Je n'ai pas hésité un seul instant.
J'ai ressenti aussitôt le déclin de son énergie, et me suis élancé vers elle à toute vitesse, n'entendant même pas la fin de la phrase de Rami. Le trajet jusqu'à elle m'échappe dans mes souvenirs, mais je sais qu'il fut long. Bien trop long. J'aurais souhaité courir plus rapidement, que mes jambes me propulsent plus loin, que mes ombres tracent la voie, mais rien de tout cela n'a eu lieu.
Au lieu de cela, j'ai couru tel un fou, redoutant le moment où je la découvrirais. D'une manière ou d'une autre, je m'attendais à une fausse alerte. Je prévoyais de la retrouver saine et sauve, attribuant la confusion à mes sens égarés. Dans le pire des cas, j'anticipais qu'elle aurait simplement subi une légère blessure, qu'elle se serait écorchée ou serait tombée, détériorant sa robe. Je m'attendais à ce qu'elle ait déclenché un nouveau désastre avec ses flammes, m'obligeant ainsi à intervenir pour tout réparer.
Je ne m'attendais pas à la découvrir étendue au sol, immergée dans le sang. Mon cœur et ma respiration se sont arrêtés, et je ne m'attendais pas à foncer vers elle comme si ma vie en dépendait.
— Non, non, non, m'affolé-je en me hissant près d'elle. Non, c'est... Tu... Je... Tu ne peux pas...
Mes mains pendent devant elle ; je n'ose même pas la toucher. Il y a du sang. Trop de sang. Son uchikake en a changé de couleur, et je suis quasi certain que mes propres atours aussi. Je ne réalise pas l'ampleur de la situation lorsque je pose ma main sur son col pour m'assurer qu'elle respire. J'espère trouver du mouvement, même faible. J'espère déceler un seul souffle, aussi chétif soit-il. Un seul battement de cœur.
J'ai simplement besoin de savoir qu'elle est en vie. Qu'elle est toujours ici. Qu'elle n'a pas été occise dans mon palais alors que j'aurais pu l'empêcher. Mais elle l'a été. Non, non, non. Elle ne respire pas. Ses yeux sont béants, fixant dans le vide, et son cœur a cessé de battre. Je me secoue la tête. Je refuse de le croire. Je refuse de croire que c'est réel et qu'elle est morte. Ce n'est pas possible. Inconcevable. Complètement insensé.
— Zill...
La main de Rami vient se poser sur mon épaule, mais je ne me retourne pas. Je sais ce que je vais trouver sur son visage, et je ne puis me résoudre à voir la douleur, le chagrin, la tristesse qui recouvre son expression. Je n'ai nul besoin de voir à quel point il est dévasté, à quel point il pleure. Je n'ai nul besoin de tout cela.
— Appelle tes hommes. Empêchez tout le monde de partir et attrapez le coupable.
— Zill, répète-t-il d'une voix plus désespérée.
— Amenez-le-moi vivant.
Ce sont toutes les instructions que je donne avant de placer ma main derrière la tête d'Hikari et l'autre derrière ses jambes pour la soulever. Je garde le regard droit devant, sans me soucier un instant des employés qui se tournent vers moi et dont les yeux s'écarquillent d'horreur à la vue du sang.
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Le Roi des Ombres
FantasyDans le royaume d'Al-Hashar, le Roi Zillar incarne une véritable terreur, redouté par ses sujets pour ses sombres pouvoirs et la prophétie annonçant sa chute imminente. Malgré le mépris de son peuple, il est résolu à régner, même au prix de l'opposi...