L'ombre des projecteurs

Chapitre 14

Lors de la tournée, les journées étaient longues et les nuits courtes, une succession d'heures éreintantes passées entre concerts, séances photos, interviews, et déplacements incessants. Pourtant, Helena et Pierre semblaient évoluer dans une bulle qui les isolait. Ils n'étaient pas officiellement un couple, mais ils agissaient comme tel, et cela n'échappait à personne parmi leurs camarades de la tournée.

Leurs moments d'intimité se faisaient rares, mais c'était peut-être ce qui les rendait d'autant plus intenses. Un simple regard échangé ou un frôlement de main, ils savouraient chaque seconde volée, chaque sourire, chaque blague lancée à voix basse. Les autres pouvaient les voir chuchoter, se toucher subtilement, échanger des sourires complices, mais personne n'osait poser de questions.

Pendant les séances photos en prestige avec les fans, Pierre et Helena se retrouvaient presque toujours côte à côte. Helena riait aux blagues de Pierre et lors des pauses, elle se blottissait contre lui, presque instinctivement, recherchant cette chaleur et cette proximité qui lui faisaient tant de bien. De son côté, Pierre avait toujours un geste tendre envers elle : une main posée sur sa taille, un regard attendri qui semblait tout dire de ce qu'il ressentait.

Au fond, tout le monde savait que cette relation, bien que non officielle, devenait de plus en plus réelle. Parfois, Pierre se penchait vers elle, chuchotant des mots à son oreille, et elle éclatait de rire, attirant les regards des fans.

« Tu sais que t'es carrément photogénique, non ? » plaisanta un jour Pierre, ajustant une mèche de cheveux rebelle d'Helena, un sourire espiègle aux lèvres.

Helena rit doucement. Elle adorait ce genre de compliments, même si elle ne les prenait jamais au sérieux. « Oh, arrête ! Toi, par contre, tu fais tomber toutes les filles avec ton vieux sourire là, Pierre Garnier séducteur. »

Pierre fit mine de rougir, posant une main sur son cœur comme s'il avait été touché au plus profond. « Honnêtement, c'est plus facile de sourire quand t'es à côté de moi. »

Helena le poussa légèrement du coude, les joues légèrement rosies. « T'en as pas marre avec tes disquettes ? » répliqua-t-elle avec amusement.

Pierre la regarda avec une intensité qui, pendant un instant, fit battre son cœur plus vite. Ce jeu de séduction était devenu naturel entre eux, presque une seconde nature.

Plus tard, lors des balances pour les concerts, l'ambiance n'était jamais vraiment trop sérieuse. Même s'ils répétaient tous de manière à ce que tout soit parfait pour le show du soir, il y avait toujours une certaine légèreté, des sourires échangés et des taquineries. Pierre, concentré sur sa musique, ne pouvait s'empêcher de chercher Helena des yeux. Quand leurs regards se croisaient, il lui adressait un sourire, et soit elle lui répondait discrètement, soit elle faisait mine de l'ignorer, juste pour le taquiner.

Après les balances et les photos, Pierre se faufila discrètement dans l'une des loges, là où Helena l'attendait déjà. Lorsqu'il entra, elle leva les yeux vers lui, un sourire tendre aux lèvres. Pierre ne perdit pas de temps. Il se pencha vers elle et déposa un baiser furtif sur ses lèvres, rapide, presque volé. Helena fut surprise, mais elle répondit par un sourire complice avant de jeter un coup d'œil autour d'eux. Voyant qu'ils étaient seuls, elle se pencha à son tour pour l'embrasser, un baiser tout aussi furtif, teinté de cette excitation propre aux amoureux qui doivent se cacher.

C'était leur rituel. Ces moments volés étaient précieux, et ils s'en nourrissaient. Que ce soit dans le bus, au fumoir, à l'extérieur ou encore dans les loges, ils trouvaient toujours une occasion pour s'éclipser, pour échanger un baiser ou un peu plus. Ils semblaient se complaire dans ce jeu de flirt et de déni, préférant l'ambiguïté à la clarté.