Eliana
— Ne me dites pas que vous êtes encore allée au village ?!
Je sursaute en entendant cette voix s'écrier derrière mon dos pendant que je rentre, en douce comme à chaque fois, mon étalon dans l'écurie. Cette voix que je ne connais que trop bien me fait sourire discrètement. C'est celle de Rosie, ma servante, elle l'est devenue à la mort de ma mère, lorsque je n'avais que 6 ans. Elle s'est occupée de moi avec dévouement, elle m'a vue grandir et évoluer pendant seize ans. Malgré qu'elle ait déjà cinq petites têtes rousses de qui elle doit s'occuper, cette femme m'a toujours aimée comme ma mère l'aurait fait. Rosie m'a aidé à ne pas sombrer dans la délinquance... enfin, en tout cas, à m'attirer le moins d'ennui possible. Oui, j'ai la déplaisante habitude de ne jamais respecter ce que l'on me demande.
Eliana L'effrontée.
Je me retourne et elle attrape mon visage dans sa main, l'éclairant de la lumière de sa lanterne. Ses gestes ainsi que le ton de sa voix sont fermes mais, comme toujours, ils restent tendres et maternels.
— Vous vous êtes blessée ... une nouvelle fois ?! soupire-t-elle.
— C'est superficiel. je dis en dégageant mon visage.
— Retournez dans votre chambre, Princesse ! Je vais aller chercher le médecin pour qu'il passe vous voir.
Je roule des yeux en soupirant, il faut toujours en faire tout un plat lorsque je me blesse.
Je me dirige vers l'entrée du château. D'un coup d'œil rapide derrière moi, je vérifie que Rosie ne me regarde pas afin de pouvoir escalader le mur grâce au lierre abondant qui le recouvre, sans qu'elle ne me réprimande encore plus. Ma chambre donne sur un balcon juste en haut de cette muraille, il me suffit d'enjamber la balustrade en pierre du petit balcon et de pousser la porte, que j'ai pris soin de ne pas fermer. J'ai d'ailleurs pu découvrir à mes dépends, les mètres de vide qui séparent le mur et le balcon. Ce n'est pas l'idée la plus prudente mais je m'évite ainsi de croiser les membres de ma famille et de traverser tout le château pour gravir les dizaines de marches qui séparent l'entrée de l'unique pièce où je me sens bien.
Une fois à l'intérieur, je jette mes bottes, dispersant des morceaux de terre sèche sur le sol puis je vais me dissimuler derrière le paravent pour retirer mes vêtements et enfiler ma robe de nuit blanche. Je m'assieds devant ma coiffeuse, je défais ma tresse, laissant mes longs cheveux presque noir retombés dans mon dos.
Je soupire en passant mon doigt sur la fine égratignure qui orne maintenant ma joue.
En grandissant, je suis devenue une copie presque parfaite de ma mère, bien que mes cheveux soient plus ondulés et indisciplinés que les siens. Je ne me souviens pas clairement d'elle, je peux seulement m'imaginer son physique en me regardant dans le miroir. Mais Rosie m'a tout conté sur sa vie, ses aventures, les guerres qu'elle a menées, les peuples qu'elle a sauvés et à quel point elle m'aimait.
VOUS LISEZ
La Vipère et le roi : L'ombre (Tome I )
Romance« Le pouvoir ou les sentiments ? Le cœur ou la raison ? Lequel gagnera la bataille qui se joue en moi ? » Têtue. Effrontée. Courageuse. Ambitieuse. Ce ne sont là que de simples mots utilisés pour décrire Eliana Valiente. Au cœur des six royaumes...