Chapitre 23 - Neva

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Je manque de percuter le canapé d'angle qui occupe la moitié du séjour en me dirigeant en hâte dans la salle de bain pour m'y enfermer. Je verrouille la porte et plaque mon dos contre celle-ci. Les yeux fermés, la tête en arrière, j'essaye de retrouver mes esprits.

Qu'est-ce que je fais ?

Agathe a insisté pour me verser une lichette de liqueur de cerise dans mon verre, c'était plus une averse qu'une lichette et moi qui ne bois jamais d'alcool, je crois que ça commence à me monter à la tête.

Mes joues s'enflamment et mon cœur bat plus fort que d'habitude.

J'ai chaud.

J'ouvre les yeux et en profite pour me passer de l'eau froide sur le visage et dans la nuque.

Je recoiffe mes cheveux que j'avais légèrement bouclés pour l'occasion.

Je me sens déjà un peu mieux. C'est à cause de la liqueur. Oui, c'est certainement la liqueur qui me fait cet effet-là.

Je saisis mon téléphone qui est dans ma poche et je constate plusieurs notifications. Cinq messages non lus. Trois messages vocaux. Tous venant de Laël. Je m'appuie de nouveau contre la porte et me laisse glisser le long de celle-ci pour m'asseoir au sol.

Les instants de cette planque qui avaient plutôt bien commencé me reviennent en tête. Je dois admettre que je me sentais bien à ses côtés, presque en confiance. Il a cette assurance et cette bienveillance qui émane de lui et qui me fait du bien. C'est comme si nous étions seuls au monde au milieu de cette forêt et surtout proches, très proches.

Ses gestes à mon égard m'ont fait frémir et si je suis honnête, cette nuit-là, ma bouche n'attendait que la sienne. Plus rien d'autre n'existait autour de nous et c'était presque comme si on avait oublié ce qu'on était venus faire initialement.

Pourtant, je m'étais refusé de m'ouvrir à une quelconque relation avec un homme mais ces fichues sensations sont incontrôlables.

Puis tel un bon vieux film d'horreur, le monstre est apparu. Je n'ai même pas eu peur pour ma vie en premier lieu, j'ai surtout pensé à Dalia. Et ensuite tout s'est passé tellement vite que je n'ai pas eu le temps de réfléchir à quoi que ce soit mais par chance Laël est plutôt réactif et nous a vite sortis de là. Je lui en suis tout de même reconnaissante. C'est vrai que j'avais minimisé les risques, Stein me paraissait dangereux mais je n'imaginais pas à ce point.

Frôler la mort, je connais. Même si c'était sous des coups, ressentir de nouveau cette panique m'a tout de même perturbée. C'est pour cette raison que j'ai accepté que Laël me dépose jusqu'à chez moi, je voyais en lui quelqu'un qui ne me ferait jamais de mal.

Et pourtant... je passe ma vie à me tromper sur les gens. Je me sens tellement stupide.

Je retiens un sanglot dans ma gorge et des larmes coulent le long de mes joues. Cette liqueur de cerise me fait vraiment passer par tous les états.

Je me reprends puis lis et écoute ses messages. Il me dit qu'il est dans une situation compliquée mais rien de plus. Encore des excuses. Je sens dans sa voix une certaine inquiétude. Sa voix qui d'habitude est tellement rassurante et confiante. Il a quand même une belle voix.

Mes mains frottent mes joues pour sécher toute trace de larmes de mon visage.

Mais c'est fini, je ne veux plus me faire avoir et je ne veux plus souffrir. Je ne veux pas me laisser attendrir. Il doit assumer ses actes. Il ne peut pas jouer avec moi et ensuite être avec une autre. Je ne veux plus avoir mal. Je ne veux pas lui parler pour qu'il essaye de se trouver des excuses et qu'il pense pouvoir me retourner le cerveau. Je préfère retirer le pansement d'un coup avant que ça ne soit trop douloureux plus tard.

Quand le coeur balance...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant