Chapitre 65 - Laël

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Je n'ai pas mis longtemps à arriver, je crois que je n'ai jamais roulé aussi vite, même en intervention. J'étais à peine rentré chez moi lorsque j'ai enfin reçu l'appel de Neva et à vrai dire, je l'attendais avec impatience. J'ai presque pensé qu'elle avait changé d'avis et qu'elle ne voulait plus qu'on se voit. Mais sa voix tremblante à l'autre bout du fil, à peine perceptible et son souffle haletant ont tendu mon corps en entier. Putain, qu'est-ce qui s'est passé ?

C'est avec la gorge nouée et le pouls en tachycardie que je me gare en double file en allumant les warnings. Je claque la portière et cours à grandes enjambées jusqu'à la localisation que m'a envoyée Neva. La pluie coule en fines gouttes sur mon visage et commence à s'intensifier lorsque je l'aperçois enfin, assise sur un banc, la tête baissée.

- Neva... Qu'est-ce qui s'est passé ? demandé-je en me rapprochant d'elle.

Neva lève la tête, le souffle court, quelques mèches de cheveux collées à son front, la pluie traçant des sillons humides sur son doux visage. Elle bondit du banc, s'avance vers moi, accroche ses bras autour de mon cou, niche son visage contre mon pull et me serre contre elle. Son initiative me surprend mais me réchauffe le cœur. Mes bras entourent alors sa taille et presse encore un peu plus son corps contre le mien. Je sens les battements effrénés de son cœur qui semblent difficilement se calmer. Mes mains remontent vers son chignon à moitié défait, mes doigts caressant ses cheveux humides.

- Tout va bien Neva, je suis là... murmuré-je contre son oreille.

Nous restons quelques minutes dans cette étreinte jusqu'à ce que son corps ne tremble plus et que ses pulsations cardiaques s'apaisent. Puis Neva retire ses bras et je la lâche.

- Un homme m'a agressée... déclare t-elle en soupirant lourdement.

- Putain ! Tu as vu son visage ? Je vais me le faire...

- Non... il était camouflé mais il m'a suivie et il m'a attrapé le poignet...

Mon rythme cardiaque s'accélère et ma mâchoire se crispe. Je passe une main sur mon visage en expirant lourdement.

- Il t'as fait du mal ?

- Non... enfin, il n'a pas eu le temps de faire quoi que ce soit vu que je me suis défendue et qu'il a fini au sol.

Je savais que Neva ne se laissait pas faire mais je ne pensais pas à ce point.

- C'est ce connard d'Archibald qui a envoyé quelqu'un, j'en suis certain ! Putain !

- Il veut peut-être me faire peur Laël mais ça ne me fera pas lâcher mon objectif.

- Je vais te protéger Neva, jusqu'à la fin de ce procès, ce connard n'osera plus toucher à un seul de tes cheveux sinon il aura affaire à moi !

- Laël, je n'ai pas besoin d'un garde du corps... c'est juste que ça m'a remémoré des mauvais souvenirs et...

- C'est non négociable Neva... je n'ai pas envie qu'on te fasse du mal...

Neva s'accroche à mon regard tout en croisant ses bras contre elle. Elle frissonne légèrement.

- Viens, on y va...Je t'avoue que je me suis garé en double file un peu n'importe comment... dis-je en tendant ma main en direction de la rue où j'ai laissé ma voiture.

- Bravo lieutenant répond-elle avec un sourire mutin.

Nous nous dirigeons vers ma voiture qui bloque le passage, accueillis par de nombreux klaxons nous invitant à déguerpir au plus vite. Une fois installés dans l'habitacle, je récupère mon manteau laissé sur la banquette arrière et le tends à Neva qui l'attrape.

Quand le coeur balance...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant