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ALMA

Sandro rentre vers 18 heures et me réveille de ma sieste en déposant ses lèvres sur mon front. Il a l'air fatigué mais m'assure que son rendez-vous s'est bien passé. Il se blottit contre moi dans le fauteuil en cuir et ferme les yeux quelques instants. La sonnerie de mon téléphone retentit et le réveil en sursaut.

— Excuse-moi, je vais l'éteindre.

Je me lève en direction de la cuisine et jette un coup d'oeil au numéro. C'est encore Marco. Il ne lâche décidément pas l'affaire. Sandro se lève et se dirige vers moi. Je m'empresse de poser mon téléphone à l'envers sur le plan de travail de la cuisine. Il arrive à ma hauteur et m'enlace, son torse contre mon dos, son odeur de bergamote remontent le long de mes narines.

— Hum ! Ça sent délicieusement bon. Je vois que tu as pris tes marques ici ! Je sens que je vais me régaler ce soir.

Pendant que je me change pour la soirée, Sandro dresse la table sur la terrasse et allume les radiateurs extérieurs. De belles bougies viennent éclairer ce petit coin d'intimité. Sur un coin de la table, je remarque un beau bouquet de fleurs. Un bouquet de camélia. Ce clin d'oeil à mon oeuvre préféré m'émeut immédiatement. J'ôte une fleur du bouquet qui sent divinement bon et je lui tends comme un cadeau.

— Merci et en quel honneur m'offrez-vous cette fleur, Madame ?

— Elle symbolise que je suis à toi et uniquement à toi.

S'il a lu ce roman comme moi, il sait ce que signifie le symbolisme de cette fleur. Ses yeux s'ouvrent en grand et me fixent avec étonnement.

— Tu veux dire que tu ne verras plus d'autres hommes ?

— Je n'en ai pas envie, Sandro.

Il s'avance et me serre fort entre ses bras.

— Oh Alma ! Je ne le veux pas non plus ! Je ne peux pas t'imaginer dans les bras d'un autre ! Il semble tellement heureux. Sa sincérité est perceptible dans ses mots et j'ai envie d'être honnête avec lui.

Je ne peux pas l'imaginer non plus toucher une autre femme. Mais ai-je le droit de lui demander cette exclusivité ? Nous risquons de ne pas nous revoir pendant des mois. Serons-nous capables de surmonter cela ? Je n'en étais pas sûre. Mais l'imaginer déshabiller une autre, lui faire l'amour et la faire vibrer comme je vibre m'est insupportable. Cette envie de le posséder grandit en moi au fur et à mesure des heures que je passe à ses côtés.

Nous dînons tranquillement en écoutant de la musique classique : Vivaldi, Chopin, Bach, Einaudi. Chacun notre tour, nous faisons découvrir à l'autre nos morceaux préférés. Le repas est succulent et mes cookies clôturent le repas en apothéose. Sandro est comme un enfant devant ce dessert que je lui ai concocté. Il me fait la surprise de me jouer un peu violon. Je pourrai passer des heures assise à le regarder avec son air si concentré, frotter les cordes de ce petit objet époustouflant.

Après cette parenthèse musical, je n'ai pas envie de gâcher la bonne humeur de la soirée mais je décide malgré tout de lui parler de ce qu'il s'est passé dans l'après-midi. J'ai besoin d'avoir une explication et de voir sa réaction. Ce que je lui raconte de ma filature dans la basilique Saint-Pierre n'a pas l'air de le surprendre mais je sens que la colère l'envahit. Il doit savoir quelque chose !

— Alma, je suis désolé. Tu as du être suivi à cause de moi.

— À cause de toi ? Je ne comprends pas, qui pourrait faire ça ?

Son silence me laisse envisager tout et n'importe quoi.

— Sandro, tu peux tout me dire ! J'ai besoin de connaître la vérité ! Ce qui s'est passé cet après-midi m'a foutu les jetons !

— Alma, il y a des choses que je ne peux pas te dire ! Pas parce que je ne le veux pas mais parce que je te mettrais en danger ! Nous travaillons parfois pour des gens dangereux ! De gros soupçons pèsent sur nous tous depuis quelques semaines ! Je suis dans le collimateur comme beaucoup d'autres de chez Verme. Mais je ne pensais pas qu'il serait capable de s'en prendre à toi et de te faire suivre. Je n'aurais jamais du te faire venir à Rome.

Je ne comprends pas grand chose à ce qu'il me dit mais ses paroles commencent à m'effrayer.

— Quel danger ? De quoi sont capables ces gens ?

— Tu ne dois pas t'inquiéter Alma, ce n'est pas après toi qu'ils en ont mais je pense que tu devrais rentrer dès demain.

— Quoi ? Tu veux que je parte ?

— Non mon amour, je ne veux pas que tu partes, mais il le faut. Ces gens peuvent être prêt à tout pour me causer du tord, je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose à cause de moi. Je ne le supporterai pas.

Je repense soudainement aux mots de Marco : il est dangereux !

En quoi Verme peut-elle être soudainement devenue une entreprise qui suit ses employés et les met en danger ? Tout cela me dépasse mais les mots de Julian résonnent encore moi : Suis ce que ton coeur te dit Alma ! Je ne veux pas partir, je me sens tellement bien ici, avec lui. J'ai l'impression de vivre enfin.

Mon coeur tambourine dans ma poitrine prêt à exploser. Mes yeux commencent a se remplir de larmes.

— Mon amour, regarde-moi. Il faut que tu me fasses confiance. Je vais finir de régler ce que j'ai à faire ici et je viendrai te retrouver à Lisbonne, c'est promis.

Fais-lui confiance Alma ! Il t'aime ! Il ne veut que ton bien !

Très bien ! Je vais rentrer à Lisbonne.

— Merci mon amour.

Ses lèvres douces se posent sur les miennes de soulagement.

Sandro s'absente quelques instants au téléphone puis revient quelques minutes plus tard m'annonçant que je prendrai l'avion de dix heures demain matin.

J'ai l'impression que mon petit monde s'écroule tout à coup. Un mélange de peur et d'inachevé me reste un peu en travers de la gorge mais j'ai décidé de lui faire confiance. Je prendrai cet avion.

Il me reste que quelques heures ici à profiter avec lui et je ne veux pas perdre une seconde de cette soirée autrement que dans ses bras

Couldn't forget youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant