Chapitre 22 - Aaron

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Je ne peux m'empêcher d'être subjugué par ses magnifiques yeux noisette que je pourrais croquer, ses longs cheveux virevoltant au rythme du vent que je meurs d'envie de toucher, sa bouche exquise qui m'appelle à chaque parole qu'elle émet, ce pantalon qui esquisse divinement son corps.

Merde. Aaron. T’as bu combien de verres ? Tu deviens un putain de sensible. T'as oublié qui tu es ? Tu peux avoir n'importe quelle femme. Mais je la veux elle. Au moins pour une nuit. Ou même pour des milliers de nuits. Pour une infinité de nuits. Je suis dans une tempête inextricable.

J'ai la tête qui tourne et la musique frappe mon crâne. Non, t'es pas comme ça Aaron, tu ne sais pas aimer, tu ne peux pas aimer. Je devrais récupérer Lara, c'est moins dangereux. Neva me rend trop faible.

– Ça va mec ? La vue est fabuleuse sur ce balcon s'exclame Liam en me tendant un nouveau verre.

– Tu veux vraiment que je ne me lève pas demain.

J'observe Neva et Agathe discuter plus loin.

Est-ce que Neva lui a parlé de moi ?

Je manque de faire tomber mon énième verre quand un chat au poil blanc portant un nœud papillon en guise de collier me frôle la jambe.

Est-ce que j'ai déjà des hallucinations ?

– Joyeux anniversaire ! lui dis-je en portant un toast vers lui.

Liam ne peut retenir un fou rire.

– Ah oui, t'es vraiment bourré toi !

Les filles reviennent vers nous et Agathe passe ses bras autour du cou de Liam puis l'attire vers elle pour commencer une danse lascive. Neva attrape un plaid qu'elle passe autour de ses épaules puis s'assoit à coté de moi avec son verre à la main.

– Nous avons bu un verre ensemble, nous sommes quittes.

– J'aurais dû préciser plusieurs verres répondé-je en buvant une gorgée.

– Qu'est-ce que vous faites dans la vie, Aaron ?

Elle s'intéresse à moi...

– Je pense qu'après cette promiscuité dans l'ascenseur on peut se tutoyer Neva… En me regardant, qu'est-ce que je pourrais faire ?

Elle m'observe un instant.

– Arnaqueur professionnel.

Je ne peux m'empêcher de rire.

– Tu me brises le cœur, Neva, je ne pensais pas que je t'inspirais si peu confiance. Mais ce soir, je n’ai pas vraiment envie de parler travail.

Elle semble étonnée puis réplique :

– Très bien, c’était juste pour faire la conversation.

– Je constate que tu t'intéresses quand même à moi, dis-je en ne la lâchant pas du regard.

Neva détourne ses yeux et observe d'un air interrogateur Agathe et Liam collés l'un à l'autre.

– Est-ce qu'on doit vraiment regarder cette danse ?

Je souris.

– Non mais on pourrait aussi danser la nôtre.

Elle lève les yeux au ciel comme à son habitude et je lui tends ma main.

– Juste une danse et je ne te demanderai plus jamais rien.

Elle tourne sa tête vers moi.

– Non merci.

Je m'attendais totalement à cette réponse. Tempétueuse Neva.

– Qu'est-ce qui te fait peur ?

Elle semble pensive.

– Rien. Je ne vais jamais me coller à toi.

Je me lève en lui tendant la main une seconde fois.

– Je ne comptais pas te coller, Neva. Accorde-moi trois minutes et je te promets qu'après je te laisserai tranquille.

Elle soupire fortement et semble réfléchir.

– Lâche prise trois petites minutes Neva…

Elle souffle.

– Très bien... mais juste trois minutes. Ensuite tu me laisses tranquille dit-elle en se détachant de son plaid.

Elle se lève sans attraper ma main puis se tient debout devant moi sans savoir exactement quoi faire. Elle semble intimidée.

Je me penche faire elle et lui chuchote :

– Laisse-moi faire... avec ton consentement bien sûr.

Elle lève les yeux vers moi et nos regards sont imprégnés d'une attirance indéniable. Je frôle délicatement ses bras pour les poser autour de mon cou puis je pose mes mains sur ses hanches ce qui déclenche en moi un feu incontrôlable. Je ne l'attire pas trop près de moi car je respecte ses limites mais le simple fait de poser mes mains sur elle me fait perdre la raison.

Nous tournons au rythme d'une balade à travers la nuit noire étoilée comme si nous étions seuls au monde. Comme si je n'avais plus rien d'autre à penser. Comme si j'oubliais tout.

– Est-ce que tout va bien Neva ? demandé-je en brisant le silence peut-être plus d'une minute plus tard.

– Je te pensais meilleur danseur mais trois minutes ça passe vraiment vite.

Elle veut me blesser.

J'attrape soudainement sa main pour la faire tourner. Dans cet élan, les effluves de son parfum aux odeurs épicées et de vanille parviennent à mon nez et m'envoûtent de plus belle. J'appuie mes mains contre ses hanches l'attirant plus proche de moi, sentant sa poitrine contre mon torse et son cœur battre à l'unisson avec le mien. Nous restons quelques secondes ainsi, le regard fixé l'un sur l'autre, partageant le même souffle.

Puis Neva me repousse brusquement et je la lâche.

– On a dit trois minutes et je pense que c'est terminé.

Elle se détourne de moi et rentre dans l'appartement.

Je reste encore figé par cet instant.

C'était les trois meilleures minutes de ma soirée... de ces derniers mois... de ces dernières années...

Fichue ivresse qui me fait dire et penser n'importe quoi.

Quand le coeur balance...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant