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ALMA

10 décembre, 12 h 05.

C'est la première fois que je foule le sol italien. Je ne pensais pas qu'un jour je visiterais cette ville antique en plein mois de décembre même si le temps est encore doux et agréable. Chaudement habillé de mon grand manteau crème et de mon bonnet assorti, je traîne ma grande valise sur les pavés de la ville et me dirige vers la file de taxi juste devant la gare Termini.

Je n'ai pas réfléchi longtemps avant de prendre ma décision de partir pour Rome lorsque j'ai ouvert l'enveloppe et trouvé mon billet à l'intérieur. Je suis rentrée chez moi pour préparer mes affaires. J'ai prévenu Jony, mon employé que j'avais besoin de quelques jours de repos pour souffler. Ils se débrouilleraient très bien sans moi à la boutique.

Je suis passée chez Julian hier soir pour lui raconter que j'avais passé la nuit avec Sandro et que je comptais le rejoindre quelques jours à Rome. De mes amis, il était celui qui pouvait comprendre le mieux, cet élan de folie que j'étais en train de vivre. Il était ravi de ne pas avoir gâché mon idylle par son inadvertance et m'a grandement encouragé : « Vas-y fonce, éclate-toi, on n'a qu'une vie ». Son soutien était d'une importance capitale, moi qui n'avait jamais été capable de faire quoi que ce soit de fou, j'allais partir seule, rejoindre un homme dans un pays inconnu. Mais putain qu'est-ce que ça fait du bien ! De l'imprévu dans ma vie.

Je n'eus pas le temps de passer voir Bianca et Gabriela, j'aurais eu trop de choses à leur dire. Je me contenta d'envoyer un message commun pour les prévenir que je partais quelques jours à Rome pour le travail. Seul Julian était dans la confidence et je savais qu'il resterait discret le temps que je décide moi-même, de raconter tout ça aux filles.

Le taxi me dépose à l'adresse que m'a envoyée Sandro par message, un peu plus tôt dans la journée. Je me retrouve dans une petite ruelle calme non loin d'une grande avenue assez passante. Ce n'est pas devant un hôtel que le taxi me dépose mais devant un immeuble. Les indications du message me conduisent au dernier étage. Devant la porte, je trouve la boîte à clé et je tape dessus le code donné par Sandro.

C'est un loft d'environ quatre-vingts mètres carrés qui se cache derrière une vieille porte en fer. Une immense verrière en bois composée de petite niches abritant des plantes et de nombreux objets de décoration, sépare le vestibule du reste de la pièce de vie. Après avoir déposé mes affaires dans l'entrée, j'entre dans le salon, illuminé par d'immenses baies vitrées. De beaux fauteuils couleur terracotta et une belle bibliothèque qui a l'air de détenir des trésors ornent la pièce. Dans un coin, j'observe un petit bureau mal rangé recouvert de papiers près d'une belle cheminée en marbre. Elle me rappelle celle de la suite Bacchus à Porto. Les souvenirs de cette nuit où nous avons fait l'amour me font sourire. Sur ma droite, une cuisine semi-ouverte spacieuse mène à une porte qui donne sur un extérieur où une grande terrasse sans vis-à-vis offre un panorama splendide de la ville de Rome. Je reste bouche bée devant cette vue à couper le souffle. Je me retrouve nez à nez avec la basilique Saint-Pierre. Ce monument incroyable est connu comme un des piliers du catholicisme et l'un des plus importants lieu de pèlerinage au monde.

Je ne sais pas si cet appartement est celui de Sandro, mais si c'est le cas, il a tapé dans le mille pour m'en mettre plein la vue. Je préfère largement l'intimité de ce loft plutôt que les suites gigantesques des hôtels où il a l'habitude de séjourner lors de ses déplacements.

Je suis intriguée par une grande haie en jasmin étoilée qui se trouve dans un recoin de la terrasse. Un grand jacuzzi extérieur se cache derrière ces buissons. De quoi se réchauffer en ce mois de décembre !

Je décide en attendant des nouvelles de Sandro de me faire une boisson chaude. Des boîtes de thés multicolores sont impeccablement rangées sur les étagères de la cuisine. Je choisis un thé de Noël aux écorces d'orange et à la cannelle. Ma tasse à la main, j'en profite pour jeter un coup d'oeil à sa collection de livres. De nombreux ouvrages aux reliures incroyables défilent devant mes yeux. Cet homme à du goût en littérature. Décidément, il a tout pour me plaire ! Je ne trouve aucune photo dans son appartement. Pas de portrait de famille, ni d'amis. Je me glisse dans un des fauteuils et tire un plaid sur mes jambes. Je me mets à rêver et imaginer mon séjour ici. J'espère que l'on pourra visiter Rome et passer un peu de temps ensemble, pour se découvrir. Est-ce qu'il me plaira toujours après ces quelques jours passés ensemble ? J'ai envie d'y croire.

Un bruit de porte qui claque me sort de mes pensées et Sandro apparaît derrière la verrière. Il ôte son long manteau camel, ses bottines en daim et se dirige vers moi le sourire jusqu'aux oreilles. Ses lèvres attrapent les miennes et m'embrassent fougueusement. Un frisson me parcourt dès qu'il me touche.

— Bonjour ! Tu as fait bon voyage ?

— Le vol s'est bien passé. Je suis contente d'être ici. Cet appartement est à toi ?

— Oui je l'ai acheté il y a quelques années. Tu es la première à découvrir cet endroit. Je viens ici quand j'ai quelques jours de repos pour me ressourcer. Tu as admiré la vue de la terrasse ?

— Oui j'ai vu, j'espère que l'on aura l'occasion de visiter !

— Bien sûr, on fera tout ce que tu veux Alma.

Il m'embrasse à nouveau, ses doigts glissant délicatement dans mes cheveux. Mon coeur fond comme du chocolat.

Après avoir monté ma valise dans la chambre qui se trouve en haut de la mezzanine, j'en profite pour me rafraîchir du voyage et prendre une bonne douche. La salle d'eau est à côté de la chambre. Spacieuse comme le reste du loft, elle abrite une belle baignoire ronde en fonte en plein milieu de la pièce en béton cirée. J'ôte mes vêtements et me glisse à l'intérieur. Le fond de la baignoire est glacé mais l'eau chaude me réchauffe vite le corps.

J'entends la voix de Sandro à l'étage en dessous, il est en train de parler au téléphone. Je ne distingue pas ses paroles mais le simple fait de sentir sa présence me rend euphorique. Je n'en reviens toujours pas d'être ici avec lui. Moi qui pensais ne jamais le revoir. La vie nous a à nouveau réunis. Il faudrait être fou pour ne pas oser vivre à fond cette histoire.

J'attrape une petite serviette propre que je trouve sur le rebord du lavabo et m'enveloppe dedans. Elle est tellement courte qu'elle couvre à peine le bas de mes fesses. Ayant laissé la valise dans la chambre, je rouvre la porte pour aller me chercher des habits propres.

Couldn't forget youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant