Je m'incline vers l'avant afin de caresser le cou de Kurayami, ma jument, tout en poursuivant notre route en direction de Zaydara – une paroisse située au nord-ouest du royaume. Je n'y ai jamais mis les pieds, en dépit des conseils persistants d'Akio me suggérant de visiter mes domaines afin de les administrer de manière plus équilibrée.
Certes, j'ai fait des visites royales à travers Al-Basqar – la cité voisine de la capitale – il y a quelques années, mais les habitants, si intimidés, ont préféré se terrer. Chacun s'était retranché dans sa demeure, laissant les rues abandonnées et mon cœur endurci. Après cela, je n'ai pas tenté de poursuivre mes visites et ai accepté l'idée que je ne pouvais pas faire comme les rois précédents et être proche du peuple. J'avais espéré qu'en tant que simple roturier, je pourrais les inspirer et leur montrer que ces distinctions étaient illusoires et sans valeur. J'aurais dû m'attendre au contraire.
Cependant, de manière régulière, j'envoie mes hommes rendre compte de tout désordre partout dans le domaine. Bien que la nation me dépeigne comme un monarque apathique et sévère, je travaille sous le poids de leurs préjugés, m'efforçant de consolider Al-Hashar en tant que royaume.
— Y a-t-il quelque chose que je doive savoir avant que nous n'atteignions notre destination ? interrogé-je Rami, chevauchant son destrier à mes côtés.
Nous sommes accompagnés de deux sentinelles qui facilitent l'entrée et la sortie de notre cortège.
— Nous n'en savons guère, répond-il, si ce n'est que les habitants de Zaydara sont les moins hostiles à votre règne.
Je fronce les sourcils.
— Pour quelle raison ?
Il hausse les épaules.
— Isamu était un monarque avide de richesses et de pouvoir, explique-t-il. Il a exploité la cité pour ses mines et ses pierres précieuses, au point que de nombreux habitants périrent, surtout les enfants. Cela les a profondément marqués, car ils furent contraints au labeur.
Je hoche la tête. Isamu était un monarque jouissant d'une renommée favorable dans une vaste étendue du royaume grâce à la personnalité qu'il affichait. Il s'était présenté comme le libérateur d'Al-Hashar de la guerre.
Cependant, tout cela n'était qu'une tromperie.
Ce n'est qu'après mon sacre que j'ai eu connaissance des atrocités qu'il avait commises. Enfant, j'avais espéré qu'il pourrait être mon sauveur, me préservant de la solitude et de la famine en tant qu'orphelin. La cruelle réalité est qu'il en était le coupable. C'est lui qui nous a laissés assoiffés, affamés et isolés des autres. Et pour cela, je ne lui pardonnerai jamais.
— Existe-t-il une chance qu'ils ne prennent pas la fuite en me voyant ? demandé-je en me tournant vers Rami.
Il esquisse un sourire béat.
VOUS LISEZ
Le Roi des Ombres
FantasyDans le royaume d'Al-Hashar, le Roi Zillar incarne une véritable terreur, redouté par ses sujets pour ses sombres pouvoirs et la prophétie annonçant sa chute imminente. Malgré le mépris de son peuple, il est résolu à régner, même au prix de l'opposi...