23. Désaccord

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J'ignore ce qui me prend lorsque je m'approche de lui en toute hâte et l'enlace avec ferveur, comme si je craignais que ce ne soit qu'un fantasme

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J'ignore ce qui me prend lorsque je m'approche de lui en toute hâte et l'enlace avec ferveur, comme si je craignais que ce ne soit qu'un fantasme. Je n'y réfléchis pas, comme s'il s'agissait d'une impulsion innée, comme si je m'accordais enfin la liberté de respirer. Comme si je pouvais enfin soulager la tension qui règne dans mes tendons.

Je le serre si fort que je crains de l'étrangler, mais cela ne m'empêche pas de trouver du réconfort dans la réalisation de n'avoir tué personne. Car il vient de se réveiller du sommeil. Il n'est pas décédé ; il est vivant. Et je peux discerner son cœur palpiter contre ma poitrine ; je peux sentir son souffle sur mon cou tandis que j'essaie de ne pas le laisser me perturber. Je pense que je n'ai jamais été aussi ravie de le voir, et je n'en serai jamais aussi réjouie et soulagée.

— Vous êtes vivant, murmuré-je contre lui.

Cependant, avant que je puisse entreprendre quoi que ce soit, ses mains me repoussent, m'éloignant de lui avec empressement. Il me scrute avec dédain, mais je ne puis prendre ombrage quand son regard est fixé sur le mien.

— Qu'est-ce que c'était que ça ? interroge-t-il, furieux. Qu'est ce qui ne vas pas chez toi ?

Je m'approche de nouveau de son lit et m'assieds sur le bord du matelas, malgré son regard sombre. Je l'observe, m'assurant que c'est bien lui, que la réalité me confronte et que je n'ai pas affaire à un imposteur. Pourtant, personne ne me regarderait avec le même regard qu'il fixe sur moi. Lui seul le fait.

— Je suis tellement soulagée, avoué-je en serrant sa main dans la mienne.

Il tente de se libérer, mais je la serre fermement.

— Vous êtes vivant, répété-je.

D'un brusque arrachement, il réussit à se démêler, puis se redresse et s'assoit, surveillant ce qui l'entoure. J'ignore ce qu'il cherche, mais je sais qu'il réfléchit à des moyens de me châtier pour mon insouciance. Je ne lui porte aucune mauvaise volonté. Je comprends. Il vient tout juste de se réveiller, peut-être abasourdi, et peut-être ne discerne-t-il même pas mon identité.

Je lui permets d'assimiler lentement la situation tandis qu'il me contemple, s'arrêtant pour fixer mes mains. Là, son visage se transforme rapidement. Après la colère, vient une perplexité plus puissante qui l'accable.

Je baisse les yeux vers mes mains gantées avant de relever une fois de plus mon regard vers les sien, déjà bien enfoncé dans le mien. Il m'examine comme s'il ne me reconnaissait pas – un signe de mauvais augure. Puis, brusquement, il me prend la main et me retire un gant. Il est déconcertant de constater la facilité avec laquelle il l'enlève alors que peu importe mes tentatives, je ne pouvais même pas espérer bouger l'accessoire d'un centimètre.

Sa main dans la mienne, il scrute ma main découverte.

— Que s'est-il passé ? me questionne-t-il d'un ton sévère, bien plus grave que ce que mes oreilles sont habituées. Qu'as-tu fait ?

Le Roi des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant