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ALMA

19 h. L'eau de la douche s'écoule lentement sur mon corps endolori. Cela doit faire une demi-heure que je suis immobile à regarder la vapeur autour de moi. Mon coeur bat toujours aussi rapidement dans ma poitrine. Je sens l'adrénaline remonter le long de mon ventre dès que je pense à lui.

Je songe à la première fois où je l'ai vu dans cette cave, à la sensation que j'ai éprouvée lorsqu'il a pris ma main dans la sienne, à l'odeur citronnée qui émanait de sa peau, à sa façon de me parler, à son regard à la fois séducteur mais aussi sensible et troublé. Le revoir aujourd'hui m'a fait un électrochoc. Mais j'ai compris une chose : je l'ai dans la peau. Il arrive parfois qu'une personne puisse nous faire chavirer en un regard sans que nous ne puissions rien contrôler.

Est-ce que le retrouver ce soir est une bonne idée ? Et si tous ces actes manqués avaient eu lieu pour finalement nous permettre de nous retrouver au bon endroit au bon moment ?

Mon portable sonne sur le rebord du lavabo et me sort de mes pensées.

J'attrape ma serviette molletonnée et me sèche de la tête au pieds.

C'est un message de Matéo :

« Ok pour 21h ce soir chez moi. »

Et merde ! Je lui ai proposé ce matin de passer la soirée ensemble, mais c'était bien avant ma rencontre impromptue chez Verme.

Deux hommes, deux rendez-vous à la même heure.

Je n'éprouve pour Matéo, aucun sentiment d'attachement. C'est un garçon formidable mais il ne me fait pas vibrer. Et puis je ne suis pour lui qu'une distraction, rien de plus.

« Petit imprévu, je ne pourrai pas venir ce soir. »

Je prendrai le temps de l'appeler un autre jour. Je suis assez chamboulée par cette journée et je n'ai pas encore les idées aux claires pour savoir où j'en suis.

Depuis ma rupture avec Marco, je me suis prouvée à maintes reprises que j'étais capable de faire des folies. Je me dois d'aller au bout des choses même si ça risque de me faire du mal à nouveau. Pas question de laisser filer Sandro cette fois, du moins pas sans réponses à mes questions. J'ai besoin de le revoir, de savoir s'il éprouve quelque chose pour moi où s'il me considère comme une conquête de plus.

Je me prépare assidument. De l'épilation jusqu'au maquillage, je tiens à être parfaite. J'enfile une robe verte émeraude courte avec des manches bouffantes et mes petits talons noirs. Un dernier coup de rouge à lèvres, un peu de parfum, me voilà enfin prête à faire la lumière sur toute cette histoire.

20 h 50. Le taxi me dépose devant le Grand hôtel. Un tapis rouge brique m'amène jusqu'au hall d'entrée. Je ne suis jamais rentrée à l'intérieur de cet établissement et je comprends très vite pourquoi. D'un luxe inégalable, le Grand hôtel me rappèle le standing du Yeatman à Porto. De grandes hauteurs sous plafond aux moulures blanches et dorées, des dizaines d'employés tirés à quatre épingles. C'est clairement le genre d'endroit dans lequel je n'aurai jamais les moyens de m'offrir une chambre. Après un rapide coup d'oeil, je me dirige vers le bar qui se situe dans un grand salon vert sapin. Je marche doucement dans la pièce en essayant de repérer Sandro. En entrant, les gens me dévisagent de haut en bas. C'est vrai que j'ai mis le paquet sur la tenue. Trop peut-être ? Ne le voyant pas, j'ai instantanément une angoisse qui me monte. Et s'il ne venait pas ?

J'entends des bruits de pas qui se rapprochent derrière moi accompagnés d'une odeur que je reconnais.

— Tu es venue !

Couldn't forget youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant