28

164 22 2
                                    

Je touchai ma joue qui brûlait encore sous l'impact de la gifle de Jimin. Elle devait être rouge écarlate. Mon cœur battait la chamade, mais pas à cause de la douleur physique. C'était la rage, le désespoir, et la culpabilité qui me consumaient. Le goût amer de l'échec me tordait les entrailles.

— Putain ! criai-je en balançant mon verre à travers la pièce. Le cristal éclata contre le mur, répandant des éclats partout, mais je n'en avais rien à foutre.

Le bruit du verre brisé résonnait dans le VIP de notre club, une pièce luxueuse, faiblement éclairée par des néons rouges tamisés. Le cuir des banquettes noires brillait sous les spots, et l'air sentait l'alcool fort et la fumée. Les murs étaient ornés de photos de mes plus grands "succès", des trophées de ma vie de chef de gang. Mais en cet instant, tout cela me semblait vide, sans signification.

Je fis signe à quelques hommes de sortir, leur ordonnant silencieusement de suivre Jimin. Ils comprirent immédiatement et disparurent, laissant une trace de fumée derrière eux. Alors que je m'affaissai dans le canapé en cuir, mon téléphone vibra dans ma poche. Le nom de Tae s'afficha sur l'écran. Je soupirai, puis décrochai d'une voix rauque.

— Il est parti, lui dis-je avant qu'il ne pose la question. J'ai envoyé les gars pour le suivre. Je t'envoie sa localisation, ajoutai-je avant de raccrocher sans attendre sa réponse.

C'est alors que Namjoon fit irruption dans la pièce. Son expression était aussi dure que de la pierre, son regard me transperçant comme une lame.

— Tu es en train de tout gâcher, lâcha-t-il froidement en croisant les bras.

Je levai les yeux vers lui, ma colère montant en flèche. Ma mâchoire se serra tandis que je sentais la chaleur grimper dans mes veines.

— Tu crois que je ne le sais pas ?! criai-je, les yeux brûlants de rage. Mais...

— Mais rien, Jungkook, rétorqua-t-il en élevant la voix à son tour. Tu peux très bien le protéger sans tout gâcher, sans détruire ce qui vous reste. Tu n'es pas obligé de l'éloigner !

Son regard perçant me défiait, et je savais qu'il avait raison, mais je ne pouvais l'admettre. Pas maintenant. Pas après ce qui s'était passé.

— Et tu penses que je devrais juste le laisser là, à découvert, pour que tous les gangs rivaux sachent qu'il existe ?! crachai-je amèrement. Séoul est un nid de vipères. Ils seraient prêts à tout pour m'atteindre par lui.

Namjoon avança de quelques pas, son visage à quelques centimètres du mien.

— Tu es le plus grand chef de gang de Séoul, Jungkook, murmura-t-il en me fixant intensément. Séoul t'appartient, bordel ! Les autres tremblent rien qu'à l'idée de ton nom.

Je baissai les yeux, mes poings se serrant si fort que mes jointures blanchirent.

— Et ça n'a pas empêché Kang de le kidnapper... et de le tabasser presque à mort, dis-je, la voix tremblante, les images de Jimin ensanglanté me hantant.

Je fermai les yeux douloureusement, sentant ma gorge se nouer. Namjoon marqua une pause, sa voix se fit plus douce, presque compatissante.

— Kang sait qu'il est un homme mort depuis ce jour, ajouta-t-il. Mais tu éloignes Jimin parce que tu n'arrives pas à te pardonner ce qu'il lui est arrivé. Ce n'est pas de ta faute, Jungkook. Tu ne pouvais pas savoir...

Je détournai le regard, le poids de ses paroles m'écrasant un peu plus. Namjoon me connaissait mieux que quiconque, et c'était exactement ce qui me mettait hors de moi. Sa capacité à lire en moi, à comprendre mes faiblesses, était à la fois réconfortante et insupportable.

— Ça suffit, cette discussion, dis-je en me levant brusquement, ne voulant pas continuer.

— Je parle en tant que ton meilleur ami, Jungkook, pas en tant que conseiller. Ne gâche pas tout, Jimin est éperdument amoureux de toi. Ne laisse pas un autre te le prendre, ajouta-t-il, sa voix empreinte de sincérité.

Sa remarque fut la goutte d'eau. Je le repoussai violemment avant de sortir du carré VIP, claquant la porte derrière moi. Je dévalai les escaliers et m'enfermai dans mon bureau privé au sous-sol, un espace sombre et exigu, avec pour seul éclairage une vieille lampe de bureau. Le mobilier simple contrastait avec le luxe du club : un bureau en bois massif, une chaise en cuir usée, et des étagères croulant sous des dossiers.

J'ouvris le premier tiroir et sortis une bouteille de whisky que je dévissai rapidement. Je bus une longue gorgée, sentant l'alcool brûler ma gorge, mais la sensation ne suffisait pas à étouffer la douleur qui grondait en moi. Je pris une autre gorgée, et encore une, essayant désespérément de noyer mon chagrin dans cette bouteille.

Mais rien ne fonctionnait.

Je ne le mérite pas. Jimin mérite tellement mieux. Quelqu'un qui peut le rendre heureux, qui ne le mettra pas en danger à chaque instant.

Peut-être ce type que j'avais frappé au bar... Oui, il semblait tout avoir pour combler Jimin. Il semblait... normal. Sans les bagages que je traîne. Mais même en pensant à cela, je sentis une vague de rage m'envahir à l'idée que Jimin puisse être avec quelqu'un d'autre. Que quelqu'un d'autre puisse le toucher, l'embrasser, lui faire sentir ce qu'il mérite.

Je balançai la bouteille contre le mur, le verre explosant en mille morceaux, le liquide doré se répandant sur le sol de béton. Mes pensées étaient un tourbillon infernal, et je n'arrivais pas à échapper à la vérité. Je l'aimais. Je l'aimais tellement que cela me dévorait de l'intérieur.

Je me laissai tomber dans la chaise, les coudes sur les genoux, les mains sur mon visage. La culpabilité me rongeait, et je ne savais plus quoi faire. Comment le protéger sans le perdre ? Comment le garder sans le blesser davantage ?

Le bruit de la porte s'ouvrant me fit sursauter. Namjoon entra lentement, les bras croisés, me regardant avec cette même expression calme et résolue. Il ne dit rien, mais sa présence en disait long.

— Je t'ai déjà dit... commence-t-il.

— Je ne veux pas en parler, répondis-je froidement, ma voix tremblante sous l'effet de l'alcool et de la douleur.

Namjoon se contenta de hocher la tête et quitta la pièce, me laissant à mon désarroi. La nuit promettait d'être longue.

Bad boy (Jikook)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant