47

2 1 0
                                    

ALMA

L'homme se retourne et me fait face. J'observe quelques instants son visage que je ne connais pas. Ses yeux sont noirs et terrifiants. Une barbe mal entretenue entoure la bas de sa mâchoire marquée par les années. Il doit avoir presque soixante ans. Ses cheveux sont cachés sous un bonnet foncé. Mon pouls s'est accéléré et mon coeur tambourine dans ma poitrine. L'angoisse me saisit.

— QUI... ÊTES VOUS ? QUE FAITES-VOUS DANS MA CHAMBRE ?

Je ne lui laisse pas le temps de répondre que je saisis une des lampes de chevet et lui jette au visage. Sa tête se baisse et la lampe vient s'écraser en plein vol, contre le mur de la chambre avant de se briser en mille morceaux sur le sol. L'homme lève alors les mains en l'air comme pour me demander de m'arrêter.

— ALMA ! Calme-toi, c'est moi !

Qui ça moi ? Je ne connais pas cet homme qui vient de m'appeler par mon prénom. Il baisse alors le col de son pull et enlève une petite pastille collée près de sa pomme d'Adam puis me parle à nouveau.

— C'est moi !

Le timbre de sa voix a changé en quelques secondes, il n'est plus le même. Ce doit être un transformateur. Cette voix... je la reconnais. Mais je suis trop sonnée pour réagir.

Il pose la pastille sur le rebord de la fenêtre, ôte son bonnet et d'une main attrape le bas de son visage qu'il se met à arracher. Un masque, il porte un masque ! Il retire également les lentilles noires de ses yeux. Le visage de l'homme que j'aime apparaît. Je manque de m'étouffer dans mes sanglots.

— Sandro...?

— Oui mon amour !

J'enlève d'un coup sec la perruque de ma tête et cours me jeter dans ses bras.

Mon visage s'enfonce dans la peau de son cou et je respire son odeur de bergamote. C'est bien lui. De chaudes larmes de peur mélangées à de la joie coulent de mes yeux et tombent sur sa veste. Ses bras m'enlacent de toutes leurs forces. Ses doigts attrapent mes cheveux et les portent à son visage pour respirer leur odeur.

— Oh Alma !

Ses deux mains saisissent mes joues et éloignent mon visage pour le mettre juste à hauteur du sien. Ses yeux plongent dans les miens et j'y lie de la peur.

— Mais que fais-tu ici ?

Il ne me laisse pas le temps de lui répondre que ses lèvres sont déjà attirées comme un aimant sur les miennes. Elles sont chaudes et ont un gout de menthe. Sa langue vient chercher la mienne et nos bouches se retrouvent fougueusement. Un baiser intense, passionnel. J'en ressens déjà les picotements en bas de mon ventre. L'effet qu'il me procure à chaque fois qu'il me touche est addictif. Puis ses mains éloignent à nouveau mon visage du sien.

— Pourquoi es-tu venue à Rome ?

Je recule d'un pas, essayant de remettre mes idées en place. Je ne m'attendais pas à ça, le trouver ici, dans ma chambre, déguisé !

— Comment m'as-tu retrouvée ?

— Grâce à ton passeport. J'ai reçu une alerte informatique quand tu t'es enregistrée à l'aéroport. J'ai vu ta destination et j'ai trouvé ensuite la réservation de l'hôtel à ton nom. Je n'étais pas sûr que ce soit toi. Je pensais que c'était un piège que l'on me tendait. Mais je devais venir vérifier par moi-même. Pourquoi es-tu venue Alma ?

J'ai tellement de choses à lui dire : tout ce que j'ai appris pendant son absence ainsi que les raisons qui m'ont poussées à venir à Rome. Mais pour l'heure, je n'ai qu'une envie, c'est oublier tout ces problèmes et de savourer le fait de l'avoir retrouvé. Rien que de le voir, face à moi, me rend complètement dingue. J'ai désespérément attendu cet instant depuis plusieurs semaines. Ma poitrine se soulève de plus en plus fort à chacune de mes respirations. Une chaleur se répand le long de mes jambes, je sens l'adrénaline s'emparer de mon corps.

Couldn't forget youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant