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ALMA

L'odeur du café chaud me chatouille les narines et me sort de ma petite nuit d'insomnie. Sandro, resplendissant, se tient à mes côtés, me regardant ouvrir les yeux et caressant les mèches ébouriffées de mes cheveux.

— Il est 8 h 00. Tu as bien dormi ?

Bien dormi ne sont pas vraiment les mots que j'emploieraient pour qualifier ma nuit mais je fais mine de rien et je lui réponds avec le sourire. Sa bouche si douce embrasse tendrement mon front. Mon visage se retrouve au niveau du haut de son torse, habillé par une chemise légèrement déboutonnée. Il sent terriblement bon.

Je me prépare rapidement. En rassemblant mes affaires, j'essaie de réfléchir au meilleur mensonge possible. Comment vais-je pouvoir aller retrouver Marco sans éveiller les soupçons de Sandro ? L'idée même de lui mentir m'angoisse mais après tout il me cache des choses, lui aussi.

— J'ai appelé un taxi pour aller à l'aéroport.

— Tu n'aurais pas. Je t'aurais déposée !

— C'est gentil mais tu as des choses plus urgentes à faire. Ne t'inquiète pas, je serai prudente !

J'essaye de m'en convaincre moi même, mais je suis tellement perdue que je ne sais plus vraiment de quel côté se trouve le danger. Après avoir avalé ma tasse de café, je me dépêche de descendre ma valise. L'heure tourne. Je réussi à le convaincre de ne pas descendre en bas de l'immeuble avec moi. Je prétexte la volonté de nous faire nos adieux en tout intimité. En réalité, je ne veux pas qu'il réalise que je n'ai pas appelé de taxi.

Il me prend dans ses bras et m'enlace si fort que je peux percevoir le battement de son coeur. Il a l'air bouleversé.

— Tu vas terriblement me manquer Alma. Je te promets de te retrouver très vite. Je t'aime.

— Je t'aime aussi.

De grosses larmes coulent sur mes joues. Nos bouches savourent ce dernier instant l'une contre l'autre. Et je quitte l'appartement sans me retourner.

De toute ma vie, je n'ai vécu de situation aussi difficile.

Je m'en veux terriblement d'avoir donné ce rendez-vous à Marco. Ses sentiments sont sincères, je le sens. Ce qui m'angoisse ce sont tous ces choses qui sont arrivées autour et que je ne parviens pas à expliquer. J'ai besoin de réponses.

8 h 40. Je sèche mes larmes et reprends mes esprits. Je marche rapidement dans la direction du café que j'ai choisi, à plusieurs pâtés de maisons de chez Sandro.

Il fait très froid ce matin. Je ressors mon bonnet écru et camoufle mes oreilles. Un bruit métallique retentit. La clé du loft se retrouve au sol. Mince j'ai oublié de la lui rendre. Tant pis. Il ne m'en voudra pas.

La petit café donne sur une belle place, pas très passante. En arrivant au loin, je remarque très vite le blond éclatant d'une chevelure derrière la baie vitrée. Je ne sais décidément pas ce qui m'a plu chez cet homme.

Je rentre à l'intérieur de cet endroit tout à faire charmant. Dans un style industriel, ce café est simplement décoré. Il y a très peu de monde à l'intérieur. Seulement une dizaine de personnes sirotent leur boisson au comptoir ou autour d'une table. Je me dirige vers Marco qui m'attend et m'installe en face de lui.

— Bonjour, me dit-il.

Il tend sa bouche vers ma joue et y dépose un baiser qui me donne la gerbe.

— Bonjour. Je n'ai pas beaucoup de temps. Je repars à Lisbonne ce matin.

Il se lève et m'aide à enlever mon manteau et le dépose sur le dossier de ma chaise.

Couldn't forget youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant