Chapitre 2 {Morsure}

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Ana


- Notre salle de classe se situe au deuxième étage. M'indique la voix rauque de Damien, juste derrière moi.

D'un signe bref de la tête, j'emprunte la direction de l'escalier le plus proche dans lequel s'engouffre déjà une vingtaine d'autres élèves. Cet attroupement soudain dans un espace aussi clos m'intime l'odre de fuir aussi loin que possible, mais je ne parviens pas à trouver une excuse suffisamment valable aux yeux de ma mère pour lui expliquer les raisons de mon absence pour cette première journée. 

En effet, seul un agoraphobe ou encore un claustrophobe devrait réagir à cette situation étouffante. Rien ne peut expliquer mon malaise grandissant, car excepté une peur effroyable de l'obscurité, les espaces confinés ou une foule dense ne m'ont jamais troublé à ce point. 

Une fois la première marche de l'escalier franchie, l'impression pénible qu'une chose en moi vient de se briser me submerge en quelques secondes. Ce malaise ne tarde pas à envahir l'ensemble de mon être, provoquant dès lors une réaction en chaîne avec des sueurs froides et une violente fièvre. Des symptômes assez similaires à un état grippal, et l'idée de tomber malade aussi soudainement, qui plus est au lycée, me terrorise. 

Car depuis aussi loin que je puisse me souvienne, je ne me suis jamais plainte d'une quelconque douleur, tout comme Thomas si l'on fait abstraction de ses crises épileptiques occasionnelles.   Et je suis presque certaine que ce n'est pas de notre mère dont nous avons hérité des anti-corps aussi robustes, la pauvre attrape un rhume tous les quatre matins en hiver, et des problèmes intestinaux conséquents le reste du temps. 

- Mais alors pourquoi aujourd'hui bordel ? Je marmonne à voix base, alors que mes pensées se bousculent violemment dans mon esprit en proie à la panique. Mes mains moites cherchent désespérément une prise à laquelle se raccrocher, pour m'aider à gravir les dernières marches.

Ne souhaitant pas attirer l'attention de quelqu'un, je m'obstine à ne pas solliciter l'aide de Damien, juste derrière moi. Pourtant ma vision se trouble au point de ne plus parvenir à distinguer les éléments au-delà d'un mètre devant moi. Seul le vacarme assourdissant des élèves présents dans l'escalier m'aide à rester concentrer sur le fait de poser un pied vacillant, l'un devant l'autre. 

Ma respiration est erratique. Je suis forcée d'haleter bruyamment pour éviter la suffocation. Mon coeur continue de tambouriner violemment contre ma poitrine, jusqu'à lentement me faire perdre le fil de mes pensées. 

Désormais privée d'oxygène, la rambarde de l'escalier m'échappe. C'est ainsi que la gravité reprend ses droits, et fait se précipiter mon corps dans une chute fatale... Qui pourtant ne vient pas...?

- Ana, tu vas bien ? Une voix lointaine raisonne dans ma tête, sans doute celle de Damien. Il semble si loin.

Au bord de l'inconscience, je crois l'entendre jurer en grinçant des dents à plusieurs reprises. Pourquoi se préoccupe-t-il autant de moi, après tout on ne se connaît pas. 

- Ce n'est pas le moment de rejeter son aide. Enfin une remarque sensée venant de ma conscience, me rappelant que la situation ne me permet clairement pas de faire la difficile. 

Après de longues minutes, j'ouvre de nouveau les yeux. Ils s'étaient instinctivement fermés pour appréhender la chute. Finalement, je finis par remarquer deux puissants bras musclés, enlacer ma taille.

Son torse brûlant réchauffe mon dos. L'odeur citronnée  qui émane du garçon apaise mes nerfs. Une chance qu'il est pu m'empêcher de faire le grand, sous les regards horrifiés des professeurs et des élèves impuissants.   

Sang-Mêlé Ω  Le Destin d'Ana ΩOù les histoires vivent. Découvrez maintenant