Chapitre 40 - Laël

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Je ne souhaitais pas atteindre un point de non-retour avec Aaron mais entre son comportement problématique avec Neva et le fait qu’il ait fait sortir Stein de garde à vue, je ne peux plus me le voir, définitivement. Ça me fait quelque chose que Neva le connaisse depuis la soirée d’Agathe, j’ai ressenti un pincement au cœur comme si j’allais la perdre avant même d’avoir connu une once de relation avec elle. La peur de la perdre, je crois bien que c’est ça. Mais aussi la peur qu’Aaron la manipule et qu’elle se tourne vers lui. Neva est bien plus intelligente que ça, elle ne se fera jamais retourner le cerveau par lui. Je ne sais pas ce qu’elle devait faire avant d’aller voir Dalia, ça semblait important. J’arrive donc à l’hôpital, déterminé à avoir le fin mot de cette histoire et à faire tout mon possible pour que Dalia se décide enfin à porter plainte. J’ai promis à Neva de l’attendre et c’est ce que je fais, assis sur une chaise dans le couloir, la tête en arrière contre le mur froid à fixer le plafond. Je lui ai écris et j’attends encore sa réponse. J’espère qu’elle ne pense pas encore qu’il y a un quelconque pari avec Aaron ? Parfois, j’ai l’impression que la vie nous fait juste une mauvaise blague, on ne peut pas s’intéresser à la même femme ? Et pourtant… je n'aurais jamais imaginé ça, les filles que côtoie habituellement Aaron n’ont jamais été mon genre, à croire qu’il a changé…

Mon portable vibre dans ma main et je le consulte immédiatement. Neva.

Je suis en route, j’arrive.

Un soupir de soulagement s’échappe de mes lèvres. Je repense souvent à la nuit chez Neva et je me demande si elle aussi car depuis on agit l’un comme l’autre comme s’il ne s’était rien passé alors qu’on allait s’embrasser avant que son frère n’arrive.

Je me remémore son regard empreint de désir, mes doigts caressant la douceur de sa peau, les siens faisant palpiter mon cœur, mes lèvres frôlant les siennes…

Merde. Je ne suis pas fou quand même, il y avait quelque chose ? Mais je ne sais pas quoi faire, je ne veux pas la brusquer et je voudrais qu’elle me dise elle-même ce qu’elle veut vraiment.

Les portes de l’ascenseur s’ouvre enfin sur elle. Elle s’avance vers moi avec ses joues légèrement rosies par le froid et son magnifique sourire.

– Tu n’y es pas allé sans moi j’espère ?

Je ne peux m’empêcher de sourire.

– Non, comme promis Neva, je t’ai attendu.

Je me lève et Neva toque puis ouvre la porte. Dalia est allongée dans le lit, recouverte d’un drap blanc, elle tourne la tête vers nous et son regard fatigué semble tout de même s’illuminer lorsqu’elle nous voit. Elle porte encore sur son visage les stigmates de nombreux coups. Dalia demeure muette mais tend fébrilement sa main vers Neva. Cette dernière l’attrape tendrement.

– C’est terminé Dalia, vous n’êtes plus seule.

Des larmes coulent le long des joues de Dalia et je dois me retenir pour ne pas faire de même et garder la face car cette scène me touche beaucoup. J’admire tellement Neva pour sa force de caractère, sa résilience et son combat. C’est une femme forte et elle aide les autres à s’élever.
Dalia lâche sa main puis essuie les larmes coulant sur son visage avant de briser le silence.

– Je sais que vous m’avez sauvée et je voulais vous remercier…

– C’est normal Dalia mais pour être honnête, je n’aurais pas fait grand-chose sans le lieutenant Orsini… il vous a aussi sauvée et c’est une personne en qui vous pouvez avoir confiance, affirme Neva en me jetant un regard.

Cette remarque me fait chaud au cœur. Je m’avance vers le lit de Dalia et ajoute quelques mots.

– J’imagine que c’est difficile de nous raconter ce qu’il s’est passé et c’est normal car c’est encore récent et douloureux. Mais avez-vous tout de même quelques souvenirs de cette nuit-là ?

Quand le coeur balance...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant