Chapitre 50 - Laël

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Je travaille jour et nuit comme un acharné pour rendre justice à Dalia mais son agresseur semble être un fantôme. Il agit dans l'ombre et ne laisse aucune trace. Assis sur le canapé, je colle mon dos contre celui-ci et laisse tomber ma tête en arrière tout en fermant mes yeux. J'inspire profondément en passant une main sur mon visage. Je n'ai même pas pris le temps de me raser.

Je me relève et consulte l'heure sur l'ordinateur portable posé sur la table basse. 21H30. J'ai invité Neva à passer la soirée chez moi mais elle semble avoir du retard. On n'a pas eu le temps de se revoir depuis la nuit qu'on a passé ensemble. Son odeur sucrée et suave demeure imprimée contre ma peau et je sens encore la douceur de ses cheveux entre mes doigts. C'était tellement difficile d'être si proche d'elle et de ne pas l'embrasser...

Je n'ai pas vu le temps passer en consultant incessamment les éléments de l'enquête pour trouver l'erreur. L'erreur que ce connard aurait pu faire et qui nous permettrait de l'interpeller.

Je baille bruyamment puis m'étire en levant mes bras au-dessus de ma tête. Je me redresse enfin pour me rendre dans la cuisine. J'ai demandé à Neva de choisir ce qu'elle voulait manger et du coup j'ai commandé vietnamien. Des nouilles servies avec un émincé de poulet sauté avec sauce caramel.

L'odeur du caramel mélangée au gingembre chatouille mes narines et je sens des gargouillements naître au creux de mon estomac. Mais je n'arrive pas à déterminer si c'est parce que j'ai faim ou si je suis anxieux à l'idée d'accueillir Neva chez moi. J'ai passé la matinée à faire le ménage et à réfléchir à ce qu'on pourrait faire... J'ai vraiment envie qu'elle se sente à l'aise et dans tous les cas, c'est elle qui décide. Je pourrais lui proposer de regarder un film ou une série ?

J'inspire puis expire profondément lorsque le tintement aigu de la sonnette me sort de mes pensées. Je me dirige vers l'entrée puis vérifie une dernière fois mon reflet dans le miroir avant d'ouvrir la porte. Merde, ta barbe mal taillée et tes cernes... elle va prendre peur.

Mes battements cardiaques s'accélèrent et je pose ma main sur la poignée que j'actionne.

– Bonsoir Neva, entre, dis-je avec un grand sourire.

– Bonsoir Laël... répond-elle plutôt froidement.

Elle baisse les yeux en passant la porte d'entrée et affiche une mine boudeuse. Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?

Elle retire son manteau puis son écharpe que j'attrape pour les accrocher dans l'armoire à l'entrée. Neva enlève ensuite ses bottines à talons dans un soupir de soulagement.

Mes yeux ne peuvent s'empêcher de la détailler de haut en bas. Elle porte un chemisier blanc rentré dans un pantalon noir qui dessine parfaitement ses courbes. Ses cheveux légèrement ondulés par l'humidité extérieure tombent dans son dos et ses joues sont rosies par le froid. Je secoue la tête puis détourne mon regard pour ne pas la gêner.

– Bienvenue chez moi...

Elle esquisse un léger sourire puis me suit dans le couloir jusqu'au séjour. La pièce est plongée dans une lumière tamisée douce ce qui j'espère va permettre de détendre l'atmosphère. Je l'invite d'un geste de la main à prendre place sur le canapé.

– Excuse-moi pour le retard, j'avais un rendez-vous professionnel...

– Et ça s'est bien passé ?

Neva observe brièvement la pièce puis s'assoit sur le canapé avant d'éclaircir sa gorge.

– On va dire que c'était un leurre...

Je fronce les sourcils puis contourne le canapé pour m'assoir à ses côtés.

– C'est-à-dire ?

– Je devais rencontrer un certain Paul Hébert, l'avocat d'Archibald de la Valière mais c'était en réalité ton frère...

Quand le coeur balance...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant