CHAPITRE 48 - Constance

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La pluie s'abat sur moi avec une telle violence que je sens chaque goutte me masser le cuir chevelu. J'essaie d'accélérer le pas, mais rien n'y fait. J'ai trop mal.

Quelle idée...

Oui. J'ai encore accepté l'inacceptable. Mais il le fallait. Je ne regrette rien. Si c'est le seul moyen de le garder, alors soit.

Je n'ai pas vécu avec John toute ma vie. Pourtant, je le connais depuis bien longtemps et, plus les années passent, plus je le sens changer. Et ce n'est pas de la meilleure manière possible. Au contraire, je sens que ses désirs malsains l'emportent sur l'amour qu'il peut me porter, aussi m'évite-t-il dès qu'il le peut. J'aime cette vie de luxe qu'il m'a offerte, et je ne compte pas y renoncer. Même si je dois y laisser un bout de rectum à chaque fois.

John est à moi.

À moi.

Cette après-midi, j'ai décidé de rejoindre une de mes amies de longue date. Nous avons prévu de nous rejoindre dans un bar du coin, mais il me faut d'abord affronter la douleur pour marcher jusque-là.

J'aurais dû appeler un taxi.

À chaque pas supplémentaire que je pose sur le sol en béton, j'ai l'impression de recevoir un coup de poignard dans le creux du ventre. J'ai eu beau mettre de la crème apaisante, prendre des anti-douleurs, rien n'a pu m'aider jusqu'ici. Seul le temps, lorsqu'il étendra ses ailes sur le monde, pourra apaiser mon corps meurtri.

Je mets une bonne vingtaine de minutes pour effectuer les derniers cinq-cents mètres qui me séparent encore du Lady's, ce bar dans lequel j'aime retrouver mes camarades régulièrement. J'ai hâte de plonger sous son préau pour préserver ma chevelure et mon reste de brushing.

Je l'entretiens assez, bon Dieu !

Ça coûte de l'argent !

Une fois que j'arrive devant la porte de l'établissement, je peux enfin m'abriter des gouttes infernales qui tombent du ciel.

J'aperçois alors ma chère Florine et ses longs cheveux bouclés noirs comme le charbon. Son teint mate donne un brin de gaieté à ce temps maussade qui me renvoie à ma tristesse.

— Salut, m'exclamé-je en arrivant à son niveau.

— Oh, Constance ! Alors ! Comment vas-tu ? Me questionne directement ma collègue, que j'ai appelée en urgence ce matin.

Elle se lève d'un bond, manquant de faire tomber sa lourde chaise en arrière, pour m'enlacer et déposer ses lèvres sur ma joue. Elle respire le bonheur.

Au moins une.

C'est déjà ça.

— Bien.

— Heu... T'en es certaine ? Insiste ma camarade au moment où je tente de prendre place. Tu m'as vraiment demandé de venir pour t'écouter me chanter la mélodie du bonheur ?

Elle est tellement de bonne humeur qu'elle semble prendre à la légère cette situation. Il va falloir qu'elle se ressaisisse, et vite.

— Heu, ouais... Non.

Je parviens tant bien que mal à m'asseoir, en forçant sur mes mains et mes poignets pour limiter la contraction de mes muscles inférieurs. En posant les fesses sur la chaise, je ne peux m'épargner un petit soupir de douleur. Une fois confortablement installée, je relâche enfin mes muscles et permets à mon corps de se décontracter quelque peu.

Pour ce que ça vaut...

— Heu... T'es tombée dans les escaliers, Constance ?! S'esclaffe mon amie.

DADDY'S GIRL - TOME 1 - The DaddyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant