09. Percée

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— Comme vous le savez déjà, la région a été engagée dans un conflit il y a trois cents ans, au cours duquel un grand nombre d'âmes ont perdu leur souffle, commence-t-elle en attirant mon attention sur le tableau représentant un monde apocalyptique...

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— Comme vous le savez déjà, la région a été engagée dans un conflit il y a trois cents ans, au cours duquel un grand nombre d'âmes ont perdu leur souffle, commence-t-elle en attirant mon attention sur le tableau représentant un monde apocalyptique, où des enfants, des femmes et des hommes reposent sans vie sous l'assaut de soldats mieux armés et plus nombreux. Cet adversaire correspond aujourd'hui à Shakaral, qui nous a de nouveau assaillis ces dernières années.

— Me prodigues-tu une leçon d'histoire ? répliqué-je, perdant patience. Je suis déjà au courant du récit ; je te rappelle que je nous ai guidés vers le triomphe.

— Je perçois la modestie qui vous enveloppe, remarque-t-elle sardoniquement.

— Un simple fait.

Elle se dirige vers la deuxième fresque murale en roulant des yeux et je la suis. Le second s'apparente en grandeur et en minutie au premier, tout aussi sombre et chargé du désespoir qui me tourmente les entrailles. Au-delà des visages des personnes, je ressens parfois les émotions émanant de ce que je vois ou lis – et cela n'a rien à voir avec mes propres sentiments. Je sens simplement ce serrement dans mon estomac – colère, désespoir et terreur – un peu comme lorsque je lis un tome d'histoire.

Mais ici, avec cette effigie et ces manifestations, la sensation est bien plus puissante, bien plus profonde. Comme si ma poitrine était meurtrie, exactement comme si j'étais là, à leur place, sous les lames de ces soldats impitoyables qui éteignent tout sur leur passage dans la seule aspiration à s'emparer de notre terre, comme durant la guerre de Shaqur Al-Anwaa.

L'histoire se reflète.

— Le conflit était d'une nature si violente et la population périssait en si grand nombre, qu'un moment arriva où l'espoir de victoire paraissait inimaginable, continue-t-elle dans le récit, dont je suis déjà au fait de tous les détails. Les soldats et les citoyens ont connu leur fin dans la mesure où nous avons commencé à envisager l'extermination de notre peuple, consignée dans les sépulcres où s'entassaient les cadavres. Plus personne n'y croyait.

Je soupire en passant à la troisième représentation.

— Jusqu'à ce que Ryuu Tanaka arrive, ajouté-je d'un air songeur.

— À Zaydara, nous la nommons Yuki, confie-t-elle. Elle y est née et y a été élevée.

Je n'étais pas au courant de ce fait. Cependant, à y réfléchir, cela est cohérent. Ryuu Tanaka est une légende dans notre royaume, comparable au Falak. À une époque où l'espoir échappait à tous, où le découragement couvrait chaque âme, où les habitants périssaient individuellement, les privant de leurs parents et camarades, et de tout ce qui leur était cher, Ryuu Tanaka s'est manifestée comme un véritable miracle, comme un doux souffle de foi renaissant après des années de dévastation, sans un remède singulier pour inverser le cours des choses.

Le Roi des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant