Chapitre 33

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Helena sortit enfin de la cuisine, traînant sa valise qu'elle plaça dans le petit salon. Elle se lança à la recherche de visages familiers dans les pièces de la villa. Personne. Elle profita de cette solitude pour explorer un peu et se dirigea vers l'extérieur, son sac banane à la main. La vue l'enchanta immédiatement : une grande piscine, une terrasse magnifique donnant sur l'océan... un cadre qui lui décrocha presque un sourire. Elle traversa la terrasse jusqu'au petit portillon qui menait directement à la plage, enleva ses baskets et s'avança vers l'eau. Le bruit des vagues l'apaisait. Assise sur le sable, elle sortit une cigarette roulée, l'alluma, et tira doucement dessus, laissant la fumée toxique lui procurer un étrange sentiment de réconfort.

Elle ne savait toujours pas si elle devait rester ou partir, troublée autant par les paroles de Maxime que par la présence inattendue d'Ilona au Portugal. Fixant les vagues, elle cherchait des réponses aux questions qui l'assaillaient. Mais une voix derrière elle la sortit de ses pensées : c'était Pierre.

« Je peux... ? »

Elle tourna la tête vers lui. Il était là, les mains dans les poches, visiblement incertain, mais son regard la dévorait, impatient de la rejoindre si elle l'y autorisait.

« Oui » finit-elle par dire en reportant son regard sur l'océan, tirant à nouveau sur sa cigarette. Pierre s'assit lentement à côté d'elle, sortant lui aussi une cigarette.

Ils restèrent ainsi une bonne dizaine de minutes, si ce n'est plus, silencieux, les yeux rivés sur l'horizon, écoutant le bruit des vagues. Pierre la regardait de temps en temps. Il la trouvait belle et elle lui avait manqué, mais son silence l'agaçait.

« Tu comptes rester plantée là longtemps ? » finit-elle par dire.

Surpris, Pierre arqua un sourcil. « Je comprends pas... »

Helena tourna la tête vers lui, fronçant les sourcils. « Quoi ? »

« Pourquoi tu me parles pas ? » répondit-il en inspirant profondément. « Je sais pas quoi te dire de plus pour te convaincre... j'ai rien fait, Hele, je te jure, y a rien entre elle et moi. Pourquoi tu me crois pas ? »

Elle semblait si troublée, perdue dans ses pensées, et lui essayait en vain de comprendre ce qu'elle ressentait.

« Franchement, j'ai rien à dire, Pierre » répliqua-t-elle.

« Sérieux, Helena, on en est encore là ? J'croyais que c'était moi, le champion de la mauvaise communication. Et là tu daignes même pas m'adresser un mot, dis moi au moins ce que tu me reproches ? »

Elle secoua la tête, un léger sourire au coin des lèvres, avant de soupirer.

« C'est juste... j'arrive ici sans prévenir, parce que Maxime m'a dit que je te manquais... et je te trouve en train de l'embrasser. Avoue que c'est chelou. »

« Mais Helena, ça me saoule ! Je t'ai dit que c'était elle, j'l'ai repoussée direct ! J'savais même pas qu'elle était là. »

Il la fixa, espérant qu'elle comprenne enfin. « Arrête d'être aussi têtue, t'es vraiment bornée quand tu t'y mets. »

Elle inspira, hésitante. « J'ai envie de te croire, Pierre, vraiment, mais... je ne sais pas... Y'a cette voix dans ma tête qui me hurle que... »

Elle s'interrompit.

« Que quoi ? » demanda Pierre en se penchant un peu plus vers elle, prêt à écouter chaque mot.

« Que j'sais pas... que c'est peut être pas que de la comédie avec elle, entre vous, que... c'était ta première vraie meuf, après tout, et peut-être qu'elle te manque, non ? »

L'ombre des projecteursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant