CHAPITRE 12 - John

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Nous ne sommes plus très loin de la maison. D'ailleurs, cela fait à peine cinq minutes que nous roulons, mais le trajet me semble durer une éternité. Isadora est plongée dans le silence. Quant à moi, j'en suis au même stade. Je n'ose pas prononcer le moindre mot. J'ai allumé la radio, afin que notre retour soit moins pénible.

Je suis tellement heureux de l'avoir retrouvée. Et il faut dire que je suis arrivé à temps. Qu'aurais-je fait si je les avais surpris en train de la violer ? Déjà, ces enflures n'auraient pas eu la vie sauve. Je les aurais battus à mort, oui, frappés jusqu'à ce que le dernier souffle de vie quitte leur corps qui leur aura servi à profaner celui de cette femme. Rien que de savoir qu'ils ont vu une partie de son intimité, qu'ils ont failli toucher sa fleur délicate et défendue, qu'ils ont osé lui laisser entendre qu'ils allaient la "baiser", j'ai envie d'initier une chasse à l'homme et les condamner à mort.

J'ai pris des risques, ce soir. J'ai foncé tête baissée et, dans le fond, je me dis que j'aurais pu y rester. Mais je n'ai pas réfléchi. Il fallait que je la sorte de là, coûte que coûte.

Mon Dieu...

Isadora...

Je lance une oeillade discrète dans sa direction. Regardant droit devant elle, elle n'y prête pas attention. Son visage dénote la souffrance. La peur. L'effroi.

Ne t'inquiète pas ma fille, tu es sauve et je ne laisserai plus personne te faire du mal.

Lorsqu'elle a plongé sur moi pour me serrer dans ses bras et déverser le fruit de ses souffrances sur ma poitrine, je me suis dit que les risques pris en valaient la chandelle.

Isadora...

Tu es tellement...

Je force mes yeux à rester braqués sur la route et resserre mes poings ensanglantés autour du volant. La tension est telle que je pourrais créer un incendie dans l'habitacle. J'ai chaud. Et le pire, c'est que j'ai assez d'expérience, du haut de mes quarante-cinq ans, pour savoir écouter mon corps.

Putain, pourquoi...

Cet unique contact a fait s'effondrer tous les murs que j'avais bâtis autour de mon cœur. Je me suis senti à la fois soulagé de l'avoir trouvée, et gêné. Pourtant, lorsqu'elle a posé sa tête contre mon pectoral et entouré ma taille de ses bras menus, je ne l'ai pas éloignée. Elle avait besoin de moi.

Isadora...

Le pire, c'est lorsque j'ai aperçu sa poitrine dénudée. Mon sang s'est mis à pulser si fort dans mes veines que j'ai cru qu'elles allaient toutes exploser et me mettre en charpie. Or, son regard innocent m'a vite ramené à la réalité.

Isadora est si jeune.

Si parfaite.

Mais aussi si...

Non, je refuse de me laisser emporter.

Je me plais à croire que c'est simplement la lumière tamisée et la situation de nos retrouvailles qui ont créé cette montée d'adrénaline et ce malaise succinct. Tout rentrera dans l'ordre après une bonne nuit de sommeil, oui, j'en suis convaincu.

Aussitôt, interrompant mes pensées à bride abattue, nous arrivons devant le portail de la propriété. J'appuie sur la télécommande et l'ouvre. Et soudain, j'entends la voix faible d'Isadora m'interpeller :

— John...

Je pivote dans sa direction en gardant les mains braquées sur le volant. Je reste bien à ma place. Inutile de créer encore plus de tension qu'il n'y en a déjà.

DADDY'S GIRL - TOME 1 - The DaddyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant