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ALMA

5 h 45. Une vibration émane du salon et me force à ouvrir les yeux. Sandro est allongé entre mes cuisses, sa tête reposant sur mon nombril. Je cherche du regard mon sac que je ne trouve pas. Après s'être arrêté, la vibration reprend de plus belle. Je le repousse délicatement pour me lever sans le réveiller.

Je finis par trouver mon sac près du canapé, le vibreur ne semble pas s'arrêter. Le nom de Gabriela s'affiche. Que se passe-t-il ? Elle doit sûrement se demander où je suis ! Je décroche en chuchotant.

— Gaby ?

— Almaaaa... j'ai besoin de toi !

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu n'es pas dans la chambre ?

— Ba non... je suis en plein centre ville et je ne me sens pas très bien.

Je me glisse discrètement dans la salle de bains pour éviter de réveiller Sandro.

— Mais qu'est-ce que tu fous là-bas ? Tu n'étais pas dans la chambre avec un mec ?

— Si mais on a décidé de ressortir en ville pour rejoindre les autres et j'ai picolé deux ou trois trucs... gros trou noir... bref je suis devant la boîte qui ferme, viens me chercher steeuuupléé !

— Tu fais chier avec tes plans a la con, envoie moi l'adresse, je vais essayer de trouver une voiture.

— Merci tu es un amouuuur.

Je regarde Sandro qui dort encore profondément. Il a vraiment besoin de se reposer et je décide de ne pas le réveiller. Je reçois le texto de Gabriela à peine quelques secondes après. Je regarde l'itinéraire sur le GPS, si je me dépêche, j'aurais sûrement le temps de revenir avant que Sandro ne quitte l'hôtel.

J'enfile mes sous-vêtements, ma robe et prends mes talons à la main. À l'entrée de la suite, je trouve un carnet et quelque stylos sur une commode, j'écris un mot à Sandro au cas où je n'aurais pas le temps de revenir avant qu'il ne parte :

J'ai du partir pour une urgence. Merci pour cette nuit magique.

Alma. 06******** .

Je dépose le mot sur l'oreiller à côté de lui. J'embrasse tendrement son front et quitte sa chambre.

En refermant la porte de la suite Bacchus, il me faut quelques instants pour reprendre mes esprits et d'accepter de laisser toute cette nuit fantastique derrière cette porte. Mon corps en ressent encore l'adrénaline qui le traverse à la simple pensée de Sandro.

Il est temps de retrouver Gabriela. Je traverse le couloir et j'ouvre la porte de ma chambre.

Je prends des baskets à la va-vite et je descends au septième étage jusqu'à la chambre de Bianca et Ugo. Je tambourine comme une folle pendant une bonne minute avant qu'Ugo finisse par m'ouvrir.

— Ugo il me faut les clés de la voiture, Gabriela est paumée en plein centre ville et ivre morte.

— Vas-y sers toi.

Encore dans les vapes, il se recouche instantanément.

— Tu veux que je t'accompagne ?

Je regarde Bianca me proposer son aide mais vu le temps précieux qu'il lui faut pour se préparer, je décline sa proposition. L'avion de Sandro n'attendra pas que Madame s'habille et je veux avoir une chance de lui dire au revoir.

Je prends la clé, quitte leur chambre et cours jusqu'à l'ascenseur. Je traverse la réception de l'hôtel a pas de loups et j'arrive au parking. Bordel, comment vais-je reconnaître la voiture dans toutes ces allées de belles bagnoles ? J'appuie sur le bouton de la clé en espérant que la voiture ne se trouve pas très loin. Miracle, les phares s'allument.

Après avoir roulé un quart d'heure, m'être trompé plusieurs fois de rues malgré la voix très directive du GPS, grillé quelques feux rouges, je retrouve Gabriela assise au sol à l'endroit exact qu'elle m'a indiqué. Je me précipite dans sa direction.

— Comment te sens-tu ma biche ?

— Oh Alma. Tu es venuue !

Bien sûr que je suis venue ! Ses yeux sont rouges et elle sent l'alcool à plein nez. Un homme géant aux muscles surdéveloppés, vêtu d'une tenue noire et d'une paire d'oreillettes se trouve près d'elle. De tout évidence, il semble être le videur de la boîte.

— Votre amie n'avait pas l'air bien. Elle titubait seule en sortant d'ici, je l'ai rattrapé avant qu'elle ne se fasse renverser par une voiture.

— Merci infiniment d'avoir pris soin d'elle.

— Y'a pas de quoi, mamzelle !

Je me tourne à nouveau vers elle.

— Comment t'es-tu retrouvée ici ?

— Je suis venue avec un gars du dîner. Je n'ai pas bu beaucoup... je te le jure. Il devait y avoir un truc dans mon verre. Et puis... je me suis sentie mal ... alors je suis sortie. Et puis je t'ai appelée.

— Allez Gabriela, on y va.

La voyant perdue et incapable de se lever, je me penche pour l'aider à se redresser. Ça s'annonce plus compliqué que prévu.

Une fois debout, mes bras la soutiennent et je n'ai pas d'autres choix que de prendre le temps de marcher en direction de la voiture. Dans un coin de ma tête je pense à Sandro, qui doit être réveillé et je regrette de ne pouvoir être à ses côtés et de profiter des dernières minutes avant son départ. Pourvu que j'arrive à temps. J'aimerais l'embrasser encore une fois, rien qu'une dernière fois. Une fois à la voiture, j'ouvre la porte côté passager pour installer Gaby à côté de moi mais elle préfère s'allonger sur la banquette arrière. Le colis chargé, je reprends le volant et me dirige en direction du Yeatman hôtel avec une seule pensée en tête : Pourvu qu'il soit encore là !

Gabriela a repris un peu de couleur mais s'appuie toujours sur moi pour marcher. Nous traversons le hall de l'hôtel et un des réceptionnistes se précipitent dans notre direction pour m'aider à supporter Gaby. Celle-ci en profite pour lui faire de l'oeil. Assez jeune et plutôt sympathique, il accepte de me donner un coup de main pour la monter jusqu'à la chambre. Arrivé au neuvième l'étage, je passe devant la suite de Sandro en me mordant la lèvre. Je ne sais même pas quelle heure il est. Je me dépêche d'ouvrir la porte de notre chambre. Le jeune homme pose Gabriela sur le lit qui s'endort immédiatement. Je le remercie pour son aide précieuse et le ramène à la porte. Je borde délicatement Gaby qui ronfle déjà et regarde ma montre.

6 h 41. Il n'y a clairement plus aucune chance pour que Sandro soit encore là. Mais mon corps me guide comme un aimant jusqu'à sa suite. Je dois en avoir le coeur net. Devant sa porte close, mon coeur bat la chamade dans ma poitrine. Je respire à pleins poumons et tape deux coups.

Couldn't forget youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant