CHAPITRE 9 - Isadora

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Le soir-même, je me retrouve seule avec ma mère. En tête à tête comme à un rendez-vous galant. Et autant dire que je me retiens de rire en repensant à ce que j'ai vu sous son lit.

Ces dizaines de rabbits, plugs, anaux, chapelets anals et jouets en tout genre...

Affligeant.

Ouais, j'ai une copine douée en la matière !

Quoi qu'il en soit, je n'ai pas pu faire autre chose que d'y songer toute la journée.

Raison de plus de ne pas fouiller dans les affaires des autres.

John était censé rentrer pour dîner, mais ça n'a pas été le cas. Il est apparemment trop pris au travail. Selon sa femme. Mais comme je ne peux pas rester enfermée dans ma chambre indéfiniment et me laisser mourir de faim– je suis déjà maigre comme un clou-, je n'ai d'autre choix que de souper avec cette dernière. Je me dis que ce sera seulement une bonne demi-heure à passer. Je ne compte pas lézarder à table indéfiniment.

Ce soir, elle a préparé un rôti de porc, et des pommes de terre sautées à la poêle. Elle m'a demandé de descendre alors que ce n'était pas encore cuit, juste histoire de me faire la conversation. Les odeurs me semblent étranges. Un mélange d'épices inconnues. Je ne suis pas une très bonne cuisinière, mais j'avoue que ce que nous prépare John émettent de meilleurs arômes. Il est doué, même s'il dit le contraire.

Oui, il a un don.

Sous le crépitement des patates dans l'huile chaude, et la sueur de la viande dans le four, je m'assieds en face de Constance, autour de la grande table à manger. N'est-elle pas censée remuer le plat ? Peu importe. Je m'en fiche.

— Tu as passé une bonne journée, ma puce ? Ose-t-elle me demander.

— Super.

— Moi, j'ai bien fait les emplettes... Ajoute-t-elle, comment si j'en avais quelque chose à cirer.

­— Super.

Oui, elle tente d'instaurer le dialogue. Mais je sens la gêne dans sa voix. Elle sent le malaise de la situation peser sur ses épaules presque autant que moi.

— Tu sais... J'ai vu une super boutique de prêt-a-porter, quelques rues plus loin.

— Ah.

— Ils vendent de super marques, on devrait y aller ensemble, propose-t-elle à brûle-pourpoint.

— Non, merci.

Elle marque une pause et se lève pour aller goûter son plat. Quant à moi, je reste bien en place, les bras croisés, pour lui faire comprendre qu'il n'y a aucune faille dans mon esprit pour qu'elle s'y faufile.

Aucune, Constance.

— Ah, super ! C'est prêt !

Super, en effet.

La vieille femme ramène les deux plats sur la table et me tend une grande cuillère, afin que je me serve ce qui me fait envie. Je place quelques rondelles de pommes de terre dans mon assiette, et une tranche de rôti.

— Tu ne manges pas beaucoup, Isadora...

— Si tu avais été présente durant toutes ces années, tu saurais que je n'ai simplement pas un grand appétit.

Et bim !

Décidément, elle me lance de sacrées perches !

— Oui, je... Oui, bredouille-t-elle en se grattant le cuir chevelu.

DADDY'S GIRL - TOME 1 - The DaddyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant