Eliana
Ses iris bleus glissent le long de mon dos, un rictus moqueur qu'il tente de cacher se dessine sur son visage accablé par le manque de sommeil, quand il remarque mes doigts pris au piège
— Peux-tu m'aider à serrer mon corset ?
— Je tiens à te signifier que je ne suis pas ta servante, je ne suis pas censé t'ajuster ton corset.
— Tu es là alors autant que tu te rendes utile. je souris.
Il soupire mais s'exécute, en commençant par libérer mes mains. Je suis étonnée de pas avoir dû me jeter à ses pieds pour implorer sa majesté d'aider une pauvre femme ne pouvant y arriver seule.
— Tu as fait tout un tas de nœuds. râle-t-il.
— C'est vrai, je ne suis pas douée de mes mains... C'est pour cela que vous êtes mon sauveur. Je clame en papillonnant des yeux.
Il souffle du nez, ne voulant pas trop m'encourager dans mes bêtises. Je relâche mes cheveux une fois qu'il a fini sa mission capitale : serrer et nouer mon corset.
— Merci, j'ai eu de la chance que vous arriviez. Dis-je en souriant.
Il me rend mon sourire puis ramasse ses affaires avant de quitter ma chambre. J'enfile une longue robe noire à manches longues, parsemée d'éclats brillants ressemblant aux bris d'un miroir cassé. Je suis en train de discipliner mes boucles lorsque l'on frappe à ma porte, c'est un soldat, il vient chercher mes sacs pour les mettre dans la calèche. Je me dépêche d'emballer mes dernières affaires pour ne pas le retarder. Il attrape les anses de mes sacs puis descend, je le suis, laissant derrière moi la porte entrouverte pour indiquer à l'aubergiste que cette chambre n'est plus occupée.
Je patiente près de la calèche que tout le monde arrive. Je frotte mes mains l'une contre l'autre pour les réchauffer, l'air est vraiment humide par ici. Isaac est le premier à se joindre à mes côtés, il me toise de haut en bas et fronce les sourcils.
— Es-tu en deuil ? s'exclame-t-il.
— Non mais je pourrais bientôt l'être si tu continues à m'embêter.
— Pourquoi es-tu tout en noir alors ?
- J'aime en porter, cette couleur n'est pas réservée au deuil tu sais. D'ailleurs ta mère en porte et elle n'a pas encore perdu de membre de sa famille.
Il secoue la tête, détourne les yeux pour les fixer sur la calèche. Qu'a-t-il contre ma tenue ?
Je baisse la tête sur ma robe, j'en lisse le jupon puis finis par hausser les épaules. J'aime cette tenue, il est seulement rabat-joie.
— Laisse-moi au moins porter ce que j'aime. Je marmonne entre mes dents.
Il ne répond pas, il se contente de soupirer alors que Roméo nous rejoint. Le jeune prince me contemple, ses yeux brillent d'admiration.
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La Vipère et le roi : L'ombre (Tome I )
Romance« Le pouvoir ou les sentiments ? Le cœur ou la raison ? Lequel gagnera la bataille qui se joue en moi ? » Têtue. Effrontée. Courageuse. Ambitieuse. Ce ne sont là que de simples mots utilisés pour décrire Eliana Valiente. Au cœur des six royaumes...