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ALMA

Après avoir roulé pendant près de vingt minutes, Ugo emprunte un chemin boueux surplombé par deux panneaux rouges : domaine privé et sentier dangereux. Malgré l'allure de la voiture à dix kilomètres heures, nous sommes secoués sur la banquette arrière comme dans un manège à sensations. L'allée est pleine de bosses et des branches semblables à des troncs d'arbres, jonchent également le sol. Au bout d'une centaine de mètres, nous arrivons devant une grange d'agriculteur qui semble abandonnée. Il n'y a pas d'éclairage extérieur et la nuit est très sombre.

Un porte de garage gigantesque s'ouvre électriquement et Ugo guide la voiture à l'intérieur.

— Ne bouge pas Alma, je reviens.

Il descend de la voiture et disparaît quelques instants. Je suis plongée dans une pénombre pendant quelques secondes. Le froid s'est engouffré dans l'habitacle de la voiture, il n'y a pas un bruit autour de nous, seul le souffle chaud de Sandro sur ma main me rappelle que je suis encore en vie.

Tout à coup, une lumière éclatante vient éblouir mes pupilles. Des centaines de spots s'allument, une dizaine de mètres au-dessus de nous. Ugo ouvre la portière et fait descendre Sandro de la voiture.

— C'est bon, je peux marcher tout seul !

Je me dirige derrière ces deux hommes, dans ce qui semble être un parking, où plusieurs voitures de différentes sortes sont garées. Nous empruntons une petite porte dérobée, verrouillée par un boitier high tech, après qu'Ugo ait tapé le code.

Nous pénétrons dans un endroit irréel : une pièce d'environ 200 mètres carrés. Sur ma gauche, du matériel informatique dernier cri : des écrans géants, des ordinateurs; de l'autre, des coffres fermés avec la mention : armée. J'avance lentement, observant tous les recoins de la pièce. Sandro et Ugo se dirigent vers ce qui semble être un salon. Je continue ma visite des lieux, choquée et incapable de faire une déduction logique de tout ça. Un grand tableau en liège habille un des murs. Dessus, une carte du monde, des photos de personnes avec des noms reliés par des fils rouge. Je m'avance plus près. Est-ce vraiment ce à quoi je pense ? Ugo arrive sur mes talons et abaisse un grand rideau par-dessus pour m'empêche de regarder.

— Plus tard Alma. Ce n'est pas le moment. Viens.

On se dirige vers Sandro qui s'est allongé sur l'un des canapés du salon. Un homme de petite taille se tient près de lui et tente d'enlever délicatement le lambeau de ma robe qui lui sert de compresse. D'où sort-il ? Je ne l'ai même vu entrer dans la pièce.

— Je te présente notre ami Peter. Il va soigner Sandro.

— Bonjour Alma.

— Bonjour, je lance timidement.

Peter, qui a l'air de connaître mon prénom, est un homme brun légèrement dégarni sur le dessus. Sa peau est claire et il parle avec un accent français. Ses mains sont enveloppées dans une paire de gants en vinyle. Il a l'air de savoir ce qu'il fait.

Je me tourne discrètement vers Ugo et lui demande discrètement à l'oreille.

— Cet homme est médecin ?

— Le meilleur !

— Ok Sandro, tu as perdu beaucoup de sang, je vais devoir te recoudre. Tu peux marcher jusqu'à la table ?

De quelle table parle t-il ? Sandro se lève et le suit dans un cube de verre qui ressemble à un bloc chirurgical d'hôpital.

— Ugo ! Emmène Alma se changer. Elle n'a pas besoin de voir ça ! lâche Sandro.

Couldn't forget youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant