Je me suis levée à l'aube en ce samedi matin, car je souhaitais passer à l'association mais aussi parce que mon sommeil est définitivement en dent de scie. Lorsque l'on éteint les lumières et qu'on se retrouve seule avec soi-même, on ne peut plus échapper à ce qui nous hante. J'ai beau tenter de me fuir, de m'évader de tout ce qui résonne dans ma tête, je ne peux pas me dérober longtemps. Tous ces échos me reviennent dans le silence de la nuit. Les traumatismes sont des cicatrices invisibles, des voix que nous seuls entendons, murmurant insidieusement, continuellement, nous rappelant sans cesse ce qui a été brisé en nous. Mais tout ce qui est brisé ne peut-il pas être réparé un jour ? En sortant de ma zone de confort, j'ai finalement constaté qu'elle n'était pas si confortable que ça. C'était plus qu'agréable d'être proche de Laël même si je n'arrive pas encore à mettre des mots sur ce que j'ai ressenti. Si bien que ça fait une semaine que je le fuis malgré ses invitations à boire un verre, à se promener, à simplement se voir. J'ai inventé mille et une excuses pour ne pas me retrouver seule avec lui. Pourquoi ?
La peur, certainement. La peur de m'attacher, la peur qu'il m'abandonne, la peur qu'il me fasse mal, qu'on se fasse mal, comme si un jour ou l'autre ça devait arriver, comme si c'était inévitable. Comme si toutes les histoires d'amour finissaient mal.
J'ai besoin d'être seule pour réfléchir. C'est pour cette raison que ce matin, je suis à l'association en train d'imprimer et d'accrocher toute sorte de citations inspirantes sur les murs en guise de décoration. Pour me motiver peut-être mais aussi pour inspirer toutes les femmes qui pourraient mettre les pieds ici. J'en ai écris une moi-même que j'accroche fièrement dans la pièce principale. « J'ai toujours pensé que le courage signifiait oublier et passer rapidement à autre chose. En réalité, le courage c'est souffrir, être au plus bas et revenir plus forte.»
Un sourire satisfait se dessine sur mon visage et mes yeux font le tour de la pièce. Les mots ont un pouvoir, ils peuvent nous briser comme nous élever et ceux qui m'entourent sont source de force et de combativité. C'est exactement ce que je pense de toutes les femmes. Nous sommes la force et la combativité.
Un tintement aigu me sort de mes pensées et je me dirige vers la porte d'entrée pour l'ouvrir. Est-ce qu'Agathe a oublié ses clés ?
Ma bouche s'ouvre puis se ravise et mes sourcils se froncent.
– Liam ? Si tu cherches Agathe, elle n'est pas encore là.
Il retire son bonnet gris et secoue ses cheveux noirs en bataille.
– Neva, c'est toi que je voulais voir, est-ce que je peux entrer ?
Moi ? Pourquoi ?
Je serre contre moi les feuilles que je devais encore accrocher.
– Entre.
Liam se dirige vers le séjour et prend place sur le canapé.
– Est-ce que tu veux boire quelque chose ? J'ai du café, du thé...
– Je veux bien un café sans sucre, merci.
Je me dirige vers la cuisine en me posant des millions de questions. Est-ce qu'il y a un problème avec Agathe ? Est-ce qu'il veut des conseils sur sa relation ? Je ne suis pas sûre d'être la personne la mieux placée pour donner des conseils sur les relations amoureuses.
Lorsque je reviens vers lui, je lui tend la tasse de café qu'il saisit en me remerciant et m'assoit à ses côtés. Liam me suit du regard mais n'affiche aucune expression. Il m'inquiète.
Je m'éclaircis la voix et respire profondément avant de prendre la parole.
– Pourquoi voulais-tu me voir, Liam ?
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Quand le coeur balance...
RomanceNeva a connu le pire mais n'a jamais abandonné son rêve : devenir avocate. Déterminée, elle se destine à lutter contre les violences faites aux femmes. Son dessein mettra sur son chemin, Dalia, une femme blessée, que Neva tentera de convaincre par t...