Chapitre 41 - Aaron

33 7 64
                                    

Penché en arrière, assis sur mon siège en cuir avec les bras croisés, je scrute le visage d’Alaric qu’il tient entre ses mains, presque avachi sur mon bureau.

– T’es vraiment con, putain ! Pourquoi tu ne m’as rien dit ? demandé-je.

Alaric soupire lourdement avant de se remettre droit sur sa chaise.

– Parce que je suis con, t’as déjà la réponse dans ta phrase…

Je retiens un rictus avant de saisir ma tasse et de boire une gorgée de café.

– Tu sais quoi ? Rentre chez toi, enfin à l’hôtel et je vais réfléchir à ce qu’on peut faire, ok ?

Alaric se lève, la tête baissée et les épaules tombantes. C’est la première fois que je le vois ainsi.

– Aaron… merci.

– Et va prendre une douche parce qu’après presque vingt-quatre heures de garde à vue, ton odeur pourrait être considérée comme une arme chimique…

Il ouvre la bouche pour répliquer puis se ravise en souriant et quitte mon bureau.

Alaric m’a raconté son histoire et j’ai déjà entendu des choses sordides surtout dans mon métier mais là… l’être humain ne cessera de me surprendre. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller par amour… ou par haine ? 

Je me lève et attrape le paquet de cigarette qui est posé sur mon bureau. J’en porte une à ma bouche puis la saisis entre deux doigts et la jette au sol. Putain.

Je pense encore à mon comportement de connard et je regrette. Je regrette de lui avoir parlé comme ça. Je n’aurais pas dû…

Les mots de Laël lors du soir du nouvel an me reviennent et percutent brutalement mon esprit. « Elle a vécu assez de choses difficiles dans le passé et elle n'a pas besoin d'un connard comme toi dans sa vie… »

Je ne sais même pas ce que Neva a traversé dans sa vie et je la provoque comme un abruti. Mon frère a certainement raison, même si ça me fait mal de l’admettre, elle n’a pas besoin d’un connard comme moi. Je sais qu’elle mérite quelqu’un de mieux mais je n’arrive pas à la laisser. C’est inexplicable. Et pourtant, je la pousse littéralement vers mon frère et je l’éloigne volontairement de moi. Je ne sais pas pourquoi je m’auto-sabote comme un idiot. Je crois que j’ai toujours adoré ça, me faire détester plus qu’être aimé.

Ma main droite frôle la vitre glacé de mon bureau. Je m’amuse à observer le ciel hivernal. J’ai toujours adoré cette immensité, ce vide. Dans les nuages, il n’ y a plus rien qui compte, on est loin de tout, des autres, du temps qui passe, de tout ce qui nous ramène au quotidien. Je m’évade un instant lorsque mon portable vibre contre mon bureau et me sort de mon imaginaire. Je me tourne et l’attrape. Nouveau message de Liam.

Soirée entre mecs ce soir, 20h, tu viens ? Je t’envoie l’adresse.

Liam n’est jamais loin pour me ramener à la réalité et m’embarquer dans un bar où je pourrais me vider la tête. Je n’ai rien de prévu ce soir, surtout que depuis le nouvel an, on s’est éloigné avec Lara et aucun d’entre nous n’ose mettre des mots sur ce qu’il se passe actuellement. Enfin, c’est surtout moi le lâche. Je reste avec Lara alors que je rêve d’une autre. 

Ok mais je veux pas finir minable, j’ai des rendez-vous à honorer demain.

♡♡♡

Je pénètre dans le bar où je dois retrouver Liam et je le cherche du regard parmi la foule qui est tout de même dense pour un soir de semaine. Il m’a invité sur une péniche qui fait office de bar flottant. Je dois admettre que le cadre est plutôt chaleureux et que la musique latine qui en déchaîne plus d’un est plutôt agréable. Je l’aperçois enfin lorsqu’il me fait un signe de la main en affichant un grand sourire. Je m’avance vers sa table et constate avec agacement qu’il n’est pas venu seul. Le sourire amer que j’arbore doit laisser aucun doute sur mon humeur du moment. Je secoue la tête d’un air frustré puis prends place sur une chaise en bois en face de Liam et de son putain de cousin. Je le maudis à voix basse. Qu’est-ce qu’il fait encore là ? 

Quand le coeur balance...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant