La Vipère et le roi : L'ombre (Tome I )

Chapitre 1 (2) : L'enfant reniée.

Eliana

Il m'observe puis en une seconde, sa main vient s'écraser violemment sur ma joue, la faisant rougir instantanément.

— Père ! S'écrie Cassiopée.

— Ne t'en mêle pas mon ange. Lui dit-il tendrement.

Mon ange ... c'est le surnom qu'il donne à Cassiopée car, il a l'intime conviction qu'elle est descendue du ciel pour illuminer sa vie.

Malgré son intelligence, que je ne remettrai pas en doute, et ce, même si sans ma mère, nos soldats n'ont plus jamais gagné de bataille.

Mon père a quelques croyances, dirons-nous... farfelues. Certainement dû au fait que tout le monde le surnomme le "Roi Soleil", cela a dû lui monter à la tête.

Ma sœur ne bouge pas, restant à mes côtés, mais c'est le moindre de ses soucis, qu'il y ait des témoins n'a jamais arrêté le grand Roi Hélios. Il enserre ma gorge de sa forte poigne et m'approche de son visage furibond.

— Pourquoi as-tu la joue écorchée ? me questionne-t-il en hurlant.

— M-ma couronne était... trop lourde. Je réponds le souffle court.

Il me gifle une nouvelle fois avec sa main libre puis me plaque contre le mur, faisant reculer Cassiopée en même temps que ma respiration se coupe.
Cassie ne s'interpose pas, elle ne l'a jamais fait et elle ne le fera jamais. Elle se contente d'observer ce spectacle, impuissante. Ce n'est simplement pas dans son caractère de prendre des risques pour les autres, surtout si la situation peut se retourner contre elle. Pour ne voir que le positif, je vais la qualifier de ... prudente.

— Ne joue pas à la plus maligne avec moi. Va t'enfermer dans ta chambre et que je ne te vois plus !

Il lâche enfin son emprise sur ma gorge et sort de la pièce me lançant un dernier regard noir qui me fait comprendre que je n'ai plus intérêt à me faire remarquer. Je passe mes doigts sur mon cou pour le masser légèrement, Cassiopée pose sa main tremblante sur mon épaule.

— Tout va bien ? S'inquiète-t-elle.

Je dégage sa main d'un mouvement d'épaule et sans lui répondre, je marche d'un pas franc vers ma chambre pour m'y enfermer.

Du plus loin que je me souvienne, mon père a souvent été violent envers moi mais c'est devenu de plus en plus régulier. Bien entendu, il n'a jamais levé la main sur ses autres enfants. C'est moi son souffre-douleur, sur moi qu'il aime passer ses nerfs que je sois en tort ou pas. Je sais que je ne devrais pas enchérir ou alimenter le feu de la sorte quand il s'en prend à moi, mais que je réponde ou non, j'ai appris que la finalité restait la même.

Je n'existe pas.

Je retire la broche de mes cheveux et la dépose dans une boîte. Je me fais rapidement une tresse laissant retomber quelques mèches sur le devant. Je m'extirpe de ma robe ainsi que de mon corset tant bien que mal pour enfiler un pantalon en cuir brun, une chemise ample couleur crème et par-dessus un veston sans manche en cuir brun, avec un laçage sur le devant. J'enfile mes bottes brunes, que Rosie à gentiment nettoyées. Pour finir, j'attache une cape verte autour de mes épaules et me cache sous la capuche.