Chapitre 54 - Neva

50 8 61
                                    

– Nev’ ! Je te dépose au commissariat et ensuite à l’association, ok ?

– C’est pas la peine, Noam, je me débrouillerai… soufflé-je.

– C’est non négociable.

Mon frère pose sa main dans mon dos et le tapote pour me rassurer. Je n’ai pas mis les pieds dehors du week-end et j’avais totalement oublié les dégâts sur ma voiture suite à la course poursuite de vendredi soir. Quand Noam est descendu au parking, il est remonté en furie à la vue des dégradations. Il insiste pour me déposer au commissariat et pour que je porte plainte afin que l’assurance prenne en charge les frais de réparation. Je n’ai pas du tout envie d’y aller mais je n’ai pas vraiment le choix… Noam trouverait ça étrange que je ne souhaite pas porter plainte alors que les réparations vont me coûter un bras. Je ne vais définitivement pas avouer que quelqu’un m’a suivie pour me foncer dessus. Je dois encore mentir. Depuis plusieurs jours, mes pensées se mélangent dans ma tête, je retourne le problème dans tous les sens et parfois je me perds à imaginer qu’Ethan serait revenu... Non, il sait très bien que s’il revient ce sera plus délétère pour lui, il risque encore des problèmes avec la justice et je ne pense pas que pour son intérêt ni pour sa future carrière de chirurgien, il ferait ça. Je prends une grande inspiration et tente de calmer mes pulsations cardiaques qui s’accélèrent. Je n’ai pas envie de croiser Laël. Je me sens honteuse depuis qu’il m’a prise pour une fille désespérée qui lui saute dessus pour oublier ses problèmes dans ses bras. Un nœud se forme dans ma gorge quand je pense à lui. Il me manque quand même.

Je ferme fortement mes yeux et fronce le nez pour chasser cette pensée. Lorsque je me présente au commissariat, un agent me reçoit pour prendre ma plainte. Ses yeux noirs me lancent étrangement quelques regards en coin et des sourires, comme si ce que je lui racontais était incroyablement drôle. C’est quoi son problème ?

Lorsque son regard se fixe sur ma blessure en fronçant les sourcils, je récite le mensonge que je connais maintenant par cœur. Je me suis cognée à mon bureau. D’ailleurs ce matin, en retirant le pansement, j’ai découvert une grande ecchymose bleue et noire assortie d’une bosse au dessus de mon sourcil gauche. Je comprends mieux pourquoi j’ai eu un mal de tête intermittent tout le week-end mais heureusement pour moi, aujourd’hui, je me sens mieux.

Je précise à l’agent que je suis pressée car j’ai l’impression qu’il prend son temps et mon souffle se coupe à l’idée de croiser Laël ici. Je n’ai pas envie qu’il me pose un million de questions. Je sors enfin du commissariat et me presse à rentrer dans la voiture de Noam. Après quelques minutes de route, mon frère dépose un baiser sur mon front avant de m’abandonner devant l’association.

– Si ton bureau décide encore de te maltraiter, tu m’appelles, Nev’ dit-il avec un clin d’œil.

– Très drôle répondé-je en levant les yeux au ciel.

♡♡♡

Assise à mon bureau, les yeux rivés sur l’écran d’ordinateur, mes doigts tapotent les premiers axes de ma plaidoirie. J’ai encore quelques questions à poser à Dalia concernant Archibald et il faut absolument que je l’appelle aujourd’hui. Le grincement de la porte de mon bureau me fait sursauter sur mon siège.

– Surprise ! Je t’ai apporté le petit dej’ ! s’exclame Agathe en s’avançant vers moi avec un sourire radieux.

L’arôme du café et des viennoiseries fraîches emplit la pièce. Elle s’arrête dans son élan, fronce les sourcils et pose d’un geste vif les boissons et le sachet qu’elle tient entre ses mains sur mon bureau lorsqu’elle remarque ma blessure au front.

Quand le coeur balance...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant