Quand le coeur balance...

Chapitre 51 - Neva

Si on m'avait dit, il y a quelques mois que j'aurais accepté un rendez-vous avec un homme, de surcroît, chez lui, j'aurais rigolé à gorge déployée. Impossible. Et pourtant, d'un pas décidé, je longe le couloir jusqu'à l'appartement de Laël. Lorsque je m'arrête devant sa porte, mes mains sont moites et mon rythme cardiaque s'accélère. L'appréhension ou l'excitation me donne des sueurs froides. Je sors mon portable de mon sac à main pour relire le message qu'Agathe m'a envoyé quelques minutes plus tôt.

Nev' tu mérites que les mains délicates de Laël te touchent. Ça te fera oublier les mains poisseuses de ton ex !

Je pince mes lèvres pour ne pas rire. Qu'est-ce que je ferais sans elle ?

Je ne veux pas forcément que Laël me touche... Enfin si, j'ai tellement envie qu'il me touche, qu'il me prenne dans ses bras, qu'il m'embrasse... Je ne peux pas nier qu'il m'attire. Physiquement mais pas que. Il a une belle âme. Et c'est aussi pour cette raison que je ne veux pas le faire souffrir. La mienne a été détruite, noircie par mes blessures passées et je me bats pour la récupérer intacte. Mais c'est un combat qui se joue contre moi-même. Et je ne veux pas lui infliger mes tourments et mes doutes.

Ma gorge se noue lorsque je me remémore l'épisode du restaurant et j'ai encore du mal à réaliser qu'Aaron m'a contactée sous un faux nom. Mon portable vibre entre mes mains me sortant de mes pensées. Nouveau message de Paul Hébert. Enfin, Aaron...

Tu aurais passé une meilleure soirée à mes côtés... À bientôt au tribunal, Maitre Durane.

Je le déteste...

Je ne répondrai pas à son message, il peut aller se faire voir. J'inspire profondément avant de sonner. Mon cœur palpite à l'idée d'être de nouveau seule avec Laël. C'est vrai que dormir dans ses bras m'avait vraiment réconfortée et je ne suis pas contre l'idée de réessayer. Mais cette histoire de procès et le manque de preuves solides me trottent dans la tête... j'ai vraiment du mal à penser à autre chose. Je sais déjà ce que me dirait mon frère « je veux que tu lâches prise Nev' » Tout le monde me dit ça mais combien arrive à le faire. Comment lâcher prise alors que mes pensées s'accrochent volontairement à tout ce qui me hante.

Laël ne tarde pas à ouvrir la porte et apparaît devant moi avec un grand sourire. Mon souffle se coupe lorsque mes yeux se posent sur lui... sa barbe négligée lui donne un côté plutôt sauvage et... sexy.

Mon regard descend sur sa silhouette, il porte un simple pull noir qui ne cache en rien sa musculature et un jean. Garde la tête froide, Neva.

Je baisse les yeux lorsque que Laël m'invite à entrer. J'essaye de garder un visage impassible et de rendre invisible ma nervosité.

J'avance vers le séjour, son appartement est plutôt bien rangé... je suis définitivement plus désordonnée que lui. La lumière est tamisée ce qui rend notre proximité encore plus intime et je prends place sur le canapé bleu nuit qui fait face à la baie vitrée. Je crois avoir assez donné avec les baies vitrées...

D'ailleurs, je n'arrive pas à comprendre pourquoi Aaron défend cet Archibald de la Valière... Je sais pertinemment qu'il a déjà représenté des personnes peu recommandables mais de là à défendre un homme violent... Quelqu'un qui s'en prend à la compagne de son ami... ça n'a aucun sens... Il se perd totalement...

Les effluves du parfum fruité de Laël m'apaisent lorsque je me rapproche de lui pour analyser les photos sur l'écran d'ordinateur. Peut-être que je me trompe mais j'ai l'impression que ça le perturbe... sa mâchoire semble tendue et ses doigts frôlant le clavier paraissent hésitants.