Chapitre 9

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Cela faisait déjà deux jours que Pierre avait envoyé ce fameux message à Helena. Deux jours entiers d'attente, de doute, et de silence de sa part. Chaque notification, chaque vibration de son téléphone le faisait sursauter, mais toujours rien de la part d'Helena. L'incertitude le rongeait : d'un côté, il espérait qu'elle réponde favorablement à sa demande, qu'elle soit prête à reprendre contact, à raviver cette connexion si particulière qu'ils avaient partagée. D'autant plus qu'ils s'étaient échangés de petits messages pour prendre des nouvelles l'un de l'autre. Des messages, certes, simples mais remplis de bienveillances et d'attaches. Mais de l'autre, il ne pouvait s'empêcher de ressasser leur dernier échange, cet au revoir silencieux où ils avaient compris, sans vraiment se le dire, que leur relation était bien plus complexe qu'ils ne l'avaient imaginé. Une relation dont l'avenir semblait incertain, comme un chemin brouillé par les récents événements, menant peut-être à une impasse.

Alors que Pierre vérifiait une énième fois son téléphone, cherchant désespérément un signe de vie d'Helena, son regard se détourna soudainement vers une nouvelle notification iMessage. Mais à sa grande surprise, ce n'était pas Helena. Le message provenait d'Ilona, son ex-petite amie : « Salut Pierre, j'espère que tu vas bien ? J'ai écouté ta chanson dernièrement et j'ai beaucoup hésité avant de t'écrire. Je crois qu'il m'aura fallu du temps pour comprendre... ou peut-être une chanson finalement. Je suis désolée pour la souffrance que j'ai pu te causer et j'espère sincèrement que tu ne m'en veux plus aujourd'hui. Sincèrement, Ilona. »

Pierre haussa les sourcils, incrédule face au message. Ilona... Ilona, celle qui avait compté plus que toutes les autres. Leur relation avait été l'une des plus marquantes de sa vie, une histoire où il avait mis tout son cœur. Il l'avait présentée à sa famille, à ses amis les plus proches. Elle avait été au centre de son univers, jusqu'au jour où elle l'avait quitté sans prévenir, le laissant dévasté et sans réponse sur les véritables raisons de son départ. Ce chagrin, sa deuxième grande déception amoureuse, avait été le point de rupture pour Pierre. Après Ilona, il avait renoncé aux relations sérieuses, enchaînant les aventures sans lendemain, trouvant une sorte de confort dans ce mode de vie sans attache, sans complications – et cela lui suffisait... du moins, jusqu'à Helena.

Helena était différente. Elle était la troisième femme pour qui il avait écrit une chanson.

La première, Pas une larme, marquait son indifférence à l'égard de son premier amour, une manière de tourner la page sans regret.

La deuxième, Ceux qu'on était, était une ode douloureuse à Ilona, celle qui l'avait lâchement abandonné, le laissant seul avec ses interrogations.

La troisième, Tout en mieux, célébrait l'amitié rare et précieuse qu'il avait partagée avec Helena, une amitié si fragile qu'elle s'était évanouie au moment où les sentiments avaient commencé à émerger.

Pierre n'était pas un homme qui savait s'ouvrir facilement, qui trouvait les mots justes dans le feu de l'instant. Mais sur le papier, lorsqu'il laissait sa plume danser sur des accords de guitare, tout devenait plus simple, plus clair. C'était sa manière à lui d'exprimer ses tourments les plus profonds, de coucher sur le papier les émotions qu'il n'osait dire tout haut.

Il lui fallut plusieurs heures pour répondre à Ilona. Pendant ce temps, il tentait de se rappeler l'homme qu'il était avant Helena, cet homme qui se satisfaisait d'une vie de plaisir sans attaches. Finalement, sans réfléchir davantage, il retourna dans sa conversation avec Helena et, d'un geste résolu, supprima son dernier message. Puis, se tournant vers la conversation lancée par Ilona, il commença à taper sa réponse, prêt à replonger dans le passé, ou peut-être à tourner définitivement la page.

Pierre : Yo Ilona. Ton message m'a un peu pris de court. Je pensais pas trop avoir de tes nouvelles, surtout après tout ce temps. Mais bon, c'est cool que tu prennes la peine de le faire.

L'ombre des projecteursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant