Couldn't forget you

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ALMA

La fête du nouvel an de Gaby est incroyable. Niveau décoration, elle a mis le paquet. Des bougies sont disposées un peu partout dans le salon, des guirlandes lumineuses et des ballons pailletés ornent les murs de son appart. Dans l'entrée, elle a fait installer une branche de gui. Je ne sais pas qui elle a prévu d'embrasser dessous, mais la soirée m'apportera sûrement la réponse.

Côté repas, Gaby n'étant pas très bonne cuisinière, a opté pour des petits fours venant d'un traiteur du centre de Lisbonne. Pour le dessert, j'ai apporté un assortiment de mes dernières créations : macarons à la pistache de Bronte, chocolat et fraise; petits choux à la crème et fève tonka; et tartelettes au citron yuzu. Le tout accompagné de bon vin et d'un peu de champagne pour célébrer cette année qui se termine.

Tous les invités passent une excellente soirée. Je suis heureuse de revoir Rafaël. Depuis Porto, sa relation avec Julian a été quelque peu mouvementée mais mon meilleur ami a enfin réussi à lui ouvrir son coeur et j'espère sincèrement qu'ils seront heureux ensemble.

Bianca quant à elle, ne fréquente personne depuis sa rupture avec Ugo. Malgré le fait qu'elle nous affirme en permanence qu'elle va bien, je sais que ça l'a affecté profondément.

— Alma, ma chérie ! Ça me fait plaisir de te voir ! Tu n'as pas répondu à mes appels cette semaine !

— Bianca, je suis désolée. Avec les fêtes de fin d'année j'ai été surchargée de travail. Tu as passé un bon Noël ?

Je n'ai pas revu Bianca depuis au moins deux semaines. Elle est partie quelques jours dans sa famille pour les fêtes. Malgré ses nombreux appels, je ne me sentais pas de lui répondre. Je savais qu'elle me demanderait si j'avais vu Ugo à la soirée de Verme et je n'avais pas, sur le moment, envie d'en parler. Il m'avait fallu du temps pour digérer tout ça et inventer un autre déroulé de la soirée à raconter à mes amis.

— Oui super. J'ai pris un peu de temps pour moi loin de Lisbonne, pour me ressourcer aussi.

— Tu as bonne mine. Je suis contente que tu te sentes mieux.

— Tu l'as revu ?

— Oui... à la soirée de Noël de Verme.

— Il t'a parlé de moi ?

— C'est moi qui lui aie parlé de toi. Je lui ai dit à quel point il avait été bien stupide de quitter une fille aussi géniale. Mais je vais te dire sincèrement ce que je pense Bianca, son travail est sa priorité et tu n'aurais pas supporté une vie à ses côtés. Crois-moi.

— Je sais, mais pour une fois que je rencontrais quelqu'un de bien...

— Tu es jeune, belle et intéressante. Tu rencontreras une autre perle rare.

— Merci Alma ! Julian m'a racontée ce qu'il s'était passé avec Marco... j'espère que tu te sens mieux !

— Oui et sans Ugo pour l'arrêter je n'ose imaginer ce qu'il aurait pu faire. Mais ne parlons pas de ça. J'ai besoin de passer à autre chose. L'année a été compliquée.

— Toi aussi, tu rencontreras ta perle rare Alma, j'en suis sûre.

J'ai envie de dire à mon amie, que je l'ai déjà trouvée et qu'il me tarde de pouvoir à nouveau être dans ses bras. Mais je ne peux rien leur dire et je ne préfère pas me lancer dans d'autres mensonges qui risqueraient de trahir le secret que je dois garder.

Je m'empiffre de petits fours tout en dansant au milieu de la piste. Je me sens bien ce soir. Ce petit mot de Sandro m'a donné du baume au coeur. Je repense à ces mots d'amour d'Armand Duval à Marguerite Gauthier. Eux aussi ont vécu une histoire d'amour compliquée. Ils se sont aimés d'une passion née d'un seul regard, avant que leur relation ne subisse tant de mésaventures. Je ne veux pas finir comme Marguerite, seule, ne pouvant jamais revoir l'homme que j'aime. Je crois en la vie, en l'amour et je crois en Sandro.

Gaby me rejoint au milieu du salon et danse avec moi.

— Je suis contente de te voir joyeuse. J'étais inquiète pour toi.

— Je vais bien Gaby.

Nous nous dirigeons tous les deux vers la cuisine où un de ces collègues nous sert deux verres de champagne.

— Alma, Je te présente Diego, il est professeur de français à la fac.

— Enchantée Diego.

Elle me traîne à l'écart.

— Comment tu le trouves ? Il est mignon, non ?

— C'est pour lui que tu as fait mettre une branche de gui dans ton entrée ? Ça marche encore ce vieux coup ?

— Les coups les plus ringards sont les meilleurs. Alma j'ai réfléchi à ce que tu m'as dis tout à l'heure concernant le Park bar et je connais bien un des vigiles, si je me débrouille bien, je pense qu'il y a moyen que l'on puisse avoir accès aux vidéos de surveillance.

— Tu accepterais de faire ça pour moi ?

— Je pense que tu es folle... mais tu as tellement souffert que tu mérites la vérité. Si Marco et Teresa se sont foutus de toi, on en saura peut-être plus grâce aux caméras du bar.

Un élan de joie me traverse et je saute au cou de Gaby, la remerciant de me filer ce coup de main.

— N'en parle pas aux autres, d'accord ? J'ai besoin d'abord de voir ce que l'on va trouver.

— Je suis d'accord. Je ne te garantis pas que ça va marcher mais je vais essayer de faire mon possible pour toi Alma.

Ce que nous nous apprêtons à faire est complètement fou. Je repense à Marco et Teresa. S'il y a une quelconque relation entre eux depuis tout ce temps, quels sont leurs sentiments l'un pour l'autre ? Marco m'a demandée en mariage à une soirée où elle était là. À quoi jouait-il ? Ont-ils vraiment essayer de piéger Sandro ? Est-ce que ce sont eux qui sont à l'origine de la mort des agents de Verme ?

Je vais devoir redoubler de prudence et envisager toutes les possibilités si je veux aider l'homme que j'aime. Si ma mère m'a appris quelque chose avec son métier d'avocat c'est que n'importe quel suspect peut se faire passer pour un innocent et vice-versa.