Couldn't forget you

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SANDRO

11 h 55.

Il n'y a plus que trois personnes devant moi qui me séparent de Teresa. Peter m'a indiqué à l'oreillette sa présence au moment même où elle est entrée sous le plafond de Michel Ange.

— Il ne te reste plus que 5 minutes avant midi, Sandro... 5 minutes pour récupérer la clé.

— Oui, je me rapproche. Tu vois toujours Alma ?

Peter a un visuel plus global que le mien et je ne veux pas qu'elle soit trop près au moment de l'échange. On ne sait jamais la tournure que cela pourrait prendre.

— Oui, je la vois qui avance dans ta direction mais elle est toujours loin du centre.

Je m'adresse alors à elle dans l'oreillette, lui stipulant de ne pas bouger. Elle peut-être têtue quand elle s'y met, elle n'a pas conscience des risques et de la dangerosité de ce que nous sommes en train de faire. Mais je ne pouvais pas la laisser seule à son hôtel. Je ne voulais pas risquer à nouveau de la perdre de vue.

Je dois me dépêcher de m'approcher de Teresa, faire ce que j'ai à faire et partir avec Alma. J'accélère le pas jusqu'à me retrouver juste derrière elle. Elle s'est immobilisée et à l'air de regarder quelque chose par terre à ses pieds. J'en profite pour glisser ma main dans sa poche discrètement, j'y trouve l'enveloppe et la remplace par la mienne.

— Madame, est-ce que tout va bien ?

Un homme face à elle, la regarde avec inquiétude. Elle ne répond pas.

— Madame ?

Quelque chose ne va pas. Je décide de ne pas rebrousser chemin tout de suite et je marche autour d'elle jusqu'à lui faire face, tout en prenant soin de rester en retrait.

Son visage est pale, livide même. Elle est toujours penchée en avant, ses mains tenant son ventre. Putain, qu'est-ce qu'il se passe ? Aucun son ne sort de sa bouche, elle est comme figée puis finit par s'écrouler au sol.

— Sandro, c'est quoi ce bordel ?

Je suis incapable de répondre à Peter, je ne comprends pas. L'homme se met à appeler à l'aide. Je me précipite sur elle au sol. Elle est inerte et ne respire plus. Un liquide foncé que je connais très bien, se met à ruisseler entre ses doigts. Je décolle délicatement ses mains et une marre de sang jaillit de l'intérieur de son abdomen. La plaie est propre et semble avoir été faite à l'arme blanche. Elle a été poignardée.

— Peter. Teresa est...

— Est-ce qu'elle est morte ?

L'homme qui l'a vue tomber est en train de prendre son pouls, il me regarde et me fait un non de la tête. Je comprends que son coeur a cessé de battre.

— SANDRO, JE NE VOIS PLUS ALMA...

— QUOI ?

Mon coeur se retourne à l'intérieur de ma poitrine. Je me lève d'un bond et part en direction de l'endroit où je l'ai laissée quelques minutes plus tôt.

— Alma, où es-tu... ? ALMA... ?

Pas de réponse. Je commence à paniquer. Je me déplace rapidement entre chaque personne afin d'essayer de la repérer, en vain.

— Peter, putain dis-moi que tu la vois sur tes écrans ?

— Non, je ne vois rien dans la chapelle... il y a trop de monde Sandro... je fais de mon mieux.

Je commence à envisager le pire. Je regarde mes mains tachées du sang de Teresa qui se mettent à trembler. Ce rendez-vous était un piège. Quelqu'un d'autre était là et l'a poignardé ici-même. Pourvu qu'il n'ait pas touché à Alma !

Plusieurs gardes suisses sont arrivés sur place et indiquent aux visiteurs présents de se diriger en direction de la sortie.

Mais où est-elle ?

— Sandro, les issues commencent à être bouclées, il faut que tu partes vite.

— Je ne partirai pas sans elle, Peter.

— JE CROIS QUE JE LA VOIS !

— QUOI, OÙ ÇA ?

— Elle n'a plus sa perruque... elle est au bras d'un homme... je crois qu'ils sont déjà au niveau de la sortie. Elle n'a pas l'air d'être consciente. FONCE !

Je ne réfléchis pas et je me dirige rapidement vers la sortie de la salle. Je longe les murs pour essayer de me dégager rapidement de cette foule. Les gardes suisses sont en train de se poster un peu partout autour de la chapelle Sixtine. Personne ne peut sortir sans être préalablement fouillé. Merde.

— Peter. Guide-moi. Je suis coincé.

— Ok, il y a une porte sur ta gauche, prends-là.

J'écoute Peter aux doigts et à l'oeil et fracture la serrure d'une petite porte en bois et rentre à l'intérieur. Je cours à vive allure le long d'un couloir sombre et glacial. Je finis par arriver sur une autre porte que je force également et qui donne accès à la crypte des Papes. Je suis dans la basilique. Cet endroit ne m'est pas inconnu et je retrouve facilement la sortie. Une fois dehors, je m'éloigne en direction de la place Saint-Pierre.

— Où est-elle ?

— Ils viennent de monter dans un fourgon noir et ils sont partis en direction de l'est de la ville. Je viens de les perdre de mon écran.

— Son micro ! Est-ce que tu reçois quelque chose ?

— Non, je crois qu'il a été coupé.

— PUTAIN...

Alma vient d'être enlevée. Marco Saoz savait. Il a enlevé la femme que j'aime juste sous mes yeux et assassiné sa maîtresse sous mon nez. Le souvenir du corps de Teresa me revient en pleine face et je vomis le long de la chaussée. Ce n'est pas l'image de son corps qui me procure cet effet, mais l'idée même qu'il va faire subir bien pire à Alma.

— Sandro, ne bouge pas, je viens te chercher.