Couldn't forget you

10

ALMA

17 h 35. Gabriela déambule nue dans la chambre lorsque j'ouvre la porte.

— Alma, te voilà enfin ! Tu n'aurais pas vu ma robe pour ce soir ? Ça fait dix minutes que je la cherche partout !

— Je te l'ai accrochée sur un cintre dans le placard de l'entrée.

— Ah merci, comment s'est passé ton après-midi « picole » ?

J'ai envie de tout lui raconter, lui dire à quel point je suis chamboulée mais ce qui vient de se passer n'est pas encore clair dans ma tête. Je connais ma meilleure amie et je ne veux pas qu'elle me mette mal à l'aise ce soir à vouloir que je lui montre mon coup de coeur de l'après-midi. Cette parenthèse magique avec Sandro va rester pour moi seule, pour le moment.

— C'était top. J'ai appris plein de choses et dégusté beaucoup de bon vins. Un super moment. J'ai croisé ton mec d'hier soir d'ailleurs !

— Anton ? Ah ! Et alors il t'a parlé de moi ?

— Non, nous ne nous sommes pas parlé. Je l'ai croisé à peine deux minutes dans la journée.

Il faut dire que ma visite guidée a été quelque peu distraite.

Gaby me raconte l'après-midi au Spa. Elle a adoré le massage et se sent détendue et prête pour cette nouvelle soirée.

Je réalise que j'ai gardé le pull de Sandro sur mes épaules. Son odeur y est encore imprégnée et en la sentant, je reçois une décharge d'hormones jusque dans le bas du ventre. Je le range dans le tiroir de ma table de nuit en attendant d'avoir peut-être la chance de lui rendre.

Je prends la direction de la salle de bains où je me fais couler un bain brûlant. J'ai besoin d'un bon moment de détente pour remettre mes deux pieds sur la terre ferme. Ce soir, je dois m'excuser auprès de Martin pour mon échappée de la veille. Je me dis que j'ai bien fait de ne pas aller plus loin avec lui. Je n'ai éprouvé aucune attirance en l'embrassant contrairement à ce que j'ai ressenti au simple contact de Sandro aujourd'hui. J'en ai encore des papillons dans le ventre.

Même Marco ne m'a jamais procuré cette sensation aussi forte à notre première rencontre. Putain Alma, ressaisis-toi. Ce n'est pas le moment de s'amouracher de cet homme. Il n'a guère le temps pour une relation sérieuse et je ne tiens pas à avoir le coeur brisé, pas en ce moment. Je mets mes écouteurs bluetooth dans mes oreilles et je lance ma playlist des « Quatre saisons » de Vivaldi. Mes orteils plongent en premier dans cet océan de mousse et ils sont rejoint par mon corps tout entier qui se délecte instantanément. Des pots en verre remplis de sels de bains aux multiples couleurs sont posés le long de la baignoire. J'en choisis un qui sent la vanille et je déverse son contenu.

En cet instant, plein de souvenirs me passent par la tête : la rupture brutale avec ma mère, mes amis, ma relation avec Marco. Tant de choses me paraissent de plus en plus clair avec le temps. Cette histoire d'amour m'a aidée à me sentir rassuré et protégé dans des instants où je ne savais plus où j'allais. Aujourd'hui je comprends que les intentions de Marco n'étaient pas de m'élever à ses côtés mais de me garder égoïstement pour lui. Je ne regrette rien, ni ce que l'on a pu vivre et encore moins de l'avoir quitté. Les expériences sont faites pour nous faire grandir, évoluer et nous guider sur un autre chemin. Je finis par m'endormir au son des instruments à corde. C'est Gabriela qui me réveille en rentrant brusquement dans la salle de bains déjà en tenue de soirée.

— Qu'est-ce que tu fais ? Tu rattrapes ta nuit ? Il faut descendre dans vingt minutes !

— Quoi ? Déjà ? Combien de temps ai-je dormi ?