17. Réveil

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Je me réveille en sursaut dans mon lit, tout éperdue, alors que les pulsations de mon cœur résonnent pesamment à mes oreilles

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Je me réveille en sursaut dans mon lit, tout éperdue, alors que les pulsations de mon cœur résonnent pesamment à mes oreilles. Je m'efforce de reprendre haleine, inclinant ma tête en arrière et dénombrant jusqu'à dix dans mon esprit, réitérant l'acte maintes fois. Mon corps tout entier est secoué par d'étranges frissons qui m'étreignent la gorge, me privant d'une pleine inspiration.

Je pose ma main sur mon cœur, clos les paupières et me laisse continuer d'inspirer et d'expirer tandis que ma lumière m'apaise progressivement. Lentement, les rayons se glissent à travers ma peau et le tissu de mes muscles pour atteindre cet organe tapi au sein de ma poitrine, permettant au calme de m'envahir. Je compte une dernière fois. Trois. Deux. Un.

Et je me sens mieux.

Je reste ainsi quelques moments, recouvrant mes esprits, avant de glisser mes mains sur mon visage perlé de sueur et dans ma chevelure en désordre, tel que j'ai coutume de le faire à chaque réveil nocturne. Je croyais m'y être acclimatée à présent, mais le temps semble ternir toute chose, les rendant de plus en plus erratiques et hors de ma gouverne.

Suivant ma coutume, j'attrape le verre d'eau auprès de mon lit et en prends une grande gorgée, laissant le liquide frais apaiser mon œsophage. Il fait si glacial la nuit dans cette chambre que je dois revêtir un haori pour me préserver du froid. Je croise les bras contre moi-même, m'efforçant de me réchauffer en usant de ma chaleur intérieure tout en me frictionnant les bras.

Chaque nuit, je fais le même songe – ou plutôt le même cauchemar. Je les ai depuis des années désormais, mais ils semblent se corser ces derniers temps, peut-être parce que j'use davantage de mes facultés. Je crains qu'il advienne un jour où je ne puisse plus rien maîtriser, pas même ces épouvantements nocturnes.

Chaque nuit, je ressens une plus grande immersion, jusqu'à ce que je ne puisse plus résister. Ce défaut de maîtrise me jette dans l'effroi. Je crains pour moi-même ; je crains pour les autres. Je redoute de ne jamais jouir d'une existence normale, affranchie de ces rêves prophétiques où ma victoire demeure inaccessible. Dans ces visions, je suis frappée, poignardée, jetée, et une voix familière résonne : « Tu es faible ». Et elle a raison.

Incapable de rester immobile plus longtemps, je me lève enfin. D'instinct, je m'approche de la petite fenêtre et contemple au loin jusqu'à discerner une ombre bien précise qui se tient toujours près de la fontaine. Chaque nuit, je l'aperçois là, scrutant le firmament. Parfois, je m'interroge sur ses pensées ; d'autres fois, je me demande comment l'homme qui m'a sauvé la vie se révèle être celui qui me la rend intolérable.

J'ai souvent entendu parler de lui. J'ai entendu narrer tout ce qu'il a accompli pour le peuple, ses créations, ses bienfaits. Et à chaque récit, j'éprouvais de la reconnaissance. De l'admiration. Je brûlais d'envie de comprendre quel homme il était pour réaliser de telles œuvres. Chaque nuit, je sentais être un peu plus engloutie, tellement que je ne pouvais lutter.

Le Roi des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant