La tête levée, j'avance d'un pas déterminé dans les couloirs du palais. Il est à peine sept heures et pourtant je porte déjà une tenue spéciale pour l'occasion : un kimono, pièce d'une élégance et d'une délicatesse intemporelles. Tissé par les mains d'une couturière hors pair, il arbore une teinte rose clair qui rappelle la douceur d'un matin de printemps, en contraste parfait avec ma peau – raison pour laquelle c'est ma teinte préférée.
Mes cheveux ont été coiffés pour l'occasion, tirés en un chignon élaboré qui complète le charme de ma tenue. Il y a si longtemps que je n'étais pas apparue aussi resplendissante que j'en avais oublié l'étendue de ma joie.
Mon regard reste fixé vers l'avant, les poings serrés par anticipation alors que je m'efforce de contenir la joie intérieure – ce qui n'est pas une mince affaire quand elle est si radieuse en moi. La vérité est que j'attends ce moment depuis hier soir, et l'impatience a lentement érodé les limites de mon excitation.
C'est en partie pourquoi j'ai préféré rester éveillée toute la nuit plutôt que de succomber au sommeil. J'ai profité des heures d'insomnie pour parcourir le nouveau livre qu'Hakim m'a prêté. Il est bien plus complexe à comprendre que tous les autres que j'ai lus jusqu'à présent, mais cela ne m'a pas dissuadée. J'ai redoublé d'efforts pour déchiffrer ses mots et appliquer tous les conseils qui m'ont été prodigués.
Ce matin, je me trouve loin d'être fatiguée. Au contraire, mes pas se précipitent en approchant de l'aile. Le palais paraît si vaste qu'il me semble être confrontée à d'interminables couloirs qui ne mènent à rien. Néanmoins, parmi la multitude de gardes, dont le nombre augmente à mesure que je m'aventure, je discerne que je m'approche des quartiers de Zillar. Nulle part ailleurs dans la forteresse il n'y a autant de sentinelles stationnées.
C'est une incitation à accélérer mon pas, malgré l'obstacle de mon kimono et des sandales qui m'ornent. L'impatience crépite en moi, sur le point de me submerger à tout moment.
Enfin, l'instant convoité auquel j'aspirais ces heures, depuis la veille, est arrivé.
J'ignorais que l'on pouvait aspirer à quelque chose avec une telle ferveur. Et pourtant, je suis là. Devant les portes qui me séparent des quartiers de Zillar, je m'arrête face aux deux sentinelles qui montent la garde, les mains posées derrière moi tandis que j'affiche un sourire satisfait. Ils sont réticents à m'autoriser l'entrée, nourrissant une aversion envers ma personne, mais ils se retrouvent sans choix.
C'est la première satisfaction depuis que j'ai failli éteindre Zillar. Pour la première fois, c'est comme si je récupérais l'autorité qui m'échappe depuis que j'ai été jetée dans cette prison, coupée du monde. Tout de suite, je ressens un semblant du respect perdu ce jour-là. Pour la première fois, je reprends la domination sur cet endroit.
Les deux hommes s'inclinent légèrement et pivotent pour déployer les vastes portes. Avant que leurs mains ne puissent saisir la poignée, une force frappe ma jambe, m'incitant à regarder vers le bas. Rapidement, j'aperçois les cheveux châtains de ma sœur qui emprisonnent mon membre avec une prise ferme. Elle me sourit, heureuse d'avoir capté mon attention.
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Le Roi des Ombres
FantasyDans le royaume d'Al-Hashar, le Roi Zillar incarne une véritable terreur, redouté par ses sujets pour ses sombres pouvoirs et la prophétie annonçant sa chute imminente. Malgré le mépris de son peuple, il est résolu à régner, même au prix de l'opposi...