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Je descendis les marches de l'escalier, prêt à partir pour les cours, mais une domestique m'appela, me disant que ma mère insistait pour que je prenne le petit-déjeuner. Un soupir las s'échappa de mes lèvres. Je n'avais pas le temps ni l'envie de m'attarder, mais je savais que refuser ne ferait qu'aggraver la situation. Je me dirigeai donc vers la salle à manger, où mes parents étaient déjà à table.

Le manoir familial, où je vivais encore malgré mes envies d'indépendance, était un endroit imposant. Chaque pièce exsudait un luxe silencieux, une richesse héritée de générations, mais qui pesait sur moi comme une prison dorée. Le sol en marbre reflétait les chandeliers en cristal qui illuminaient la salle à manger, créant une atmosphère à la fois froide et grandiose. Les murs étaient ornés de tableaux d'artistes renommés, témoins silencieux de l'histoire de notre famille.

Je les saluai rapidement, puis pris place à la table, espérant éviter toute discussion sérieuse. Mais c'était peine perdue.

— Jimin, fit la voix grave de mon père, me tirant de mes pensées.

Je roulai des yeux, déjà agacé. Je savais où cette conversation allait mener, et je n'avais aucune envie de m'y plonger.

— Papa, s'il te plaît, la fin de l'année approche et les examens me stressent. Je n'ai pas envie de parler de relation.

— Tu as raison, mon chéri, intervint ma mère, sa voix douce cherchant à apaiser la tension. Mais réfléchis au moins. Jihyun est un bon garçon.

Je me levai brusquement de table, sentant la colère monter en moi. La nourriture devant moi, pourtant délicieusement préparée, me paraissait soudain écœurante.

— Que tu le veuilles ou non, tu te fianceras à Jihyun après ton diplôme. Nos familles sont déjà d'accord, déclara mon père, son ton impitoyable et définitif.

Je serrai les poings, essayant de contenir mon ressentiment. Comment pouvait-il penser à m'imposer une telle décision, comme si ma vie ne m'appartenait pas ? Sans un mot de plus, je tournai les talons et sortis de la pièce.

À l'extérieur, Jiho, notre chauffeur de longue date, se tenait près de la voiture. Dès qu'il me vit, il s'inclina respectueusement avant de m'ouvrir la portière. Son regard, habituellement neutre, semblait aujourd'hui teinté d'une légère inquiétude, mais il ne dit rien. Je le remerciai d'un hochement de tête et m'engouffrai dans le véhicule, cherchant à échapper au poids oppressant de la maison.

Je regardais le paysage défiler sous mes yeux, les rues familières de Séoul paraissant étrangement distantes ce matin-là. Pourquoi mon père ne pouvait-il pas comprendre ? Pourquoi s'obstinait-il à me lier à Jihyun alors que mon cœur était encore déchiré par ma séparation avec Jungkook ?

Soudain, Jiho accéléra brusquement, me tirant de mes pensées sombres. Je me redressai vivement.

— Jiho... ?

— Monsieur, depuis un moment, j'ai remarqué que nous étions suivis. J'ai d'abord pensé à une coïncidence, mais maintenant, je suis sûr que quelqu'un nous suit.

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Une vague de panique me submergea, et je me retournai pour jeter un coup d'œil derrière nous. Mais le véhicule qui nous suivait venait de disparaître dans le trafic.

— Il est parti, m'informa Jiho d'une voix calme, mais déterminée. Nous devrions en parler à votre père, si vous me le permettez.

— Non, répondis-je, la voix tremblante. Je... je m'en charge.

Jiho hocha la tête sans insister, mais je pouvais sentir son scepticisme. Malgré tout, il me laissa seul avec mes pensées tandis que nous arrivions enfin devant mon établissement. Tae m'attendait, et dès qu'il me vit, il se précipita vers moi, son sourire enfantin éclairant son visage. Je ne pus m'empêcher de sourire en retour, même si l'inquiétude continuait de me ronger de l'intérieur.

Le dernier cours de la journée fut annulé à cause d'un problème de santé de notre professeur. Tae en profita pour me proposer d'aller manger dans un restaurant proche de l'université, et j'acceptai, espérant que cela me changerait les idées.

