Ma Douce Ombre (Tomes 1 et 2)

Chapitre 32

Logan

Le souvenir de son regard ne me quitte pas. Cette étincelle de surprise mêlée à quelque chose de plus profond, de plus tendre... J'ai senti mon cœur se serrer, comme si les mots que je venais de prononcer avaient soudain ouvert une porte que je m'étais obstinément refusé de franchir. "C'est pour ça que tu m'aimes." Un lapsus, peut-être, mais je savais que c'était plus que ça. La vérité m'a frappé comme un coup de poing, c'est moi qui l'aime. Je l'ai réalisé quand j'ai failli la perdre, encore. Ce jour où cette balle a été tirée sur elle...

Elle est partout, elle est tout. C'est comme si chaque recoin de mon esprit, chaque battement de mon cœur était habité par elle. Je la vois quand je ferme les yeux, quand je respire. Son rire me hante, sa voix douce mais ferme résonne dans ma tête à chaque instant. J'essaie de me concentrer sur autre chose, mais c'est impossible. Elle est ancrée en moi, gravée dans mes veines, dans mes pensées, comme un tatouage que je n'aurais jamais voulu enlever.

Chaque détail d'elle, de ses yeux qui pétillent d'intelligence, de son visage qui s'anime de mille émotions, de ce nez légèrement retroussé quand elle s'énerve, de son corps qui semble appeler le mien à chaque mouvement, tout cela me hante jour et nuit. Elle est à la fois douceur et feu, tendresse et force.

J'inspire profondément et passe ma main sur ma nuque, essayant de me débarrasser de cette tension qui me ronge.

Je me dirige vers le salon, chaque pas résonne sur le sol en bois comme une promesse silencieuse. En arrivant, je les aperçois tous les trois assis sur le canapé : Ava, Jenny, et John.

Jenny semble préoccupée, comme souvent quand il s'agit de nous, mais John, lui, affiche un sourire discret. Je le connais bien, ce sourire. Il sait que je suis foutu, que je suis complètement sous le charme d'Ava, même si je n'ai jamais voulu l'admettre.

Ava se tourne vers moi en entendant mes pas, et son regard accroche le mien immédiatement. Je me rapproche d'elle, tentant de garder mon calme.

– Comment tu te sens, Logan ? demande John en haussant un sourcil, son ton est à la fois sérieux et amusé.

– J'ai connu pire.

Je me laisse tomber sur le canapé, grognant encore à cause de la douleur.

Ava me lance un rapide coup d'œil pour s'assurer que je suis bien installé, puis elle se tourne vers John avec un sourire en coin.

– Tu veux rester manger avec nous ?

John, qui ne rate jamais une occasion de bien manger, hausse les sourcils et répond avec enthousiasme :

– Oh, avec plaisir, Ava.

Elle éclate de rire, amusée par l'enthousiasme de John, et se dirige vers la cuisine. Je la regarde s'éloigner, ses mouvements fluides et gracieux malgré la tension que je sens encore entre nous. Sa seule présence suffit à apaiser cette douleur qui me tiraille, comme si elle possédait un pouvoir guérisseur que je ne comprends pas tout à fait.

Je sens un sourire naître sur mes lèvres, et je m'enfonce un peu plus dans le canapé, essayant de cacher le fait que je suis en train d'admirer chacun de ses gestes. John me donne un coup de coude avec un air espiègle.

– Alors, Logan, tu vas enfin me dire ce qui se passe vraiment entre vous deux ?

Je lève les yeux au ciel, mais un sourire en coin trahit ma fausse irritation.

– Rien que tu ne puisses comprendre, John.

Il éclate de rire et secoue la tête.

Pendant ce temps, Ava s'affaire dans la cuisine, ouvrant des tiroirs, sortant des ingrédients, ses mains expertes travaillant rapidement. Je l'observe, mes pensées errent. Ses cheveux tombent en cascade sur ses épaules tandis qu'elle remue la sauce dans une casserole. Le doux parfum des gnocchis qui mijotent commence à envahir la pièce, me rappelant combien elle sait rendre chaque moment spécial, même le plus banal.