Je suis recroquevillée dans un coin de la baignoire, la peau crépitante tant la chaleur de l'eau est insoutenable. Je resserre mes cuisses contre mon torse, comme si je pouvais m'enfermer dans un cocon salvateur et échapper à cette réalité.
— Qu'est-ce que j'avais en tête... Qu'est-ce que j'ai fichu, merde... Me plains-je en plongeant mon visage entre mes genoux pour y déverser mes larmes.
Je passe en revue tout ce qu'il s'est produit dans la piscine. Je suis perdue. Gênée. Je ne sais plus où me mettre. Je n'ose plus sortir de la salle de bain. Je ne sais pas ce qui m'a pris mais, du moment où j'ai aperçu son corps si viril dans l'eau claire, miroitant sous le soleil estival, je n'ai plus pu me retenir. Il fallait que je l'approche. Que je le touche. Même si cela impliquait de retomber en enfance et se battre comme des bambins dans une cour de récréation. La chaleur de son contact réchauffait tout mon être. Jamais je n'avais ressenti cela auparavant.
Or, lorsque John m'a confirmé qu'il aimait ma mère, je suis sortie de ma transe. J'ai de nouveau atterri dans les Enfers de mon esprit. Là où mon autre moi est seule, enfermée et prisonnière dans une pièce sans lumière. Ainsi, mon premier réflexe a été de m'enfuir. Oui, parce que je ne savais plus ce que je faisais.
Et qu'ai-je fait, ensuite ? Je me suis enfermée à double tour dans ma grande chambre pour écrire, écrire, et encore écrire. Je me laissais porter par les différentes pages qui s'écoulaient devant mes yeux.
Mes aiguilles continuaient leur route et me laissait voguer dans un monde où le temps n'existe pas. Où rien n'existe vraiment. Alors, j'ai enchaîné les lettres, puis les mots, puis les lignes, puis enfin, les pages en me créant une nouvelle réalité dans laquelle il n'y aurait plus aucune barrière.
Je suis épuisée.
Le reste de l'après-midi m'a enfermé dans une faille temporelle. J'en ai des crampes dans les pieds et les chevilles, à force de stagner dans la même position. Le soleil descend à l'horizon, et rejoint tranquillement la cime des montagnes. Je me penche en arrière, et ancre mon dos dans le dossier du siège de bureau, en soufflant plus que de raison.
Écrire ou faire un marathon, c'est la même chose !
Je clos les paupières quelques minutes. Mes yeux me brûlent, à force de balayer les touches du clavier.
— Au moins, mon autobiographie sera réussie... Songé-je à voix haute.
Je me redresse enfin et relis les lignes fraîchement écrites avec attention. Je trouve que j'écris plutôt bien. Mon style est précis, poétique, il transporte le lecteur. Les personnages ont une réelle profondeur, on s'y attaché. Notamment les deux personnages principaux. Il ne me reste plus qu'à trouver des retournements de situation à la hauteur de mon œuvre que je trouve, pour ma part, remarquable pour une première. Je souffle et continue ma lecture. Mais alors que je dévale les lignes à toute vitesse, prise par l'adrénaline et complètement plongée dans l'histoire, je réalise :
— OH, PUTAIN DE MERDE !
***
— Bon. Qu'est-ce qu'il y avait de si urgent ? Me demande mon amie, les bras croisés devant moi et faisant la moue.
Le soleil offre des reflets rosés au ciel, et je l'observe toujours en contrebas. Je regrette de lui avoir demandé de venir si tard, mais il le fallait absolument. Elle est la seule personne à pouvoir comprendre la situation. Et je suis complètement désespérée.
— Lyse, je suis dans la merde ! Annoncé-je, toute tremblante.
— Ça, j'avais compris ! M'envoie-t-elle d'un ton dédaigneux. Sinon, tu m'aurais pas suppliée de venir te voir à presque vingt heures !
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DADDY'S GIRL - TOME 1 - The Daddy
RomanceEN COURS DE CORRECTION !!! Isadora est sur le point d'avoir dix-huit ans. Malheureusement, peu avant son anniversaire, un drame se produit : son père, qu'elle aimait plus que tout au monde, décède des suites de son cancer. Isadora n'a d'autre choi...