Nous prîmes place dans un petit restaurant cozy, un de nos endroits préférés pour échapper à la pression des études. L'ambiance chaleureuse, avec ses murs en briques apparentes et ses lumières tamisées, contrastait agréablement avec l'atmosphère lourde de la journée. Mais même là, je ne pouvais pas échapper à mes soucis.

— Bon, il se passe quoi, Chim ? demanda Tae, posant son verre de soda, son regard perçant de curiosité.

Je soupirai, jouant nerveusement avec la paille de mon verre avant de finalement lâcher ce qui me tourmentait.

— Tae, ce matin, Jiho m'a dit que nous étions suivis.

Il se redressa immédiatement, son visage se durcissant d'inquiétude.

— J'ai vraiment peur, continuai-je, ma voix à peine un murmure. Je devrais peut-être alerter la police.

— Ils sont là pour te protéger... ce sont... il se couvrit la bouche, les yeux écarquillés, réalisant qu'il en avait trop dit.

Je fronçai les sourcils, le fixant intensément. Mon cœur s'accéléra.

— Ils ? Tu... tu sais quelque chose, Tae ? demandai-je, ma voix prenant un ton plus accusateur.

Tae balbutia des mots incompréhensibles, sa nervosité évidente. Je croisai les bras, le regardant sévèrement.

— Tu ne m'as jamais menti, alors ne commence pas maintenant.

— Je suis désolé, Chim... Jungkook m'a fait promettre de ne rien te dire, finit-il par avouer, son regard fuyant.

— Me dire quoi ? m'énervai-je, sentant la colère monter en moi.

Il avala difficilement sa salive, visiblement mal à l'aise.

— Ce... ce sont les hommes de Jungkook. Il les a envoyés pour te protéger.

— Quoi ? m'exclamai-je, la colère prenant le dessus. Mais il se prend pour qui, après avoir mis fin à notre relation ? Il croit encore avoir des droits sur moi ?

Je me levai brusquement, ma chaise raclant le sol, attirant les regards de quelques clients.

— Je t'en prie, Chim, ne te fâche pas... Il s'inquiète pour toi, tenta Tae, désespéré.

Mais je ne l'écoutais plus. Je sortis précipitamment du restaurant, mes pensées en ébullition. Comment osait-il encore intervenir dans ma vie après m'avoir brisé le cœur ? La colère bouillonnait en moi alors que j'appelais un taxi, ignorant les appels incessants de Tae. Une seule pensée m'obsédait : confronter Jungkook.

Le taxi me déposa devant le bar de Jungkook, un établissement chic et sophistiqué où l'élite de Séoul venait se divertir. L'enseigne lumineuse contrastait avec l'obscurité naissante de la soirée, et une foule élégante se pressait à l'entrée. Mais je n'étais pas là pour faire la fête. En pénétrant à l'intérieur, je fus immédiatement enveloppé par l'atmosphère feutrée du lieu, la musique douce et le murmure des conversations. Les murs étaient recouverts de bois sombre, et des lumières tamisées éclairaient subtilement les tables et les sièges en cuir.

Namjoon, le bras droit de Jungkook, sortait à ce moment-là. Dès qu'il me vit, il s'approcha, son visage amical se teintant d'inquiétude.

— Jimin, comment tu vas ?

— Salut, Namjoon. Où se trouve Jungkook ? demandai-je, sans préambule, mon ton sec trahissant ma frustration.

Il me regarda, perplexe, mais finit par me désigner le carré VIP, une zone plus privée du bar, séparée par des rideaux lourds et sombres. C'était là que j'avais jadis dansé pour Jungkook, un souvenir que je tentai de chasser de mon esprit. Je secouai la tête, refusant de me laisser distraire par le passé.

Je le trouvai assis dans un grand fauteuil en cuir, une attitude nonchalante, tandis qu'une fille dansait sensuellement devant lui. La vue de cette scène fit monter ma colère d'un cran. Comment osait-il profiter ainsi alors que ma vie était en lambeaux ?

Dès qu'il me vit, il se leva, son expression changeant instantanément. Ses yeux se plongèrent dans les miens, cherchant à deviner la raison de ma présence. Mais je n'étais pas là pour jouer à ce jeu.

— Jimin... commença-t-il, d'une voix posée.

— Qui crois-tu être pour envoyer des hommes me surveiller ? l'interrompis-je

Bad boy (Jikook)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant