier qui devait travailler également pour pouvoir se nourrir et se soigner.

Je n'oublierai pas mon passé.

Je refuse de devenir comme Constance.

Cette femme est comme une épée de Damoclès. Je redoute de prendre ce chemin-là un jour. Seulement je me battrai pour ne pas l'emprunter, ce chemin. J'en fais le serment.

— Allez, viens !!!

J'ai passé trop de temps à rêvasser. Mes amies sont déjà agglutinées devant l'entrée de la discothèque et attendent patiemment de payer leur entrée. Je suis invitée par Lyse, ce soir. Ça m'évite au moins de devoir rendre des comptes à John.

— Ça va aller, Isa ? M'interroge alors mon amie.

— Hein ? Heu, ouais... Ouais, ça va.

— Écoute, je sais que ta situation est perturbante, mais... Essaie de te détendre, d'accord ? Me supplie-t-elle, les mains liées comme dans une prière solennelle.

— Tu sais, c'est pas fac...

— T'auras tout le temps d'y penser demain, tu ne crois pas ? Me coupe-t-elle.

— T'as raison... Allons-y !

Je tends à croire que Lyse me cache quelque chose. Elle est fuyante. Mais qu'importe. J'ai assez de problèmes pour m'occuper de ces détails que, certainement, j'invente. J'ai toujours eu tendance à me cogner la tête contre les murs pour rien. Autant ne pas y prêter attention.

Je me concentre de nouveau sur mon environnement, avant de perdre définitivement le peu de relations que j'ai pu développer avec d'autres dans cette vie.

La jeune femme de l'accueil prend nos vestes et nos sacs à main, puis nous dirige vers sa collègue, qui nous encaisse. L'entrée est à vingt euros tout rond si nous ne prenons pas de bouteille d'alcool, mais évidemment, j'ai eu la bonne idée de sortir avec les pires pochtronnes du coin. Lyse a beaucoup d'amies que je ne connaissais pas jusqu'à ce soir et, comme elle voulait que je passe une soirée "digne de ce nom", selon ses propres termes, elle les a conviées.

— Passez une bonne soirée, jeunes filles ! Nous encourage la jeune femme de l'accueil, tandis que le videur nous ouvre la dernière porte qui nous sépare encore de la pièce principale.

Lorsque l'homme de deux mètres de haut nous offre enfin l'accès aux locaux, je suis surprise de voir une piste de danse minuscule, comparé au nombre de sièges tout autour du bar principal, qui se trouve sur notre gauche.

— Mais... C'est pas une discothèque ça, c'est un bar ! M'exclamé-je.

— Quelle rabat-joie... Bois un coup, ça t'fera du bien ! Réplique instantanément mon amie, avant de m'attraper par la main pour me tirer à l'intérieur.

La première chose qui me saute aux yeux, ce sont les dizaines de lumières projetées qui viennent du plafond et des différents coins de la piste de danse. Elles offrent une lumière tamisée propice aux rapprochements des couples et à la drague, ce que, je suppose, les propriétaires attendent avec impatience. Oui, c'est logique. Les hommes doivent offrir des verres aux femmes, puis les emmener danser. C'est dans l'ordre des choses.

DADDY'S GIRL - TOME 1 - The DaddyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant