08. Bal de la Cour

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Durant le cours de mon existence, je me suis trouvé contraint à maintes reprises d'accomplir de nombreux actes malgré moi

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Durant le cours de mon existence, je me suis trouvé contraint à maintes reprises d'accomplir de nombreux actes malgré moi. Il fut un temps où je me déclarais souverain unique de mon destin. Or, dès lors que je fus couronné et englouti sous le fardeau des responsabilités, je compris promptement que cette assertion n'était qu'illusion. Les devoirs se sont abattus sur moi comme une inévitable sentence à laquelle je ne pouvais me dérober.

Malgré mes brèves velléités de fuir cette vie tyrannique, je reconnais que c'est pour le bien d'Al-Hashar. Si je devais délaisser le trône, le chaos se répandrait de nouveau dans le royaume. J'ai embrassé ce rôle par devoir, anticipant une éventuelle adaptation à une existence où je ne parcourrais plus les rues nocturnes en quête d'un abri ou de nourriture pour Rami et moi grâce à l'exercice de mes talents. La transition fut laborieuse, mais je m'y suis peu à peu accoutumé.

Après m'être établi dans le palais, baignant dans ses privilèges, la simple idée de retourner à ma vie passée semble inconcevable. Maintenant que j'ai goûté à ses délices, une insatiable avidité s'empare de moi. Quitter cette demeure et renoncer aux obligations afférentes me paraît désormais impensables.

Je me suis fermement opposé à cette ère de débauche dans laquelle nous étions tombés ; une époque où les Rubihufs étaient présents, mais méprisés et évités, errant dans les ruelles en quête d'affection, de nourriture et d'un abri contre le froid hivernal.

J'ai édicté un décret strict pour prévenir la répétition de telles circonstances. Il n'y aura dorénavant plus d'exploitation des enfants au travail et plus aucune âme démunie ne sera laissée dans les rues. Avec une volonté ferme, j'ai entrepris de résoudre ces problèmes.

Bien qu'il reste encore beaucoup à faire, je suis convaincu d'être sur la bonne voie. Je m'engage à maintenir ma position sur le trône et à préserver les réformes transformatrices que j'ai initiées afin de les protéger du danger qu'un successeur, après moi, ne les démantèle.

Ainsi, à contrecœur, je consens à participer à cette mascarade de cour absurde, ostensiblement organisée pour les jeunes femmes du royaume par « le fiat du Roi ». Il va sans dire que je n'ai jamais promulgué de telles proclamations. Néanmoins, le Conseil n'a pas hésité à émettre cette menace voilée qui a incité toutes les femmes célibataires à y assister, venues même des régions les plus éloignées. Elles craignent que je ne prenne des mesures contre elles.

La dernière fois, j'ai convié uniquement les femmes de la capitale, espérant que cela démontrerait clairement au Conseil leur manque d'envie de s'unir à moi. À ma grande consternation, mais sans ahurissement, ce fut un désastre total, semblable aux vains efforts précédents. Cette soirée reflétera probablement cette même peine, bien que ces femmes aient été astreintes d'y assister.

J'émets un soupir long et lamentable, frottant ma tenue et regrettant l'absence d'Akio ce soir. S'il était présent, peut-être que cette affaire me serait rendue moins embarrassante et plus facile. Hélas, le perfide m'a abandonné, prétendant qu'il serait avisé de se tenir à l'écart afin que je « succombe à la séduction ».

Le Roi des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant