L'ombre des projecteurs

Chapitre 18

Au petit matin de cette nuit enivrante, où leurs corps et leurs âmes s'étaient enfin unis, Pierre le savait : quelque chose avait changé. La nuit dernière n'était pas simplement une nouvelle étape, mais un tournant décisif dans sa relation avec Helena. Jamais auparavant il n'avait ressenti une telle connexion, une telle attraction pour quelqu'un. Elle n'était plus seulement son amie la plus proche, mais désormais aussi son amante.

Helena était encore blottie nue contre lui. Pour ne pas la réveiller, il se glissa délicatement hors du lit et la recouvrit de draps afin qu'elle ne prenne pas froid. Il se leva discrètement, enfila son caleçon, puis attrapa les vêtements qu'il avait laissés traîner la veille : son t-shirt, son jean et son sweat vert Obey. Tout en s'habillant, il veilla à faire le moins de bruit possible, conscient de la douceur du moment qu'ils venaient de partager. Helena dormait encore profondément, sa respiration douce et régulière flottant dans l'air calme de la pièce. Alors que Pierre s'apprêtait à quitter la chambre pour prendre l'air pendant cinq minutes avant le réveil d'Helena, il entendit des petits gémissements de douleur. C'était Helena, qui commençait à cauchemarder. Inquiet, il se retourna immédiatement et s'approcha d'elle, cherchant à la réconforter. Il s'agenouilla à côté du lit et murmura doucement son nom, espérant la ramener à la réalité. Helena, plongée dans son sommeil, ne l'entendit pas. Ses murmures se transformèrent peu à peu en mots de détresse, et elle commença à parler de plus en plus fort : "Ne pars pas, reste, pourquoi tu m'abandonnes ?". Helena tremblait, étant en sueur, elle semblait fébrile et fiévreuse.

Pierre décida alors de secouer plus brusquement Helena pour la réveiller et la rassurer. "Tout va bien, Helena, je suis là," lui dit-il en lui caressant doucement les cheveux humides.

Helena se réveilla en sursaut, encore troublée par le cauchemar qui venait de la hanter. "Pierre, c'est toi ?" murmura-t-elle, sa voix tremblante et son esprit engourdi par le sommeil.

Elle le regarda, ses yeux fatigués cherchant à se fixer sur lui, tandis qu'il la serrait dans ses bras, déterminé à chasser les derniers vestiges de l'angoisse qui l'avait troublée. "Je ne pars pas je te le promets" ajouta-t-il, sa voix pleine de douceur et de chaleur.

"J'ai rêvé de mon frère, il m'abandonnait encore une fois" avoua-t-elle, des larmes commençant à perler aux coins de ses yeux. La douleur de sa perte était toujours aussi vive, comme une plaie jamais guérie.

Pierre la serra un peu plus fort, conscient de l'ampleur de son chagrin. "Je sais combien il te manque" murmura-t-il, sa voix douce résonnant dans l'obscurité. Il se remémora la première fois où il avait entendu Helena chanter au château, interprétant Si t'étais là de Louane. La mélodie et les paroles avaient résonné en lui, touchant une corde sensible. À l'époque, il n'avait pas su la réconforter, laissant les autres académiciens s'en charger à sa place. Mais maintenant, c'était son tour d'avoir les mots pour elle.

"Tu es brûlante, Helena, je crois que tu as de la fièvre." dit Pierre, se détachant légèrement pour mieux la regarder.

"C'est le cauchemar qui m'a mise dans cet état" répondit-elle, un soupir de fatigue s'échappant de ses lèvres.

"Viens, on va prendre une douche, tu es en âge" proposa-t-il avec un sourire réconfortant. Il savait que parfois, les gestes simples pouvaient apporter un peu de soulagement et de clarté.

Helena acquiesça, reconnaissant que cela pourrait l'aider à se sentir mieux. Ils se dirigèrent ensemble vers la salle de bain de la chambre d'hôtel, la main de Pierre entrelaçant la sienne dans un geste protecteur.

Sous le jet d'eau chaude, la vapeur s'élevait autour d'eux, créant une atmosphère intimiste et enveloppante. Leurs rires résonnaient à peine au-dessus du bruit de l'eau. Pierre, avec ses quelques mots réconfortants et sa simple présence, avait réussi à dissiper les maux de tête qui accompagnaient la fièvre d'Helena.