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ALMA

12 Juin, 7 h 15.

Le réveil sonne pour la troisième fois quand je décide enfin à me traîner hors du lit. La nuit a été courte et dérangée entre la chaleur caniculaire et le bruit incessant du ventilateur.

Après m'être étirée de tout mon long sur le rebord du lit, je pousse les volets en bois, afin de laisser entrer la lumière de l'aube. Mon appartement se situe au dernier étage, dans une ruelle calme du quartier de Sao Bento. Comme chaque matin, je me fais couler un bon café tout en écoutant de la musique. Ma petite terrasse privée sur les toits me permet de savourer mon petit-déjeuner, tout en profitant des premiers rayons du soleil qui viennent m'éblouir instantanément et révèlent les couleurs flamboyantes de Lisbonne. C'est le seul moment de la journée où je peux trouver encore un peu de fraîcheur dans cette ville en ce beau mois de juin. Aucun vis-à-vis, juste le calme, le chant des oiseux et l'odeur de mes plantes grimpantes qui embellissent mon havre de tranquillité.

7 h 45. Je fais un bond jusqu'à la salle de bains et tombe nez à nez avec mon reflet dans le miroir. Mes cernes exacerbées traduisent la brutalité de ma nuit à tourner et tourner pour trouver le sommeil. Je cherche désespérément mon anti-cernes, le seul capable de camoufler une telle fatigue. De nouvelles petites ridules sont apparues dernièrement au coin externe de mes yeux. Je viens pourtant de ne fêter que mes 26 ans.

Aujourd'hui est une date particulière, cela fait quatre ans que je sors avec Marco.

Un beau matin de mai, alors que j'effectuais mes premiers jours à l'essai en tant que serveuse dans un café nommé Biscuiting, il franchit le seuil de la porte. Ma collègue Lucy s'empressa de le saluer :

— Bonjour Monsieur Saoz... un café serré comme d'habitude ?

— Comme d'habitude Lucy !

— Installez vous, je vous le fais porter.

Ce Marco s'est révélé être un habitué des lieux. Pendant plusieurs minutes, j'observa du coin de l'oeil ce bel étranger jusqu'à ce que mon patron, Angel Tavares, s'assoit avec lui.

— Alma ?

Lucy me tira de mes pensées.

— Hein ? Euh oui ?

— Tu ne te sens pas bien ? Tu es toute rose !

— Euh... ça va, il fait un peu chaud ce matin, non ?

— En effet, tiens apporte ces deux cafés jusqu'à la table numéro trois. Et tu peux rajouter des petites douceurs, c'est un très bon client.

— Oui... bien sûr.

Je m'empressa de préparer un plateau comme à mon habitude : deux cafés serrés et quelques pastel de nata. Plateau en main, je me dirigea vers la table où mon patron s'était assis quelques instants en sa compagnie. C'est ainsi que nos regards se croisèrent pour la première fois.

— Ah Marco, je te présente ma dernière petite recrue, Alma. Elle vient de commencer à la boutique. Elle est française.

— Enchanté Mademoiselle, Marco Saoz.

Il tendit sa main en direction de la mienne, et dans un élan de joie, je manqua de renverser mon plateau sur ses genoux. Je rougis de honte d'avoir failli commettre une pareille erreur sur ma période d'essai et qui plus est devant mon patron, mais il me sourit en me rassurant que tout allait bien.

— Marco travaille chez Verme. C'est une grosse entreprise financière à quelques pâtés de maison derrière la boutique. Tu seras amenée à le servir souvent.

Couldn't forget youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant