Chapitre 58 - Neva

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J’ai totalement perdu la raison. Je me suis abandonnée à une pulsion, à une envie irrépressible de mettre fin à cette tension entre nous. Je pensais que ça éteindrait le feu mais ça l’a embrasé encore plus. C’est de sa faute. Ses yeux. Sa bouche, ses mots. Surtout ses derniers mots qui semblaient étonnamment sincères. J’ai toujours eu la sensation qu’il jouait avec moi mais quand il a murmuré ces mots, c’était criant de vérité. Je crois qu’il a été honnête et c’est pour cette raison  qu’il voulait fuir mais je ne l’ai pas laissé faire. Ce soir, j’avais envie qu’on vive cette vérité, qu’on se libère de cette tension qui nous lie, de toutes ces émotions refoulées.

Mais je n’avais pas imaginé que ça se passerait ainsi. Je le déteste. Je le déteste mais je le désire. Je déteste le désirer. Il m’a fait perdre la tête, ses lèvres contre les miennes, ses mains explorant chaque partie de mon corps, ses doigts et sa langue s’invitant dans mon intimité, me faisant frissonner, vibrer, rêver qu’il ne s’arrête jamais. Je fais sauter mes peurs et inhibitions avec lui. Mais je ne sais pas ce qu’il m’arrive, j’ai chaud, tellement chaud, des gouttes de sueurs perlent sur mon front et j'aperçois le piano en double, ma tête tourne, tout tourne. J’ai des vertiges… Il faut qu’on s’arrête. Il y avait quoi dans ce jus d’orange ?

Je crois que je délire, je ris mais je ne sais même pas pourquoi. Aaron me porte et je me blottis contre lui. Comment peux-tu être aussi attirant et insupportable à la fois ? J'ai pensé à voix haute. Mes doigts effleurent son visage. Il est si beau.

Je me recroqueville sur moi-même, le front contre la vitre alors qu’Aaron met le contact et démarre la voiture. Je sens ses doigts dégager quelques mèches de mon front pour les replacer derrière mon oreille. Je frissonne. Puis, j’ai chaud. Est-ce que c’est l’effet Aaron comme dirait Liam ?

Le trajet me berce, le silence qui s’est installé entre nous est apaisant. Parfois les silences valent plus que des mots. Je crois qu’on est enfin arrivés car je n’entends plus le moteur qui rugit. Aaron me porte de nouveau contre lui jusqu’à l’appartement puis me repose enfin au sol, une fois la porte verrouillée.

– Tu peux arrêter de me porter comme si je ne savais pas marcher toute seule ? dis-je en vacillant légèrement vers la droite.

Aaron se pince les lèvres pour contenir un rire.

– Tu ne sais plus marcher toute seule, Neva.

Il s’approche de moi et me porte de nouveau en se dirigeant vers sa chambre puis me pose dans son lit. Je n’ai même pas la force de répliquer car je sens mes jambes en coton. Il défait mes lacets, retire mes chaussures et les balance au sol. Je m’étale dans son lit puis roule sur le ventre. Aaron quitte la pièce puis revient avec un grand verre d’eau qu’il pose sur la table de chevet.

– Il faut que tu t’hydrates, ça va aller mieux.

Je me replace sur le dos, me redresse pour m’assoir en tailleur puis retire mon pull sous le regard d’Aaron qui se détourne vers la fenêtre. J’ai tellement chaud.

– S’il te plaît, Neva…

– Tu ne veux pas qu’on reprenne ce qu’on faisait plus tôt ?

– Non. Pas dans ton état, Neva.

J’attrape le verre d’eau puis m’allonge de nouveau sur le dos. Je penche le verre puis laisse couler le liquide contre ma poitrine, mouillant mon soutien-gorge, laissant transparaître ce qu’il n’aurait encore pas vu, l’eau ruisselante le long de mon ventre, descend jusqu’à mon nombril, faisant frissonner ma peau.

Je ne lâche pas Aaron du regard alors qu’il passe nerveusement une main sur sa nuque puis dans ses cheveux. Il s’approche brusquement de moi, attrape le verre qu’il repose sur la table de chevet puis s’assoit au bord du lit.

Quand le coeur balance...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant